Selon des chiffres publiés par le Vlaams Steunpunt Algemeen Welzijnswerk (VSAW), en Flandre, plus d’un sans-logis sur quatre est désormais un immigré. Ce chiffrereprésente un triplement en vingt ans, et presque un doublement en deux ans. Parmi ces SDF, un grand nombre de femmes, et même de jeunes filles : elles représententdésormais un tiers de la population des sans-abri; 11 % d’entre elles ont « cherché un certain temps » avant de réussir à être accueillies et 6% d’entre elles ontmême vécu quelque temps dans la rue, une situation impensable il y a encore quelques années.
Le nombre de non-Belges sans abri dans notre pays est passé de 9 à 27 % entre 1982 et 2004. En 2002, ils n’étaient encore que 15 %. Selon Gerard Van Menxel, du VSAW, ils’agit, pour la plupart, de personnes originaires de pays extérieurs à l’Union européenne et ayant légalement droit de résider en Belgique. Les demandeurs d’asilene sont en effet pas repris dans ces données, puis qu’ils sont pris en charge par d’autres filières d’hébergement.
Une forte proportion de femmes
Comment tous ces immigrés en arrivent-ils là ? En fait, ils cumulent déjà au départ plusieurs facteurs de risques : ils sont plus souvent qu’à leur tourexclus du marché du travail et de l’accès à un logement. Mais les communautés immigrées ne sont-elles pas plus solidaires que les autres ? Selon Helen Blow, duVSAW, « cette solidarité ne vaut que pour ceux qui restent dans le droit chemin. Beaucoup de sans-abri immigrés sont des femmes. Le choc des cultures – mariagesforcés, répudiations, violences conjugales – jouent un rôle dans cette histoire. » Dans les huit maisons d’accueil pour femmes battues gérées par leVSAW, les femmes immigrées sont même en majorité : 53 %. Ces maisons, qui comptent actuellement 311 lits en Flandre, sont chroniquement débordées et doivent refuserun bon tiers des demandes.
Pour Helen Blow, c’est l’augmentation de la violence conjugale et des conflits familiaux qui explique la féminisation de la population des sans-logis : « Cela paraît encontradiction avec l’émancipation de la femme, qui a rendu la femme plus indépendante économiquement, mais la violence conjugale est en augmentation. Parce que le seuil detolérance à l’égard de l’autre est de plus en plus bas, mais aussi parce que le recours à la violence est de plus en plus systématique. » Par contre, l’imageclassique de la mère de famille délaissée qui n’arrive plus à payer son logement ne se retrouve pas dans les statistiques. Seulement 7 % des sans-abri sont des femmesseules avec enfants. Selon Helen Blow, le nombre de femmes sans-logis en général est probablement même sous-estimé, car les femmes ont un plus grand réseau socialque les hommes et peuvent encore souvent être accueillies chez des amis ou au sein de leur famille.
Enfin, l’augmentation de la proportion de femmes SDF ne doit pas donner à penser qu’il y ait de moins en moins d’hommes dans cette même situation : rien qu’entre 2003 et 2004, ilssont passés de 4.745 à 5.360. Le VSAW demande dès lors au gouvernement flamand d’élaborer une stratégie globale pour régler ce problème dessans-logis. Le Parlement flamand a bien voté une résolution dans ce sens l’année passée mais, selon le VSAW, rien de bien concret n’en est jusqu’à présentsorti.