L’évaluation du décret «organisations de jeunesse» est terminée. Elle sera présentée au secteur à partir de septembre par l’Observatoire de la jeunesse, de l’enfance et de l’aide à la jeunesse (OEJAJ). Cette évaluation fut l’occasion d’évoquer des enjeux de fond et des transferts de fonds.
Le décret «Organisations de jeunesse» est plus facile à évaluer que celui des centres de jeunes. Le texte est plus récent: il date du 29 mars 2009 et colle donc mieux à la réalité de terrain. Il avait été coécrit par le secteur, à l’initiative du ministre de la Jeunesse, Marc Tarabella (PS). Son élaboration fut alors accompagnée d’un refinancement des organisations de jeunesse (OJ). De quoi faire plaisir au secteur. Cela dit, l’évaluation du texte, tous les cinq ans, est une obligation décrétale. L’Observatoire de la jeunesse, de l’enfance et de l’aide à la jeunesse (OEJAJ) s’y est donc attelé, selon les mêmes méthodes «participatives» que pour les centres de jeunes.
L’occasion et le larron
L’intitulé du décret sur les organisations de jeunesse est clair. On y parle de subventions et de conditions d’agrément. Donc d’argent. Fallait-il évaluer de près les besoins financiers des OJ? Telle n’était pas la mission première de l’OEJAJ. «Nous n’avons pas vraiment fait d’analyse de l’emploi et des budgets, explique Anne-Marie Dieu, directrice de l’OEJAJ. Nous sommes très prudents sur ce terrain-là même si le secteur a été interrogé sur ce qu’il vit et ressent.»
«Le défi est souvent de toucher différents publics, de les faire se rencontrer.», Anne-Marie Dieu, directrice de l’OEJAJ
Les cent organisations de jeunesse ont bénéficié de refinancements importants sous l’ère de la ministre Simonis (PS). Quelque 1,8 million d’euros ont par exemple été débloqués en 2017 permettant aux associations de rattraper leur retard de financement.
Malgré cette embellie sur le front financier, certaines organisations de jeunesse – fidèles au dicton «l’occasion fait le larron» – souhaitent porter des revendications de type budgétaire à partir de cette évaluation et réclament un «développement du secteur». Deux exemples: selon elles, des postes d’experts en décentralisation pourraient être créés pour offrir un surcroît d’activité dans des zones peu densément peuplées. L’enveloppe budgétaire consacrée aux formations et aux infrastructures devrait être consolidée.
Diversifier les publics
Ce sont surtout des enjeux qualitatifs qui ont été abordés lors de cette évaluation. La notion «d’activité» a été abordée. Chaque organisation de jeunesse doit son existence au fait de proposer des activités aux jeunes. «C’est une notion qui est floue, regrette Yamina Ghoul, secrétaire générale de la Confédération des organisations de jeunesse indépendantes et pluralistes (COJ). Cela peut poser problème face à l’interprétation d’un inspecteur.» Un flou que certaines OJ préfèrent entretenir car il s’accompagne d’une grande liberté alors que d’autres regrettent qu’il nuise à la reconnaissance d’un travail de qualité.
La «diversification» des publics qui fréquentent les OJ est un sujet que le secteur manipule avec précaution. Il fait donc bien partie des thèmes que l’on trouvera dans l’évaluation. «Les OJ ont très vite peur de stigmatiser des publics et n’identifient pas toujours cet enjeu comme une difficulté, détaille Anne-Marie Dieu. Les associations du secteur sont diverses et s’adressent parfois à un public ciblé, ajoute-t-elle. Le défi est souvent de toucher différents publics, de les faire se rencontrer.»
Lors des nombreuses rencontres de «focus groups» qui ont émaillé l’évaluation du décret, les participants ont abordé avec insistance la nécessaire simplification administrative du secteur ou l’importance de mieux couvrir le territoire. Autant de thèmes qui pourraient aboutir à des modifications (marginales) du décret.
En savoir plus
Alter Échos n° 435-436, «À quoi sert (encore) le Conseil de la jeunesse?», Cédric Vallet, 30 décembre 2016