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Femmes et précarité sur le marché du travail : encore du chemin à parcourir…

De plus en plus de travailleurs sont précarisés. Salaires faibles, peu ou pas de formation continue, horaires difficiles, temps partiel plus ou moins volontaire… sont desindicateurs de cette précarisation. Il semble que pour certaines femmes, en particulier celles qui sont moins bien formées, la situation sur le marché du travail est plusdifficile encore. Alors que le monde politique met de plus en plus l’accent sur les politiques de formation, on observe des différences et/ou des discriminations en défaveur des femmesnon pas en matière de participation à des activités de formation mais bien en termes de modalités, d’intensité ou de motivation des formations. Ce sont làles principales conclusions tirées par l’Institut du développement durable1 dans une étude qu’il vient de diffuser, intitulée :  » Femmes etprécarité sur le marché du travail « 2.

08-09-2006 Alter Échos n° 214

De plus en plus de travailleurs sont précarisés. Salaires faibles, peu ou pas de formation continue, horaires difficiles, temps partiel plus ou moins volontaire… sont desindicateurs de cette précarisation. Il semble que pour certaines femmes, en particulier celles qui sont moins bien formées, la situation sur le marché du travail est plusdifficile encore. Alors que le monde politique met de plus en plus l’accent sur les politiques de formation, on observe des différences et/ou des discriminations en défaveur des femmesnon pas en matière de participation à des activités de formation mais bien en termes de modalités, d’intensité ou de motivation des formations. Ce sont làles principales conclusions tirées par l’Institut du développement durable1 dans une étude qu’il vient de diffuser, intitulée :  » Femmes etprécarité sur le marché du travail « 2.

Si la précarité a toujours existé, elle prend de nos jours une tout autre ampleur en ce sens qu’elle touche des couches de la population de plus en plus larges.Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les « pauvres » qui se retrouvent en situation de précarité mais une part de plus en plus grande de travailleurs. Et si on se penche sur leschiffres, les femmes sont les plus touchées. Ainsi, selon les données collectées par Philippe Defeyt, chercheur à l’Institut du développement durable, en 2004-2005,le salaire moyen des femmes atteignait 1 823 euros par mois, contre 2 475 pour les hommes. L’instabilité d’emploi est également plus grande chez les femmes que chez leshommes : 42 % des femmes salariées ont recours au temps partiel contre 7 % des hommes.

Si l’étude reprend ainsi quelques données de base et déjà connues en matière de marché du travail, trois informations plus originales ressortent du lot:
• plus d’un tiers des femmes sont occupées dans le secteur public ou l’enseignement, contre
27 % des hommes ;
• si 2/3 des hommes travaillant dans le secteur public et l’enseignement sont statutaires,
moins d’une femme sur deux l’est;
• les femmes sont presque deux fois plus susceptibles que les hommes d’avoir un contrat temporaire, c’est-à-dire autre qu’un CDI (contrat à durée indéterminée): 11,4 % de femmes pour 6,8 % d’hommes.

Travail à temps partiel

« On sait que beaucoup de femmes travaillent à temps partiel. Elles prestent forcément un nombre réduit d’heures, en moyenne 23,5 heures/semaine explique, Philippe Defeyt,économiste et président de l’IDD. Ce qu’on sait moins, analyse Philippe Defeyt chercheur à l’IDD auteur de l’étude, c’est que le nombre d’heures prestées par lesfemmes salariées qui travaillent à temps partiel est significativement plus faible pour les travailleuses non qualifiées. »

Horaires de travail « difficiles »

Les horaires difficiles (nuit, dimanche…) sont aujourd’hui à la fois un indicateur de précarité mais peuvent aussi contribuer à la précarité sociale,familiale… des travailleurs. « Globalement il ne semble pas y avoir de grandes différences entre les hommes et les femmes et, quand il y en a, ce sont les hommes qui connaissent plus souventde tels horaires. Une exception : les 15-24 ans. Les femmes qui travaillent (plus ou moins souvent) le samedi et/ou le dimanche sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes. Cespourcentages sont aussi plus élevés que les pourcentages moyens pour tous les travailleurs. »

Emplois temporaires

« D’une manière générale, les femmes ont proportionnellement plus souvent des contrats temporaires (c’est-à-dire tous les contrats – intérim, CDD… – quine sont pas des CDI) que les hommes. Si les jeunes hommes et femmes de 15 à 24 ans sont très nombreux à avoir des emplois temporaires (plus d’un tiers pour les jeunes femmes),l’écart H-F est proportionnellement plus important pour les autres catégories d’âge. »

Les salaires

Deux constats :
• 30 % des jeunes filles de 20 à 24 ans touchent un bas salaire (de 50 à 70 euros brut par jour pour un ETP) ;
• 2/3 des travailleurs touchant des bas salaires sont des femmes.

Formation initiale et continue

Les femmes de 25-29 ans, depuis longtemps largement majoritaires en ce qui concerne les études supérieures non universitaires, sont devenues – après 2000 –majoritaires aussi en matière d’enseignement universitaire. Le taux d’activité (population active en pourcentage de la population en âge de travailler) est d’autant plusélevé que le diplôme est élevé et l’âge jeune (à l’exception des 15-29 ans), les femmes présentent systématiquement des tauxd’activité moins élevés, quel que soient l’âge et le niveau du diplôme ; ils sont particulièrement faibles pour les femmes qui n’ont obtenu qu’un diplômede l’enseignement secondaire inférieur.

En matière de formation continue, il existe aussi des différences et discriminations entre hommes et femmes. « C’est ainsi que les femmes sont (beaucoup) moins nombreuses que leshommes, surtout pour les moins qualifiées et, d’une manière générale, pour les plus de 40 ans, à dire que leur principal motif de leur formation était’associé à l’emploi, actuel ou futur’. Autrement dit, puisque seules deux réponses étaient possibles, cela veut dire que les femmes peu qualifiées et les femmesplus âgées ont beaucoup plus que les hommes un ‘motif personnel ou social ‘ pour faire de la formation continue. »

En outre, les femmes en emploi qui suivent une formation continue déclarent plus souvent que les hommes l’effectuer principalement ou exclusivement en dehors des heures de travailrémunérées. « Une exploitation du bilan social faite par la BNB, et dont les principaux résultats sont reproduits dans le Rapport 2003 du Conseil supérieur del’emploi, indique que les femmes en emploi dans les entreprises qui déposent un bilan social participent autant que les hommes à des activités de formation financées parleur entreprise. Mais leurs formations durent proportionnellement moins longtemps (environ un tiers d’heures en moins) et coûtent donc moins cher à leur entreprise. »

Enfin, il semble que se former ne suffit pas à éviter des parcours chaotiques ou la poursuite de tels parcours. C’est ainsi que les femmes qui ont suivi une formation financéepar le Fonds social européen dans les années 90 ont vécu, plus souvent que les hommes, une situation précaire ou un chômage récurrent.

Bref, on est loin de l’égalité hommes-femmes sur le marché de l’emploi que d’aucuns pensent advenue.

1. Institut pour un développement durable (Centre d’étude des Amis de laTerre-Belgique), rue des Fusillés, 7 à 1340 Ottignies – tél. : 010 41 73 01 – courriel : idd@iddweb.be
2. « Femmes et précarité sur le marché du travail- Quelques statistiques commentées par Philippe Defeyt – août 2006 ». La récolte, le traitement et laprésentation de ces données ont été effectuées dans le cadre de la préparation d’un exposé devant les permanentes de la CSC (Ter Node, le28.08.2006).

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