De plus en plus de gens possèdent un ordinateur et une connexion Internet, ou ont au moins une possibilité d’accès à l’informatique. Mais beaucoup se cantonnentà une utilisation assez sommaire de la Toile. C’est très précisément là que se situe la nouvelle fracture numérique, selon le serviced’études du gouvernement flamand, qui a mené l’enquête.
En 2006, 68 % des Flamands possédaient un ordinateur, soit 15 % de plus qu’en 2001. Parmi les 18 à 45 ans, ce pourcentage monte même à 87 %. Quant au nombred’usagers d’internet, il a doublé en cinq ans pour atteindre 62 %. Mais, sans surprise, certaines catégories restent largement en retard en la matière : les plusâgés, ceux qui ont les plus bas revenus et le moindre niveau de formation, et les chômeurs. Ainsi, en ce qui concerne ces derniers, moins de la moitié d’entre euxpossèdent à l’heure actuelle un ordinateur. Mais ce qui ressort surtout de l’étude commanditée par le gouvernement flamand, c’est qu’il y a,d’une part, ceux qui arrivent à utiliser des applications de haut niveau pour mieux travailler, étudier ou même avoir une action citoyenne, et, d’autre part ceux quine vont pas plus loin qu’un surf et un divertissement « basiques ». Ces derniers restent, par exemple, hermétiques aux guichets en ligne (e-government) ou àl’electronic banking, et ils ne participent à aucun forum de discussion.
Les raisons ? Le manque de formation et de maîtrise. Mais aussi le coût des connexions Internet. Les connexions à large bande, type ADSL, sont, on le sait, nettement pluschères en Belgique que dans les pays voisins. En matière d’internet, certains décrochent même au bout d’un moment. Sept pour cent des Flamands ayantdéjà au moins une fois accédé au Net ne l’ont pas fait au cours des trois derniers mois. Et ceux-là font souvent partie des groupes défavoriséscités plus haut. En 2002, le gouvernement flamand avait lancé son Digitaal Actieplan Vlaanderen (Plan d’action numérique pour la Flandre), dans le cadre duquelétaient notamment prévus des cours de technologies de l’information à tous les niveaux d’enseignement (obligatoire, supérieur, pour adultes, etc.) et desformations du VDAB (équivalent flamand du Forem et d’Actiris) pour les demandeurs d’emploi. Le nouveau ministre-président flamand, Kris Peeters (CD&V), veut maintenantadapter ce plan dans le sens indiqué par le service d’études de son gouvernement et stimuler le « bon usage » d’Internet parmi les couches les plusdéfavorisées.
Et les profs ?
Plusieurs associations de lutte contre la pauvreté tirent, elles aussi, la sonnette d’alarme. Elles sont regroupées sous la coupole « Vlaams netwerk voor verenigingenwaar armen het woord nemen » (« Réseau flamand d’associations au sein desquelles les pauvres prennent la parole »). Selon ces associations, de plus en plusd’écoles partent du principe que tout le monde possède un accès à Internet… alors que les chiffres montrent que ce n’est pas le cas. Certaines communicationssont envoyées aux élèves uniquement par e-mail. Certains professeurs donnent des devoirs pratiquement impossibles à faire pour qui n’a pas de connexion chez lui. Lesassociations soulignent que les technologies de l’information occupent une place de plus en plus essentielle dans la pédagogie, et que la question de l’accès à cestechnologies est donc de plus en plus critique.
La chef de groupe Open VLD au Parlement flamand, Patricia Ceysens, insiste pour que l’on accorde plus d’attention à la formation du corps enseignant. Ronald Janssens, deDigikids, association qui assiste des écoles en la matière, abonde dans le même sens : « Ils savent seulement comment utiliser le réseau pour envoyer des mails. Etbeaucoup sont encore très réticents par rapport aux technologies de l’information. » Pour lui, beaucoup d’enseignants se sentent surtout désarmés face aucôté interactif d’Internet, et la responsabilité en incombe au moins en partie aux filières de formation des enseignants. « Les futurs enseignantsn’apprennent toujours pas à utiliser le Net », déplore-t-il. Il souligne enfin la vétusté du matériel utilisé dans beaucoupd’écoles. Digikids s’emploie notamment à aider celles-ci en leur procurant des logiciels bon marché.
D’après De Morgen et De Standaard