Alter Échos n°427
Tout est bon dans la privatisation
Rendre service au public? Une pratique du privé.
Fin mai 2016, le conseil communal d’Anvers approuve l’idée de l’échevin Fons Duchateau (N-VA): permettre aux sociétés privées de dispenser les services sociaux, dont l’aide aux sans-abri. Les mondes associatif et politique s’étranglent d’indignation. Pourtant, confier des missions publiques essentielles aux acteurs privés est une pratique répandue. Et ancienne. Depuis près de 35 ans, des bus privés arborent les couleurs de la TEC pour parcourir nos routes. Ils représentent près de 48% de l’offre publique en bus wallon (lire «TEC: à mi-chemin de la privatisation?»).
Plus récemment, des sociétés, dont certaines plus affûtées dans le gardiennage et la sécurité que l’accompagnement social, ont remporté un marché pour gérer l’accueil des demandeurs d’asile. (Lire «Marchandisation de l’accueil des demandeurs d’asile: stop ou encore?»). Avec des réussites diverses (lire «Pluie de plaintes sur Couvin»).
À Bruxelles, le gouvernement sans terres met 200 millions pour tenter à nouveau un partenariat public-privé (PPP) qui déboucherait sur 500 logements moyens (lire : «Bruxelles recherche terrains désespérément»).
La logique du privé, et ses pratiques managériales, serait-elle compatible avec tous les services publics, jusqu’au partage des savoirs dans les universités? Ou, avec un nouveau président-directeur émérite du cabinet McKinsey & Company, l’ULB abandonnerait-elle la pensée critique pour virer machine à ranking, «Université du Libre Business» (Lire «L’enseignement supérieur menacé par les lois du marché») ?
Le moindre service social serait-il une marchandise comme une autre? À débattre avec ce dossier, et une certitude: le privé qui nous rend service, c’est une affaire d’intérêt public.
Logement
En mars 2016, la SLRB lançait un appel d’offres inédit pour la construction de 500 logements moyens à Bruxelles. Mais cette fois il est demandé aux partenaires privés d’apporter les terrains où seront réalisés les projets. Une nouvelle formule de partenariat public-privé pour tenter de résorber le retard en matière de logement public.
Emploi/formation
La permaculture s’installe partout, du balcon en pleine ville au terrain agricole. Mais aussi dans nos modes d’organisation. La coopérative Les Petits Mondes en a fait son métier.
Secteurs (autres)
À chaque grève, c’est le même couplet qui revient : ne faudrait-il pas privatiser les transports en commun wallons? En réalité, la moitié des lignes TEC sont déjà sous-traitées au privé. Et, avec ou sans grèves, l’Europe pousse à davantage de libéralisation dans le secteur.
Social
L’été dernier, dépassé par l’afflux des demandeurs d’asile, Fedasil ouvre la porte au secteur privé marchand pour la création de nouvelles places d’accueil. Une privatisation qui fait grincer des dents, mais dont l’Agence fédérale se montre satisfaite.
Seuls 5 % des personnes souffrant d’un handicap mental ont aujourd’hui un emploi. Antwerp Management School et HEC Liège publient un livre blanc pour défendre le «travail inclusif», une plus-value pour l’entreprise mais surtout un choix de société.
Enseignement
Les universités et les hautes écoles font de plus en plus appel à des services privés pour gérer leurs services, que ce soit la restauration, le nettoyage ou même le logement. La formation n’est pas épargnée par cette privatisation. Tour d’horizon des menaces qui pèsent sur le paysage de l’enseignement supérieur. >Intéressé(e)s par cet article ? Découvrez nos offres d’abonnements sur https://www.alterechos.be/abonnements-alter-echos/
Emploi/formation
Les travailleurs à temps partiel prestant en horaires variables pourront bientôt se voir communiquer leurs horaires au minimum un jour ouvrable à l’avance. Une mesure qui pourrait impacter fortement les femmes… >Intéressé(e)s par cet article ? Découvrez nos offres d’abonnements sur https://www.alterechos.be/abonnements-alter-echos/
Rendre service au public ? Une pratique du privé.
Social
À Couvin 220 demandeurs d’asile, principalement des jeunes hommes afghans, sont hébergés dans un ancien internat pour filles. Le centre d’accueil, géré par la société Refugee Assist, a fait l’objet de nombreuses plaintes de la part de ses résidents. >Intéressé(e)s par cet article ? Découvrez nos offres d’abonnements sur https://www.alterechos.be/abonnements-alter-echos/
Emploi/formation
Le pacte wallon pour l’emploi et la formation a été signé. Il est centré sur six chantiers. Parmi eux, la réforme des aides à l’emploi, le contrat d’insertion ou encore la formation en alternance.
Edito
Étant gosse, l’objet me fascinait. Brillant, compliqué, rempli de valves et de robinets, il trônait sur un vieux meuble en bois sombre, dans le salon de ma grand-mère. En attendant son heure, comme tout bon samovar doit le faire. Son rôle principal était certes de rappeler à ma «Babouchka» ses origines russes. Mais parfois il s’animait et, là, c’était un festival. Ça fumait, ça bouillait et, au final, ça produisait du thé! Quelle machine, et quel bazar pour produire un petit liquide brunâtre. Ça aussi, ça me fascinait… Trente ans plus tard, c’est l’État belge qui me procure un sentiment presque comparable.