Le 26 mai, tous les électeurs d’Europe seront appelés aux urnes. Les Belges, tout accaparés par les élections fédérales et régionales, éliront sans enthousiasme leurs 21 eurodéputés. Mais au moins ils voteront. Grâce au vote obligatoire, la Belgique est le pays d’Europe qui compte le plus haut taux de participation aux élections européennes avec 89,64% contre une moyenne de 42,61%. Les élections européennes ne passionnent pas les foules, ni même les partis politiques. Dommage.
Dommage, parce que les députés européens ne sont pas des hommes de paille. Leur pouvoir de décision est aussi fort que celui des États, comme le montre le portrait de Claude Rolin, qu’Alter Échos vous présente dans ce dossier consacré aux enjeux sociaux d’une Europe en plein bouleversement existentiel.
Et qu’au-delà des grands enjeux médiatisés – migrants, crise de la dette grecque, Brexit –, l’Union européenne prend des décisions dans des domaines très variés, dont des enjeux sociaux et, surtout, environnementaux. Ces décisions sont le fruit de compromis complexes et fragiles, parfois illisibles et qui sont l’objet d’un lobbying intense, y compris de la part du monde associatif, des ONG.
Cette Europe sociale, dont Philippe Pochet, directeur de l’Institut syndical européen, nous décrit l’histoire, a bien du mal à s’imposer à l’agenda européen. La crise financière et les années d’austérité sont passées par là. Le dialogue social, longtemps bloqué à l’échelle européenne, cherche un second souffle.
Mais tout n’est pas perdu. De nouveaux partis politiques – comme Diem 25, créé par Yanis Varoufakis – tentent d’imaginer une autre Europe. Plus prosaïquement, l’Europe sociale se fraye un chemin dans les discours des dirigeants de tous bords. Loin des horizons inquiétants que promeuvent les nationalistes, l’injection d’une bonne dose de social dans les veines de l’Europe pourrait être le remède d’une union malade. Le remède qui recréerait du lien entre les citoyens et ces institutions qui paraissent si lointaines. Une chimère? Peut-être. Mais l’Europe, dont on aime tellement se plaindre, c’est aussi le reflet, même partiel, de ses citoyens.