Depuis le sommet européen de Lisbonne en mars 2000, les initiatives se multiplient pour améliorer l’accès des plus pauvres et des moins diplômés aux technologiesde l’information et de la communication (TIC). La ministre wallonne de l’emploi lance un Plan mobilisateur TIC pour « doter l’ensemble des demandeurs d’emploi des nouvelles compétences de base »en la matière. Les ministres Daems et Onkelinx veulent distribuer 100.000 PCs aux personnes les plus défavorisées. Et la Commission européenne met en place pourl' »e-learning » un consortium avec 15 multinationales des TIC. Point commun de ces trois initiatives : chacune à leur échelle, elles misent sur le partenariat public-privé.
1. eDay : 100.000 ordinateurs pour les familles défavorisées
Les ministres Daems et Onkelinx sont en train de plancher sur une initiative de grande envergure : « eDay ». Il s’agira de distribuer d’ici la fin de l’année 100.000 ordinateurs « aux famillesles plus défavorisées » du pays. Les PCs seront équipés de logiciels de base et de connexions Internet.
D’après le réseau ReseNet, quatre publics cibles ont été identifiés comme prioritaires, pour bénéficier de ce matériel :
> les minimexés,
> les familles nombreuses avec des revenus modestes,
> les chômeurs inscrits dans un parcours d’insertion,
> et les indépendants qui participent au plan Rosetta+.
ReseNet précise aussi qu’une contribution financière modeste sera demandée aux familles. Mais même avec cet apport, on ne sait pas sur qui reposera le financement del’opération. Même si elle est prioritaire au niveau du suivi de Lisbonne pour la Belgique, on voit mal le gouvernement fédéral supporter seul le budget del’opération. Les Régions seront-elles impliquées : « Actuellement, elles ne sont pas concernées » nous précise Yves Stevens, porte-parole du ministre Daems. Ilapparaît dès lors évident qu’un partenariat avec des entreprises privées est en train d’être mis en place. Mais avec qui? Chez les deux ministres, ladiscrétion est de mise.
Il nous reste donc surtout des questions ouvertes. Comment seront choisis les ménages en question? Comment seront-ils formés? Qu’est-ce qui sera mis en place, si nécessaire, pourles accompagner ou pour leur permettre de financer les coûts encourus par l’utilisation d’un ordinateur (en particulier le téléphone)? Quelles seront les caractéristiquesdu matériel et des logiciels en question? S’agit-il ici du fameux « Fonds pour les nouvelles technologies » annoncé à la rentrée 2001? De nouveau, les deux ministresattendent que tous les détails de l’opération soient bouclés pour communiquer, en septembre en principe. Tout au plus nous dit-on que des consultants indépendants ontété choisis le 22 mai pour imaginer les modalités de l’opération « pour atteindre au mieux les objectifs ».
2. PMTIC : formation rapide pour 100.000 chômeurs wallons
D’ici fin 2004, le gouvernement wallon veut permettre à 100.000 demandeurs d’emploi d’acquérir une formation de base aux TIC. C’est le « Plan mobilisateur TIC ». Pour ce faire, laministre Arena a lancé le 23 mai un premier appel à projets aux opérateurs susceptibles d’offrir, dès septembre, les formations en question à au moins 33.000personnes.
La Région wallonne financera, pour les projets retenus, 7,5 euros par heure de formation et par personne. Les opérateurs de formation visés – qui doivent déposerleur candidature pour le 10 juin! – doivent être des services non marchands ou des services publics « de proximité ».3
Les publics visés :
> les demandeurs d’emploi de moins de 25 ans titulaires d’un diplôme de l’enseignement primaire ou secondaire technique ou professionnel,
> les demandeurs d’emploi de 40 ans ou plus,
> les minimexés.
Ces catégories de bénéficiaires pourraient être élargies ultérieurement.
Trois types de modules de formation, gratuits, seront retenus :
> sensibilisation, 8 heures : fonctionnement de base du PC et premières opérations sur Internet. D’après Resenet encore, cette formation donnera accès aux PCsdistribués dans le cadre de l’opération eDay.
> utilisation des outils, 16 heures : traitement de texte et utilisation approfondie d’internet.
> pratique courante, 24 heures : traitement de texte, tableur, exploitation d’internet, en rapport avec l’utilisation qui en est requise dans un cadre professionnel.
Les formations font l’objet d’une attestation, et le dispositif sera coordonné par le service Labset de l’Université de Liège (Laboratoire de soutien à l’enseignementtélématique) : approbation des contenus de formation, échange de bonnes pratiques, harmonisation des modalités d’évaluation, etc. Pour miser sur laproximité, les projets retenus seront répartis uniformément sur le territoire régional, et un numéro vert sera mis en place pour l’orientation et l’inscription descandidats. Le projet insiste sur la mise en œuvre de pédagogies actives, individualisées, et appropriées aux publics concernés.
