Le ministre de la Justice, Stefaan De Clerck (CD&V), et les ministres bruxelloises Evelyne Huytebroeck (Ecolo) et Brigitte Grouwels (CD&V) ont passé une matinée à laprison de Forest. Rassurez-vous nos trois ministres n’ont commis aucun délit. Ils venaient simplement présenter une nouvelle brochure destinée à mieux faireconnaître les services bruxellois d’aide aux détenus.
« Je ne connaissais personne à Bruxelles et je n’avais aucune solution d’hébergement en vue, témoigne un ancien détenu qui aujourd’hui a refait sa vie.L’assistante sociale m’a proposé un logement de transit. J’ai eu un petit « chez moi » pour redémarrer et ça, c’est une chose très importante. J’ai également pu m’ydomicilier, ce qui a grandement facilité toutes les démarches administratives. (…) Cette dame a toujours été disponible pour m’écouter, cela vous redonne lemoral. En réalité, elle m’a mis sur un plateau tous les ingrédients dont j’avais besoin pour un nouveau départ et c’était à moi de savoir lesutiliser. »
A Bruxelles, huit services d’aide sociale aux justiciables œuvrent au quotidien pour donner aux détenus toutes les chances d’une réinsertion réussie. La brochure Laprison, s’en sortir a pour objectif de mieux faire connaître ces services auprès des détenus et de leurs proches. « Les services d’aide aux détenusmènent un travail de longue haleine : accompagnement psycho-social, accompagnement au niveau de la toxicomanie, formation pour les analphabètes, apprentissage des langues, soutien aumaintien des liens familiaux… Sans oublier un aspect fondamental : une réflexion et un travail par rapport à l’acte commis et à la victime », résume EvelyneHuytebroeck, ministre bruxelloise de l’Aide aux détenus1.
Au-delà de cette publication, la question de l’information fait l’objet d’une réflexion plus générale. Une brochure, c’est bien beau. Mais comment toucher le publicanalphabète, ceux qui ne maîtrisent aucune langue nationale ? L’idée de tourner des spots de télévision a été évoquée.
L’objectif est aussi de travailler sur l’image que véhiculent les prisons auprès du grand public. « Plus la population aura une image négative et une attitude derejet par rapport aux détenus, plus difficile sera leur réintégration », rappelle Evelyne Huytebroeck.
Surpopulation et travail social
Les services d’aide aux détenus doivent souvent opérer dans des conditions difficiles. L’Observatoire international des prisons2 a dénoncé ledélabrement des prisons bruxelloises à plusieurs reprises. La situation à Forest est particulièrement critique. Le nombre de détenus varie de 615 à 650 alorsque le bâtiment ne peut en accueillir que 420. « Les agents pénitentiaires de la prison de Forest dénoncent régulièrement les conséquencesdramatiques de la surpopulation et ce, à plusieurs niveaux : tensions, hygiène, déclin de la santé physique ou mentale des détenus, manque de suivi médical,social et psychologique, difficultés d’organisation des visites familiales, nombre de douches réduit… », relaie l’OIP dans un rapport daté du 5 mai 2009.
« Des locaux adéquats et la reconnaissance à part entière du travail des services d’aide extérieurs à la prison sont la baseélémentaire permettant de développer l’accompagnement aux détenus. Actuellement, le fonctionnement et les bâtiments des prisons ne garantissent pas cette basenécessaire », a rappelé la ministre Huytebroeck. Qui en a appelé à son confrère du fédéral. « Les contacts pris depuis un anavec le ministre de la Justice et avec son administration font espérer que, dans l’avenir, cette base pourra être construite ensemble, dans le cadre d’un accord decoopération », a-t-elle ainsi ajouté.
Les ministres se rencontrent en décembre
Tous les niveaux de pouvoirs existant dans notre petit pays complexe ont quelque chose à dire sur les prisons. Le fédéral reste responsable des questions desécurité. Les Communautés et les Régions se partagent les compétences d’aide sociale aux justiciables. En décembre, deux conférencesinterministérielles se tiendront en vue de coordonner les politiques d’intervention en milieu carcéral. La première rassemble Région wallonne, Communautéfrançaise et Cocof. La seconde regroupe Communauté flamande, Communauté française, Cocom et Cocof. Les thèmes de l’information, de la formation, de la coordination,de la sortie et de la santé y seront discutés.
1. Cabinet d’Evelyne Huytebroeck :
– adresse : rue du Marais, 49-53 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 517 12 00
– courriel : info@huytebroeck.irisnet.be
– site : http://evelyne.huytebroeck.be
2. Observatoire international des prisons :
– adresse : rue du Boulet, 22 à 1000 Bruxelles
– courriel : oip@oipbelgique.be
– site : www.oipbelgique.be