Frank Vandenbroucke (SP. A), à la fois ministre de l’Enseignement de la Formation et de l’Emploi au sein du gouvernement flamand, fait le point sur les politiques de discrimination positivemenées dans sa région, et ce n’est pas brillant. En particulier, les pouvoirs publics ne donnent pas l’exemple : selon ses chiffres, seuls 0,2 % des fonctionnaires de l’administrationflamande sont allochtones. Il veut fixer à celle-ci des objectifs en matière d’emploi des femmes, des allochtones, des handicapés et des plus de 55 ans. Et puis continuerà développer le système des plans de diversité.
Cela a tout du paradoxe mais, proportionnellement, le secteur privé emploie davantage d’allochtones que l’administration régionale, les entreprises publiques ou mêmel’enseignement. Frank Vandenbroucke veut atteindre 4 % d’allochtones au sein de l’administration flamande en 2015. Pour parvenir à cet objectif, il estime qu’environ un fonctionnaire sur dix(9,5 %) engagé d’ici là devra être d’origine étrangère (en moyenne, l’administration régionale engage quelque 1 691 personnes par an). Selon lui, les pouvoirspublics n’ont aucune expérience dans ce type de recrutement ciblé et devront développer des actions de recrutement et de sensibilisation, en collaboration avec des organisationsou des associations d’immigrés.
Par contre, il ne veut pas entendre parler de tests d’embauche spécifiques pour candidats allochtones (qui incluraient par exemple des tests de néerlandais d’un niveau plus bas).Pour lui, le niveau des tests est adapté aux fonctions que les candidats seront amenés à exercer et engager des personnes qui n’ont pas tout à fait le niveau requis neferait que renforcer les préjugés à leur égard. Mais parmi d’autres instruments (Jobkanaal, qui aide chaque année 5 000 allochtones, handicapés et plus de 55ans ; primes à l’engagement des plus âgés ; contrats d’intérim combinés à une formation qui débouche sur un emploi stable), il estime disposer d’unoutil de choix : les plans de diversité.
Enregistrer l’origine de manière anonyme
À la fin de l’année, quelque 2 000 entreprises auront souscrit à un plan de diversité. Il s’agit en quelque sorte du système des quotas tant décriépar les patrons (et dont Frank Vandenbroucke ne veut pas), mais sur une base volontaire et non coercitive. L’entreprise se fixe des objectifs en matière d’embauche de personnes issues decatégories « difficiles » et reçoit des subsides en échange. Ceux-ci devraient être à l’avenir modulés en fonction des résultats réellementobtenus. De Lijn, par exemple, a déjà adopté un tel plan, mais le système est-il vraiment applicable au secteur public ? Ainsi, comment évaluer les résultatsen la matière dans le secteur public, alors que la commission pour le respect de la vie privée refuse que l’administration oblige ses fonctionnaires à déclarer leursorigines ? Frank Vandenbroucke est partisan d’une formule d’enregistrement de l’origine, mais sous forme anonyme. Pour lui, la Flandre est à mi-chemin entre la culture anglo-saxonne (oùl’indication de l’origine va de soi) et la culture latine (au sein de laquelle c’est un tabou absolu).
Une telle mesure donnerait, selon lui, au VDAB (organisme flamand de placement des chômeurs) un baromètre des problèmes de diversité. Et quid des employeurs qui semblenttout à fait réfractaires à embaucher du personnel d’origine étrangère ? En concertation avec le Centre pour l’égalité des chances et les partenairessociaux, il a décidé de créer un réseau, qui aura pour but, lorsqu’un candidat à un poste se heurte à une fin de non-recevoir auprès d’un employeur,de permettre à ce candidat d’introduire une plainte d’une manière juridiquement recevable, tout en assurant aussi dans l’intervalle une médiation entre les parties.
En matière de diversité, un domaine où l’administration surpasse le privé, c’est celui de l’emploi des handicapés, même si les résultatsengrangés sont encore loin des objectifs : 1,8 % des fonctionnaires ont un handicap (l’objectif est à 4,5 %). Pour améliorer ce résultat, Frank Vandenbroucke envisaged’adapter le système des aides financières à l’embauche, comme cela se fait dans le privé : en dix ans, le nombre de demandes d’aides financières y a doublé(il s’agit de subsides visant à compenser la perte due à la différence de productivité entre travailleur valide et handicapé). Pour améliorer encore le tauxd’emploi des handicapés dans ce secteur, le ministre souhaite aussi faire mieux connaître les systèmes de subsidiation, qui aident aux entreprises à adapter les lieux detravail aux personnes souffrant d’un handicap.
D’après De Morgen et De Standaard