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Justice

Europe : la gestion participative fait parler d'elle

Le projet « RE : Dialogues » tente de promouvoir la gestion participative auprès des syndicats européens.

Le projet « RE : Dialogues » regroupe plusieurs structures d’économie sociale. Il tente de promouvoir la gestion participative en entreprise auprès des syndicats européens.

Voilà quelque temps que l’Union européenne et le secteur de l’économie sociale se sont lancés dans un rapprochement qui dépasse le stade des préliminaires. Après la communication de la Commission européenne mettant l’accent sur les entreprises sociales en octobre 2011, une conférence sur l’entrepreneuriat social et l’économie sociale a eu lieu à Strasbourg les 16 et 17 janvier dernier. En marge de ces grandes manœuvres, d’autres événements confirment ce flirt naissant. Le Groupe Terre (voir encadré) a ainsi rassemblé plusieurs acteurs européens de l’économie sociale pour constituer un groupe, et un projet. Son nom : « RE : Dialogues ». Objectif : promouvoir la gestion participative de l’entreprise auprès des organisations syndicales européennes. Tout en n’oubliant pas la Commission européenne, le Parlement européen ou encore le Conseil économique et social européen. Un forum a été organisé le 20 février dernier au Parlement européen, à Bruxelles. Il a permis au groupe de présenter ses recommandations.

Créer les conditions d’une reconnaissance

Financé pour un an par la DG Emploi, Affaires sociales et Inclusion, le projet a réellement débuté en janvier 2013. Il a été émaillé de six rencontres de deux jours entre les membres du projet, dans cinq pays différents. Des pays où les structures d’économie sociale fonctionnant en gestion participative rencontrent parfois des difficultés avec les syndicats. « Nous ne sommes pas en opposition avec les syndicats, nous poursuivons les mêmes objectifs, explique prudemment Salvatore Vetro, en charge du lobbying pour Groupe Terre. Mais nous constatons souvent une méconnaissance, dans le cadre du dialogue social, de ce qu’est l’économie sociale ou la gestion participative. Quand ce n’est pas du dédain. » Une situation qui pose parfois problème. « En Belgique, il existe certaines coopératives où les syndicats se sont invités et ont fini par demander ‘Qui va représenter les patrons, et qui va représenter les travailleurs ?’ Alors que les décisions étaient prises de manière collégiale au niveau de l’assemblée générale… », déplore notre interlocuteur.

À la suite des rencontres, des recommandations ont été rédigées. Parmi elles, on trouve une invitation à « un dialogue permanent avec les organisations de défense des travailleurs (…) ». But de l’opération, notamment, inciter les organisations syndicales qui ont construit leur fonctionnement sur la logique de divergence d’intérêt, à adopter une approche différente des entreprises d’économie sociale en gestion participative. Autres recommandations : la représentation systématique, en tant qu’acteurs, des entreprises d’économie sociale en gestion participative dans les instances de concertation organisées, aux côtés des représentants des employeurs et des travailleurs. Ou encore la mise en place, au niveau du dialogue social, de cadres légaux permettant la gestion participative en démocratie directe dans l’entreprise. « La Commission et le Parlement européen pourraient reconnaître la gestion participative comme un exemple innovant de participation des travailleurs à la gestion de leur entreprise, explique Salvatore Vetro. Si nous voulons améliorer la reconnaissance de la gestion participative, il faut créer les conditions pour que cela arrive. » Salvatore Vetro espère pouvoir réitérer l’expérience au niveau européen. Et il annonce la création d’un groupe belge basé sur le même principe.

« Groupe Terre »

Le Groupe Terre rassemble des entreprises actives dans la récupération, l’industrie et la solidarité internationale. Parmi elles, quatre sociétés anonymes à finalité sociale, une ONG et une initiative de recyclage et de valorisation de textiles.

RE : Dialogues

Outre le Groupe Terre, le projet « RE : Dialogues » regroupe :

  • Social Firms UK (Grande-Bretagne);
  • Le relais (France);
  • Federacion Castellano-Leonasa de empresas de insercion Fundacion Lesmes (Espagne);
  • Consorzio sociale Abele Lavoro (Italie);
  • Beschäftigungsbetriebe steiermark (Autriche);
  • Ateliere fara frontiere (Roumanie).

 

 

En savoir plus

Alter Échos n° 331 du 04.02.2012 : Le début d’une belle histoire entre l’UE et les entreprises sociales ?

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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