Pour éviter un piège à l’emploi de plus, Freya van den Bossche veut augmenter le plafond d’admissibilité (en termes de revenus). Antisocial pour leslibéraux. Un drôle de débat gauche-droite.
Pour pouvoir prétendre à un logement social, il y a, en Région flamande comme ailleurs, des critères de revenus et, selon la ministre du Logement, Freya van den Bossche(SP.A), les niveaux auxquels ces critères sont fixés actuellement en font un parfait piège à l’emploi. Le chômeur isolé qui accepterait un emploià 1 300 euros nets se retrouverait, par exemple dans cette situation, alors que, selon elle, c’est le niveau approximatif de rémunération de beaucoup d’emploispeu qualifiés. D’où l’idée de relever les plafonds d’admissibilité de 13 % : le revenu imposable maximum passerait de 19 796 à 22 387euros pour les isolés et de 29 694 à 33 584 euros pour les cohabitants. Une telle limite permettrait aux 10 % de Flamands qui ont les plus bas revenus de rentrer en ligne de comptepour l’attribution d’une habitation sociale.
La mesure aurait en outre, ajoute-t-elle, l’avantage d’améliorer la mixité sociale au sein du parc de logements sociaux. « Avec la limite actuelle de revenus,nous sommes en train de créer des ghettos au sein desquels ne vivent plus que des gens qui sont sans travail. Ce n’est pas bon pour les personnes concernées mais c’est aussitrès dangereux pour l’appui de la population au principe même du logement social », a-t-elle déclaré.
Dans l’accord de gouvernement flamand, il était seulement prévu de relever la limite de 10 % et cela uniquement pour les habitants des villes grandes et moyennes (les 13« centrumsteden ») et en périphérie bruxelloise. Freya van den Bossche se dit néanmoins persuadée de pouvoir convaincre ses collègues(CD&V et N-VA) au sein du gouvernement flamand.
Antisocial ?
Ce discours, pourtant en partie assez proche des thèses libérales flamandes à l’époque où Marino Keulen (Open VLD) était ministre du Logement,n’aura en tout cas pas l’appui de l’opposition. Pour Mercedes Van Volcem, députée libérale et échevine sortante du Logement à Bruges, leproblème est ailleurs. D’abord, souligne-t-elle, les files d’attente n’ont jamais été aussi longues : actuellement, quelque 92 000 candidats sont enattente d’un logement social en Flandre. Un candidat locataire attend 970 jours en moyenne mais facilement le double, soit six ans, s’il s’agit d’un isolé. Or un relèvement duplafond de revenus ne ferait qu’allonger les files en y ajoutant des candidats qui ne sont pas ceux dont les besoins sont les plus criants. Ensuite, selon elle, la pénurie vient surtoutdu fait que les logements sont attribués pour une période indéterminée sans que la question des revenus des occupants ne soit jamais réexaminée.
Ainsi, selon la réponse de la ministre à une question de Mercedes Van Volcem, 10 % des locataires isolés ont des revenus supérieurs à 23 558 euros, doncmême bien au-delà du relèvement projeté. Pour elle, le logement social en Flandre « est un instrument très social mais relève encore souvent de lavieille culture politique, les sociétés de logement social étant très infiltrées par les politiciens locaux. Celui qui se voit attribuer un logement reçoitles clefs des mains du président de la société en question. Une maison pour la vie en échange d’un vote à vie. Les attributions de logements à vie nesont donc pas prêtes d’être remises en question. »
Et de reprendre à son compte la thèse d’Itinera, le Think-Tank des libéraux flamands de tout poil (LDD incluse) : à plus de 100 000 euros minimum parnouveau logement social construit, le système sera toujours excessivement déficitaire et il faudrait plutôt mettre l’accent sur l’octroi d’allocation-loyer que sur la constructionde logements supplémentaires.
Depuis cet échange de vues par presse interposée, Freya van den Bossche a précisé, en réponse à une question parlementaire, que 9 517 candidats àun logement social avaient désormais droit à une allocation-loyer pour avoir figuré plus de 58 mois sur les listes d’attente.
D’après De Morgen et De Standaard