Les partis flamands sont d’accord sur un point : avant de constituer le prochain gouvernement fédéral, il faudra discuter d’une nouvelle réforme de l’État, laquelledevra se traduire par davantage d’autonomie pour la Flandre. Mais pour le reste, on ne peut pas vraiment parler d’un front flamand. Le président du SP.A a déjà abattu ses cartes: ce qui l’intéresse, c’est de régionaliser toute la politique de l’emploi. Mais l’aile flamande de la FGTB tire la sonnette d’alarme. Pour elle, la régionalisation dumarché de l’Emploi, ce serait le début du démantèlement de toute la sécurité sociale.
Dès son accession à la présidence du SP.A en 2005, Johan Vande Lanotte avait annoncé la couleur. Il avait proposé d’entièrement transférer auxRégions la politique de l’Emploi : chômage, prépensions, crédit-temps, travail intérimaire, permis de travail, congés éducatifs, etc. Pour lui, dessituations trop différentes en termes de taux de chômage, d’opportunités et de répartition des demandeurs d’emploi par classe d’âge, appellent des politiquesdifférentes au nord et au sud du pays.
Pour ne pas mettre en péril la solidarité belgo-belge, il avait proposé de geler pendant 25 ans les clefs de répartition à leur niveau de 2005 : 50,1 % pour laFlandre, 38,5 % pour la Wallonie et 11,3 % pour Bruxelles. Depuis, le président des socialistes flamands a précisé que son parti ne participerait pas à un gouvernementfédéral sans cette réforme préalable, en précisant que d’autres revendications flamandes de longue date, comme la régionalisation des soins de santé,lui paraissaient désormais dépassées. Mais pour l’aile flamande de la FGTB, par la voix de son président, Rudi De Leeuw, régionaliser l’emploi, ce serait aller « unpont trop loin ». Pour lui, régionaliser les allocations de chômage entraînerait un effet dominos qui aboutirait à une remise en cause globale de la Sécuritésociale. Il ne veut pas entamer une discussion sur les transferts entre nord et sud en matière de Sécu – les 3,6 milliards d’euros dont il est question dans le « manifeste de laWarande ».
La FGTB convaincra-t-elle le SP.A ? Rien n’est moins sûr…
Rudi De Leeuw souligne qu’en matière de soins de santé et de pensions, il n’y a pas de différence significative « par tête », entre nord et sud. La seule différencese situe en matière de chômage, à cause des taux plus élevés en Wallonie et à Bruxelles. Il lui paraît aussi impossible de faire fonctionner unesécurité sociale efficace à l’échelle de 3,3 millions de Wallons et un million de Bruxellois. Il rejette aussi l’argument selon lequel des négociations salarialesséparées seraient tout profit pour les travailleurs flamands et donc pour la Flandre. D’abord, parce que les récentes prises de position du Voka (Fédération desentreprises flamandes) dans le cadre de la négociation de l’Accord interprofessionnel1 semblent prouver que le patronat flamand défend avant tout la régionalisation del’emploi dans le but de prendre des mesures plus drastiques pour augmenter la compétitivité des entreprises… Ensuite, parce que, même si les salaires pourraient évoluer,dans cette hypothèse, de manière plus favorable au nord qu’au sud, la perte de pouvoir d’achat au sud du pays signifierait une perte pour les entreprises flamandes : la Wallonie estleur premier marché à l’exportation.
Le patron de la FGTB flamande espère dès lors encore pouvoir avoir une discussion de fond sur la régionalisation des politiques d’emploi avec les instances du SP.A avant lepow-wow communautaire annoncé. Mais dès le 28 janvier prochain, les socialistes flamands tiendront congrès à Anvers, et présenteront leurs optionsdéfinitives en la matière, et on imagine mal que Johan Vande Lanotte retourne encore sa veste d’ici à cette date.
D’après De Morgen et De Standaard
1. Ils trouvaient la norme de 5 % d’augmentation en 2007-2008 trop élevée et voulaient seulement accepter une augmentation en termes de salaires nets, via une réduction descharges.