Pleegzorg Vlaanderen, l’agence flamande de placement familial, a proposé à des familles d’accueillir des réfugiés. Le succès dépasse toutes les espérances.
Cet article a été publié le 4 novembre 2015.
La campagne «Geef de wereld een thuis» («Donnez un chez-soi au monde entier») était seulement lancée depuis quelques jours que le millier de candidatures était déjà dépassé. Et aujourd’hui, ce sont 1.800 familles qui se déclarent prêtes à accueillir des mineurs étrangers non accompagnés, voire des familles entières de réfugiés.
C’est le mois dernier que les lignes directrices de ce projet pilote ont été définies. Depuis le 3 septembre, les familles candidates, les sponsors et les candidats bénévoles peuvent se faire connaître sur le site de l’agence. «L’intérêt pour ce projet nous a totalement submergés», confirme Niels Hesemans, le porte-parole de l’agence. «Cela montre qu’énormément de Flamands veulent témoigner leur soutien aux réfugiés.» La plupart de ces familles (environ 1.400 d’entre elles) se déclarent prêtes à accueillir un mineur non accompagné. Les autres sont même disposées à loger une famille entière sous leur toit. «En nous basant sur notre expérience passée, nous estimons qu’environ une famille sur neuf se lancera effectivement dans l’aventure», tempère Niels Hesemans. «Mais, bien entendu, nous espérons qu’il y en aura davantage. Il s’agit d’un projet unique, qui bénéficie d’une bonne visibilité, et la crise des réfugiés est un problème d’une actualité brûlante.»
Obstacles
«La plupart des jeunes ont entre 10 et 18 ans et ont subi des situations de guerre. Ils ont perdu ou ont dû abandonner leurs parents. Et ils ont vécu des choses terribles au cours de leur périple.» C’est avec cet avertissement que Pleegzorg Vlaanderen accueille le public des familles candidates au cours de sa soirée d’information. Et les informations qui suivent sont du même acabit. «Nous essayons de présenter les choses de manière réaliste à tous ces gens. Parce qu’accueillir un réfugié, ce n’est pas à la portée de tout le monde», explique Lieve De Raeymaecker, qui s’occupe de la problématique des réfugiés chez Pleegzorg Vlaanderen. «Une famille d’accueil doit déjà disposer d’un certain nombre de compétences de base. Mais pour accueillir un jeune réfugié, il en faut aussi d’autres, comme de pouvoir gérer des traumatismes et d’être ouvert à d’autres cultures.» C’est que des malentendus culturels peuvent surgir à tout moment. Karin Dewaele, de l’association Joba Vluchtelingenwerk, en donne un exemple: «Dans certains pays, les enfants apprennent à faire preuve de respect en ne regardant pas leur interlocuteur dans les yeux. Alors que chez nous, c’est perçu comme quelque chose de très impoli. Beaucoup d’entre eux mentent aussi sur leur âge et leur lieu de provenance, dans l’espoir d’obtenir plus facilement des papiers. Il faut apprendre à composer avec ce genre de choses. La vérité, c’est ce qu’ils racontent.»
Frie Van Looy a beaucoup d’expérience en la matière: elle a déjà accueilli quatre Mena chez elle et elle s’occupe actuellement d’une jeune fille burundaise ainsi que de son enfant de deux mois. Elle applaudit à cette initiative mais met aussi en garde les familles candidates. «J’espère qu’elles prendront leur décision sur un élan émotionnel mais aussi avec une bonne base de raison. Parce que ce ne sera pas tout le temps rose non plus. Moi, j’ai commencé il y a huit ans avec une fille de 12 ans et un garçon de 14, tous deux originaires d’Équateur. Le premier jour, on est allés au Makro et ils ont cassé la moitié du magasin. À ce moment-là, ça ne sert à rien d’aborder l’incident avec notre vision des choses. Nous avons dû y aller par tâtonnements avec eux mais je n’ai jamais regretté ma décision.»
D’après Knack et De Standaard
«Logement des réfugiés: droit dans le mur?», Alter Échos n°411, octobre 2015, Martine Vandemeulebroucke.