Les titres-services ont toujours été un sujet de controverse en Flandre. Plébiscités par les libéraux, jugés trop chers par les socialistes, craints parles acteurs de certains secteurs, ils sont pourtant probablement promis à un bel avenir, selon la rédaction du Standaard. Non pas à cause des prestations qu’ilsrémunèrent mais parce que, pour le gouvernement fédéral, ils représentent, et de loin, le plan emploi le plus efficace qui ait été mis en place depuisdix ans.
Cinq ans après sa mise en place, le système instauré pour mettre fin au travail au noir dans le secteur de l’aide à domicile affiche 40 000 emplois au compteur, soit uncinquième des 200 000 emplois promis par Guy Verhofstadt à l’été 2003. Le nombre des aides ménagères a crû de 44 % au cours de la seule annéeécoulée, un chiffre qu’aucun autre secteur de l’économie ne peut rêver d’égaler. De plus, la plupart des emplois créés concernent des femmes peu ou pasdiplômées, souvent d’origine étrangère, qui auparavant émargeaient au chômage et/ou travaillaient au noir : des femmes pour lesquelles le marchéclassique du travail n’avait pratiquement rien à proposer. Revers de la médaille : il s’agit souvent d’emplois à temps partiel.
Le système des titres-services pourrait encore croître de 15 %
Le nombre de titres-services a lui crû de 59 % par rapport à 2005, pour atteindre 32 millions l’année passée. Pour 2007, la fédération professionnelleFedergon estime à 15 % le potentiel de croissance du secteur. La demande continue à augmenter : pour les couples à deux revenus, les titres-services représentent un moyenconfortable et abordable de concilier travail et vie de famille.
Open VLD, qui se veut le parti des « Flamands qui travaillent dur », ne s’y est pas trompé en en faisant un de ses chevaux de bataille. Pour les personnes âgées aussi, lestitres-services peuvent représenter une aide essentielle pour pouvoir rester dans leur logement. Quant aux marchés wallon et bruxellois, ils en sont encore pour le quotidien flamandà un stade antérieur de développement.
Toutefois, régulièrement, des cris d’alarme sont poussés quant au coût du système pour les pouvoirs publics. Le client paie son titre-service 6,7 euros, quideviennent 4,7 euros après déduction fiscale. Or, le prestataire de services est payé 20 euros par chèque. Chaque titre-service coûte donc plus de 15 euros auxpouvoirs publics. Les 32 millions de titres de 2006 représentent donc un coût total de 480 millions d’euros ! Autre calcul : les 40.000 emplois créés coûtent doncchacun 12.000 euros. C’est beaucoup, mais moins que 40.000 allocations de chômage. De plus, si l’on tient compte du gain en termes d’impôts et de sécurité sociale, on peutévaluer le coût net par emploi créé à 7.000 euros.
FGTB et Federgon divergent sur l’avenir des titres-services
L’année passée, le gouvernement a déjà réduit la contre-valeur des chèques de 21 à 20 euros. Federgon est de surcroît convaincue que l’onpourrait augmenter le coût actuel horaire pour les ménages (moins de 5 euros donc) sans provoquer pour autant un retour massif du recours au travail au noir. Les femmes de ménageau noir se font en effet généralement payer au minimum 8 euros de l’heure en Flandre. Pour l’instant, période électorale oblige, les responsables politiques ne veulent pasentendre parler d’augmentation, mais une telle décision pourrait devenir plus facile après le 10 juin prochain.
Au nom de la FGTB, le secrétaire Werner Van Heetvelde a toutefois réagi à ces chiffres dans les colonnes du même Standaard. Selon lui, la seule manière derendre le système plus rentable serait de diminuer la déductibilité fiscale des chèques. Augmenter le prix de base pour tous les utilisateurs reviendrait en effet àrapprocher dangereusement celui-ci des tarifs demandés par les femmes de ménage au noir en Wallonie, tarifs qu’il estime entre 6 et 7 euros de l’heure. D’autre part, il estime la partrécupérée par l’État, via les impôts et les cotisations sociales, à quelque 30 %. Les 7.000 euros nets par emploi cités par le Standaard neseraient dès lors pas réalistes.
Les titres-services comme avantages extralégaux ?
Mais Federgon ne se laisse pas démonter. La fédération a aussi en vue l’élargissement du système à d’autres tâches que le nettoyage et le repassage: travaux de jardinage, et petits travaux de bricolage pourraient ouvrir davantage le système aux sans-emploi de sexe masculin. Enfin Federgon rêve également de joindre lestitres-services à l’ensemble des avantages extralégaux accordés par les entreprises à leur personnel, comme les chèques-repas.
Le système semble ainsi encore loin d’avoir atteint ses limites. Dans certaines communes de la périphérie anversoise et bruxelloise, toutefois, les entreprises du secteurcommencent à se plaindre sporadiquement de ne plus trouver de candidats travailleurs. La main-d’œuvre qualifiée ne manque certes pas, mais il s’agit plutôt d’unproblème de mobilité : la plupart des candidats travailleurs n’ont pas de véhicule et certains quartiers, de villas par exemple, sont très mal desservis par les transportsen commun.
D’après De Morgen et De Standaard