Le gouvernement flamand vient d’annoncer 3 500 nouvelles places dans le secteur de l’accueil à la petite enfance mais, tous comptes faits, ce sera plutôt 1 600. Le secteurest déçu et n’a pas manqué de le faire savoir. Et pour beaucoup de parents, c’est le parcours du combattant.
Effet d’annonce ? En fait, sur les 3 500 places nouvelles annoncées mi-avril par le ministre flamand de la Famille Steven Vanackere (CD&V), 1 600 correspondent à un montantsupplémentaire de 8,3 millions d’euros déjà annoncé en février : 500 dans des mini-crèches indépendantes, 800 en accueil de jour subsidiéet 300 dans les services pour parents d’accueil. Quant au reste, il s’agit d’environ 2 000 places en mini-crèches indépendantes pour un montant d’un milliond’euros, montant déjà prévu au budget ordinaire de la Communauté. Rien de neuf sous le soleil donc. De plus, Jan De Vree, membre du conseil d’administrationd’UnieKO, coupole de quelque 2 500 initiatives d’accueil indépendantes, estime que, en ce qui concerne les places créées dans le secteur subsidié, le nombre deplaces nouvelles sera moindre qu’annoncé. Selon lui, beaucoup d’instances – notamment des municipalités – ont pris des initiatives d’accueil sans attendrede recevoir les subsides ad hoc et les ont financées par l’impôt. Ces instances vont dès lors se rembourser avant d’envisager de créer de nouvellesplaces.
Rudy Coddens, l’échevin gantois de l’Enseignement (SP.A), estime par ailleurs que le financement promis tend à pénaliser les villes et communes qui ont pris desinitiatives, au détriment des autres. À Gand, la Ville finance 135 places et prévoit d’en créer 400 autres, dont seule une trentaine bénéficiera duballon d’oxygène annoncé.
Pourquoi cette grogne alors qu’il s’agit tout de même à la base d’un effort substantiel de la Communauté flamande ? Pour Lien Werbrouck, coordinatrice dupost-graduat d’accueil à l’enfance à la Haute école Karel De Grote d’Anvers, il y a pénurie partout, particulièrement dans les grandes villes, etles subsides sont insuffisants. Elle explique que ses étudiants, chargés récemment à titre d’exercice d’établir un business plan pour unestructure d’accueil se sont presque tous retrouvés à court d’argent pour payer les salaires du personnel. Selon elle, les pouvoirs publics n’ont pas à semontrer surpris de l’explosion actuelle de la demande : le baby boom qu’on connaît aujourd’hui en Flandre était annoncé dès 2004.
Elle rejette aussi plusieurs arguments qui resurgissent régulièrement. Les normes de Kind en Gezin (l’ONE flamande) ne sont-elles pas trop strictes ? Non, car les gensn’ont plus le choix de la structure d’accueil, donc il faut que le niveau soit bon partout : en termes d’espace, de soins, de propreté et de sécurité. Selon lemême Kind en Gezin, la capacité d’accueil n’est utilisée qu’à 75 % du fait de la présence d’enfants à temps partiel. Oui, dit LienWerbrouck, mais un taux d’occupation de 100 % est utopique. On ne peut pas attendre de parents qu’ils adaptent leurs besoins en fonction de ceux d’autres parents. Mais là,Jan De Vree n’est pas d’accord. Il cite une étude de l’Hiva (KULeuven) selon laquelle dans les mêmes conditions, les crèches indépendantes arrivent à untaux d’occupation de 80 à 85 %. Pour lui, il y aurait donc des places à récupérer en organisant mieux le secteur subsidié.
Treize appels en moyenne
La même semaine, Kind en Gezin a publié les résultats d’une étude sur « Le processus de recherche de places d’accueil par les parents en Flandre». Pour les deux tiers des parents, la recherche d’une structure d’accueil a été éprouvante (13 structures différentes appelées autéléphone en moyenne). Mais 9 parents sur 10 finissent par trouver. Et ceux-ci sont la plupart du temps satisfaits, avec un bémol pour le facteur coût. Toutefois, pour 5parents sur 10, la formule trouvée ne correspond pas réellement à ce qu’ils cherchaient au départ. Il leur faut déplacer une période de congépar exemple, ou trouver une solution temporaire à un certain moment. Enfin, il y a plus préoccupant : les populations plus fragiles – familles monoparentales, chômeurs,moins qualifiés – pourtant théoriquement expressément protégées par une politique de discrimination positive, trouvent beaucoup moins facilement que lesautres. Steven Vanackere travaille actuellement sur ce problème avec Kind en Gezin. Selon lui, le secteur applique surtout deux autres critères en termes de préférence :ne pas diviser les fratries et privilégier les premiers inscrits. Pourtant, toujours selon l’étude de Kind en Gezin, s’inscrire trop tôt n’est pas payant.L’idéal semble être de commencer à chercher de sept à… neuf mois avant la date d’accouchement prévue.
D’après De Morgen et De Standaard