Budget total du PMTIC : 9 millions d’euros.
3. Un consortium européen « e-learning »
Le 25 avril dernier, dans le cadre de la promotion de la mise en œuvre de l’apprentissage en ligne en Europe, la commissaire européenne chargée de l’Éducation et de laCulture, Viviane Reding, a inauguré le lancement du consortium e-Learning.4
Il a été créé à l’initiative de 15 entreprises dans le secteur de la communication et de l’informatique.5 Issu du sommet européen e-Learning del’année dernière, il vise à « aider l’Europe à devenir la société de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde et àtravailler avec la Commission européenne, les gouvernements nationaux et les universités sur des projets novateurs visant à promouvoir le déploiement de l’apprentissage enligne en Europe », conformément aux objectifs du sommet de Lisbonne du printemps 2000.
Dans son communiqué de presse, la commissaire explique sa démarche : « Je pense que le consortium e-learning jouera un rôle important dans l’établissement des conditionspropres à accélérer l’intégration de l’apprentissage en ligne dans les écoles, dans les universités et sur le lieu de travail. Les partenariats entre lesecteur public et le secteur privé peuvent jouer un rôle clé dans le développement et la mise en œuvre de solutions performantes d’apprentissage en ligne ».
Ce groupe vise également à offrir son soutien aux gouvernements des États membres qui ont inscrit récemment l’apprentissage en ligne parmi les priorités du futurprogramme eEurope 2005.
Le groupe d’entreprises « fournira des conseils à la Commission européenne et aux gouvernements nationaux dans des domaines tels que les infrastructures essentielles des technologies del’information et des télécommunications, les normes ouvertes destinées à faciliter l’échange des contenus d’apprentissage en ligne, le développement d’unmarché durable pour les contenus d’apprentissage en ligne, et le perfectionnemen
t des compétences personnelles et professionnelles en jeu ».
Le consortium apportera également sa contribution à l’élaboration d’indicateurs, à l’évaluation comparative et à l’action des pouvoirs publics enmatière d’apprentissage en ligne et d’éducation et de formation tout au long de la vie dans les pays européens. Il devrait aussi fournir à la Commission « desréférences ainsi que des modèles de projets et de solutions d’apprentissage en ligne à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe ». Ce groupetravaillera en étroite collaboration avec les institutions publiques telles que les gouvernements, les écoles et les établissements de formation afin de mettre en œuvrequatre initiatives clés :
> Offrir une connexion universelle pour tous et partout en supprimant les barrières qui empêchent les personnes de tous âges et de toutes les catégories sociales d’avoiraccès aux environnements interactifs d’apprentissage en ligne.
> Encourager l’adoption et la participation au développement de normes ouvertes pour l’apprentissage en ligne, afin que les normes ouvertes internationales, combinées àl’innovation technologique et à la libre concurrence, fournissent des solutions favorisant une large participation à l’apprentissage en ligne.
> Créer les conditions de pérennité d’un marché commercial pour les contenus de l’apprentissage en ligne et leur développement afin que les établissementsd’enseignement et de formation puissent faire l’acquisition de contenus numériques, et les utiliser comme des éléments essentiels à la transmission d’un apprentissage enligne.
> Accroître les investissements dans la formation continue des enseignants et des formateurs en améliorant leur statut et en les aidant à développer unecompréhension des principes de l’apprentissage en ligne en veillant à ce que soit reconnu et valorisé le rôle capital, dans le développement de lasociété de l’information et d’une économie de la connaissance, joué par les éducateurs dans tous les domaines de la vie ».
1 Cab. Onkelinx : rue du Commerce 78-80 à 1040 Bruxelles, tél. : 02 233 51 11, fax : 02 230 10 67. Cab. Daems : av. de la Toison d’Or 87 à 1060 Bruxelles, tél. : 02 250 0303, fax : 02 219 09 14.
2 ReseNet, rue Froissart 85 à 1040 Bruxelles, tél. : 02 231 16 87, e-mail : fkemajou@esnet.be; site Web : http://www.esnet.be
3 Tous les renseignements nécessaires, ainsi que les formulaires de candidatures, sont disponibles sur le site Web http://www.ulg.ac.be/labset/pmtic
4 Site Web : http://europa.eu.int/comm/dgs/education_culture/ index_fr.htm
5 Les 15 membres fondateurs du consortium sont : 3Com, Accenture, Apple, BT, Cisco, Digitalbrain, IBM, Intel, Line Communications, NIIT, Nokia, Online Courseware, Factory, Sanoma WSOY, SunMicrosystems et Vivendi Universal Publishing.
Archives
"Europe, Belgique, Wallonie : trois partenariats public-privé de grande envergure pour élargir l'accès"
Thomas Lemaigre
27-05-2002
Alter Échos n° 121
Thomas Lemaigre
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