La proposition émane du président des libéraux flamands, Bart Somers. Pour lui, il n’est pas normal que tant de postes pour des fonctions critiques restent inoccupéssans que le nombre de demandeurs d’emploi ne diminue.
Bart Somers n’a pas fixé de durée précise mais il a évoqué une durée de trois ans maximum sur les ondes de la VRT radio. Passé cettedurée, le chômeur se verrait rayer du chômage et devrait se tourner vers un CPAS pour demander un revenu d’intégration. En revanche, les allocations de chômageseraient un peu plus élevées.
Pour Bart Somers, il s’agit de s’inspirer du modèle scandinave. Celui qui perd son emploi aurait droit à une allocation de chômage plus élevée, qui seraitfonction du nombre d’années pendant laquelle il a « contribué au système », traduisez : occupé un emploi. L’accompagnement du demandeur d’emploi serait intense dèsles premiers jours. En revanche, passé un certain délai, qui pourrait également dépendre de la durée de travail antérieure, le chômeur perdrait sondroit aux allocations, « sauf s’il fait suffisamment d’efforts pour retrouver du travail ».
Le système des allocations-chômage serait dès lors plus conçu comme un système d’assurance qu’un système d’aide sociale. Actuellement, le systèmeest un peu un mélange des deux, le montant des allocations étant notamment lié à la situation familiale (isolé ou non). Enfin, le VLD estime que les allocationsdevraient uniquement être payées par l’administration et non plus par les syndicats. Les libéraux flamands soulignent que depuis des années, l’Union européenne, leFMI et l’OCDE conseillent à la Belgique de limiter les allocations de chômage dans le temps. La Belgique est le seul pays à ne pas imposer une telle limitation. En Europe, ladurée maximale varie de 4 mois en Espagne à 65 mois aux Pays-Bas. La plupart du temps, le nombre d’années prestées influence la durée du droit au chômage.Chez nos voisins du Nord, les 65 mois ne sont d’application que pour ceux qui ont travaillé 40 ans et plus. Chez nous, en Wallonie, un chômeur sur cinq est sans emploi depuis plus de 60mois. En Flandre, la proportion est de 1 sur 13.
Réactions
Dès le jour de sa formulation, la proposition libérale a été commentée, dans l’ensemble plutôt négativement, par la plupart des partis politiques.Avec ceci, Bart Somers a été au-delà de ce que le VLD et Vivant avaient approuvé lors de leur congrès socio-économique commun en mai 2005. Pasétonnant dès lors qu’en premier, le partenaire Vivant ait rejoint le camp des protestataires. Pour leur président Roland Duchâtelet, « forcer les gens à travaillercontre leur gré ne produit rien. Cela contribue seulement à rendre la société plus aigrie. La réalité, c’est qu’il n’y a tout simplement pas assez de travailpour tout le monde, et que cela n’a pas de sens d’obliger quelqu’un à faire un travail dont il ne veut pas. On met les demandeurs d’emploi sous pression et ceux-ci doivent soudain aller seprésenter partout. Mais combien d’employeurs ont envie de voir débarquer des chômeurs qui se présentent pour un emploi contre leur gré ? » Pour RolandDuchâtelet, ce combat-là, qu’il associe à celui de Frank Vandenbroucke, ministre flamand de l’Emploi (SP.A) « est un combat d’une autre époque. »
Parmi les autres partis politiques, seule la N-VA s’est exprimée positivement sur la proposition de Bart Somers. Pour le président du PS, Elio Di Rupo, « il faut avant tout rendre letravail financièrement plus attirant, et augmenter la sécurité d’existence plutôt que de la réduire ». Pour Johan Vande Lanotte, président du SP.A, il fautmettre l’accent sur l’accompagnement et la formation des demandeurs d’emploi. Le partenaire des socialistes flamands, Spirit, est, lui, plus nuancé : « Nous ne voulons pas ouvrir de chasse auxchômeurs, souligne le président Geert Lambert, mais personne ne doit avoir le droit de refuser de participer, à moins d’avoir des raisons impérieuses pour le faire. » Maispour Spirit également, « pas question de rayer des chômeurs du système uniquement parce qu’un certain délai s’est écoulé ». Quant au CD&V, il aévité de s’exprimer sur le sujet. Enfin si les patrons sont plutôt favorables dans l’ensemble (Voka et Unizo), du côté des syndicats c’est clairement non. Pour laFGTB, la proposition du VLD « peut seulement aller dans le sens d’une augmentation de l’exclusion et de la pauvreté ». Pour la CSC, « si le VLD veut appliquer le modèle scandinave, c’estune excellente nouvelle, à condition qu’il l’applique entièrement et non seulement le volet qui concerne l’exclusion. »
D’après De Morgen et De Standaard