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Regard critique · Justice sociale

Familles monoparentales : un moment, pas un statut

En Région de Bruxelles-Capitale, un tiers des ménages avec enfants est composé de familles monoparentales. Un groupe de travail du Pacte territorial pour l’emploi aplanché sur le sujet

14-02-2010 Alter Échos n° 289

En Région de Bruxelles-Capitale, un tiers des ménages avec enfants est composé de familles monoparentales. Leurs besoins spécifiques sont multiples. Relèvent-ilsd’un renforcement des politiques sociales existantes ?

En 2008, les familles monoparentales étaient au nombre de 69 800 pour environ 107 100 enfants, soit 14 % du total des ménages et 33,7 % des ménages avecenfant ! Un chiffre en croissance de 30 % en 15 ans.

Un groupe de travail du Pacte territorial pour l’emploi a planché sur le sujet. Lors d’un séminaire organisé le 5 février dernier, il présentait lesrésultats intermédiaires de cette réflexion1 à laquelle AlteR&I (le département études et conseil de l’Agence Alter) a contribué par unrapport de synthèse.

En rassemblant les chiffres et données existants et en associant à la réflexion tous les acteurs de terrain concernés, le Pacte territorial pour l’emploi entend« croiser différents domaines d’intervention et travailler à leurs articulations pour apprécier la façon dont elles permettent de sortir des situationsidentifiées », a précisé Anne-Françoise Theunissen, présidente du groupe de travail.

Car les familles monoparentales ne sont pas homogènes. Parmi les constats, un tiers des familles monoparentales courent un risque accru de pauvreté. Leur localisation ne se limitepas au « croissant pauvre » bruxellois et elles sont surreprésentées globalement dans les zones où les loyers sont les moins chers. Le taux d’emploi estsignificativement plus bas que dans les familles « duo-parentales », tant chez les pères seuls que chez les mères seules. Mais le taux de chômage estbeaucoup plus élevé pour les mères de famille monoparentale de deux enfants (46,1 %) que pour les pères dans la même configuration (26,1 %).

Interpeller ou se concerter

Les professionnels de terrain présents ont surtout formulé des propositions nécessitant l’intervention des pouvoirs publics. Pourquoi ne pas revenir à une formulepermettant de combiner temps partiel et allocation de chômage, afin d’éviter le « piège à l’emploi », a suggéré l’une d’entre eux,employée chez Actiris.

Parmi les autres mesures à prendre, le nombre de places en crèche. Ce qui est particulièrement nécessaire pour les familles monoparentales l’est de façongénérale pour l’ensemble des familles. À offre inchangée, faut-il considérer les premières comme une catégorie à privilégier dans lesconditions d’accès en crèche ? Ou réguler les prix pratiqués dans les crèches privées ?

Mais les acteurs peuvent aussi agir à leur niveau. Exemple : la lutte contre les stéréotypes. D’après une présidente de CPAS, il arrive que des travailleurssociaux choisissent de ne pas engager dans une démarche d’activation des mères seules au prétexte qu’elles doivent s’occuper de trois enfants… Ou la survivance de la femme aufoyer dans l’esprit d’acteurs de changement supposés… Là, souvent, la vigilance des cadres et la formation continuée peuvent constituer des réponsesadéquates.

Soutenir les familles ou renforcer la lutte contre la pauvreté

Ces exemples montrent à quel point la prise en compte des besoins des familles monoparentales est au croisement d’approches parfois contradictoires : faut-il soutenir dessolidarités familiales ou renforcer les solidarités publiques ; cibler ces familles ou approfondir la politique globale de lutte contre la pauvreté ; envisager lesmesures à prendre en considérant la situation du parent ou celle des enfants ?

Pour le groupe de travail du Pacte territorial, quelles que soient les réponses à ces questions, il faut ces balises : renforcer les prestations publiques là oùelles existent déjà ; veiller à ce que les mesures prises favorisent la conciliation entre vie professionnelle et vie privée sans encourager la flexibilité dutravail ; porter une attention particulière aux moments de transition post-rupture, où la situation des personnes est la plus fragilisée.

De la recherche, il ressort que la « monoparentalité » constitue souvent un moment dans le parcours de vie des personnes. Il s’agit non pas tant de cibler un groupesocial qu’une série de dispositifs (emploi, logement, accueil de l’enfance, mobilité, revenus de remplacement…) afin de les rendre plus accessibles et plus performants pour lesfamilles monoparentales.

D’où la volonté du groupe de travail de continuer à avancer avec les acteurs de terrain pour affiner la réflexion, construire des indicateurs et réaliser uneenquête qualitative complémentaire. Une mission de recherche a été confiée à cet effet à une équipe multidisciplinaire, sous laresponsabilité du professeur Bernard Francq (UCL). Avant d’interpeller, plus tard, les pouvoirs publics.

1. Pour obtenir l’étude, s’adresser à Mark Trullemans, adjoint à la coordination du Pacte territorial pour l’emploi
– tél. : 02 505 78 21
– courriel : mtrullemanséactiris.be
– site : www.pactbru.irisnet.be

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