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Flandre : immigrés discrédités dans la presse, mal compris dans l'associatif

Quelle image globale des immigrés est-elle véhiculée par la presse ? C’est la question que s’est posée Sil Ronsmans, étudiante en dernière année ensciences de la communication à la VUB. Son choix s’est porté sur la presse anversoise. C’est justement dans cette ville que le Vlaams Blok a obtenu le plus grand pourcentage de voix auxdernières élections régionales, avec près de 35 %. Les conclusions sont édifiantes : on parle peu des immigrés dans les médias de la métropole; quand on en parle, c’est le plus souvent en rapport avec des faits de délinquance ; et quand on leur demande leur avis, c’est la plupart du temps, sur des questions en rapport direct avecleur culture ou leur origine géographique.

14-09-2004 Alter Échos n° 170

Quelle image globale des immigrés est-elle véhiculée par la presse ? C’est la question que s’est posée Sil Ronsmans, étudiante en dernière année ensciences de la communication à la VUB. Son choix s’est porté sur la presse anversoise. C’est justement dans cette ville que le Vlaams Blok a obtenu le plus grand pourcentage de voix auxdernières élections régionales, avec près de 35 %. Les conclusions sont édifiantes : on parle peu des immigrés dans les médias de la métropole; quand on en parle, c’est le plus souvent en rapport avec des faits de délinquance ; et quand on leur demande leur avis, c’est la plupart du temps, sur des questions en rapport direct avecleur culture ou leur origine géographique.

La presse épluchée à la VUB

L’étude de Sil Ronsmans porte sur sept publications : trois quotidiens nationaux, Gazet van Antwerpen, De Nieuwe Gazet et Metro, deux éditions régionales, Zone 03 et DeStreekkrant, et enfin deux magazines urbains, De Antwerpenaar et le webzine officiel de la ville d’Anvers. En fait, ce n’est pas le score de l’extrême-droite aux élections qui amotivé le choix d’Anvers : l’étude de Sil Ronsmans s’inscrit dans le cadre plus général d’une enquête sur la population immigrée dans cette ville,enquête réalisée à la demande de la cellule « Egalité des chances » de la Communauté flamande et de la province d’Anvers, et coordonnée par l’ASBL VerbalVision, une association spécialisée dans les actions de communication pour le secteur non-marchand.

A la une : criminalité et contestation

L’étude de médias a été effectuée en deux temps : pendant deux semaines en août 2003, puis deux autres semaines en janvier 2004. Au cours de lapremière période, plusieurs événements concernant des immigrés ont fait régulièrement la une des journaux : notamment la grève de la faim desréfugiés afghans, et les problèmes dans les centres récréatifs, notamment à Hofstade. En janvier, on a plutôt parlé de deux débats desociété : le droit de vote des immigrés aux élections communales, et le port du foulard. Sil Ronsmans a examiné 374 articles au total. La moitié d’entre euxcompte moins de 30 lignes et apparaît en bas de page. Par contre, 25 articles ont fait la une : pour la plupart, des articles assez négatifs, sur des personnes, soit ayant commis desfaits de criminalité, soit étant entrées en conflit, d’une manière ou d’une autre, avec les autorités.

Un biais qui se répète

Selon l’auteure de l’étude, « si les immigrés sont régulièrement présentés de cette manière dans les médias, on finit par donner l’impressiond’une communauté insatisfaite, en révolte contre les autorités et source de problèmes. » Elle ajoute qu’il y a par contre peu d’articles qui essayent d’expliquer la causedes problèmes, et que les immigrés ont aussi très rarement la parole : ils apparaissent dès lors comme muets et passifs. Selon Sil Ronsmans, les deux médiasmunicipaux, qui émanent tous deux des autorités, ont un ton notablement différent des autres. Ils sont très politiquement corrects et essayent de casser lesstéréotypes, notamment en interrogeant des immigrés sur des thèmes qui ne sont pas directement liés à leur origine ni à leur culture. A l’inverse, laGazet van Antwerpen apparaît comme le média le plus négatif : ainsi, aucune lettre positive sur le thème de l’immigration n’a été publiée dans lecourrier des lecteurs de ce journal au cours de la période étudiée.

Associatif : pas de communication spécifique

Au-delà du volet médias, l’enquête de Verbal Vision a également mis d’autres phénomènes en évidence. Ainsi, une des conclusions de l’étudeest que, bien que la quasi-totalité du monde associatif ait affaire au moins en partie à un public immigré, seulement 48 % des associations s’adressent à ceux-ci via descampagnes de communication spécifiques. Mais le constat va bien plus loin : près de la moitié d’entre elles ne dispose ni d’un diplômé en communication, nimême d’un responsable ou d’un budget spécifique pour communiquer. De même, la moitié d’entre elles n’a pas de personnel immigré, susceptible de créer despasserelles avec ces populations. Enfin, aucune école de communication en Flandre ne donne de cours sur le sujet. Verbal Vision a interrogé près de 414 associations et servicesofficiels, notamment dans les secteurs de l’aide sociale, des soins de santé, de l’enseignement, du travail socioculturel et de l’aide à la jeunesse.

d’après De Morgen et De Standaard

Pierre Gilissen

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