À défaut de la gratuité prônée par Steve Stevaert il y a trois ans, un certain « contrôle des coûts » est désormais de mise dansl’enseignement primaire flamand (cf. Alter Échos n°235 1). Mais il en va tout autrement dans le secondaire, où les coûts pour les parents ont toujoursété bien plus élevés. Et parfois les écoles sont sciemment chères pour viser un certain public.
Sur le forum ouvert par le quotidien flamand De Standaard sur le sujet, les réactions sont légion. De cette maman qui a payé quelque 450 euros rien qu’en livresscolaires pour ses deux lycéens de fils à cette autre qui a déjà dû débourser 14 euros pour une journée sportive, plus 35 pour les sorties culturellesde sa fille, qui rentre dans le secondaire. Dans ce dernier cas, les réductions nouvelles de coûts dans le primaire ont un goût un peu amer, et elle est loin d’être la seuleà réagir dans ce sens. Pour Joost Bollens, chercheur au Hoger Instituut voor de Arbeid de la KULeuven, « les pouvoirs publics ont fait le choix le moins cher. Rendre « sansfrais » l’enseignement secondaire coûterait autrement plus cher. » Le ministre en charge de l’Enseignement, Frank Vandenbroucke (SP.A), a pourtant déjàprocédé à quelques ajustements. Ainsi les critères d’obtention de bourses d’études ont été assouplis. Et les écoles ont reçu 250 eurospar élève étudiant dans une filière correspondant aux fonctions critiques de la liste du VDAB.
À petits pas
Frank Vandenbroucke est en train d’examiner des pistes supplémentaires pour réduire le coût des études secondaires, dans l’optique de l’accord de gouvernementrégional, lequel prévoit de fixer un montant maximum à la contribution des parents. Une des possibilités serait de commencer par les activités extra-scolaires. Undes problèmes rencontrés pour régler le problème est la très grande disparité constatée entre les écoles. Une première différenceconcerne le type d’enseignement. Ainsi, les élèves qui sont dans une filière de boulangerie ou de boucherie doivent participer au coût des ingrédientsutilisés pour les travaux publics et, d’une manière générale, les élèves du technique et du professionnel doivent payer plus que ceux dugénéral. Mais même dans un type d’enseignement identique, les différences ne sont pas minces d’une école à l’autre. Un exemple au collège duSacré-Cœur de Waregem : les élèves doivent débourser 5,25 euros pour leur agenda scolaire et 0,05 euro par photocopie. Les manuels scolaires sont vendus par lesprofesseurs au tarif librairie, ce qui correspond au souci de transparence du gouvernement flamand. Mais le prix des excursions, par exemple, ne peut pas être connu en débutd’année, les professeurs ne sachant pas encore à ce stade où ils emmèneront leurs élèves.
Aussi une stratégie d’exclusion
Pat Kussé conseille pour le compte de la municipalité les écoles de la ville d’Anvers en matière de lutte contre l’exclusion, tous réseaux confondus. Il a doncaccès à un grand nombre de données chiffrées et il confirme le constat : les différences sont considérables d’une école à l’autre. Et lecliché selon lequel les écoles catholiques seraient systématiquement plus chères ne tient pas. Il y a de grandes différences au sein de tous les réseaux.Plus ennuyeux : certaines écoles sont chères parce que leur public appartient en grande majorité à une certaine élite.
« Ces élèves n’ont aucun problème à payer tous les frais. Mais à la longue, ces écoles tendent à oublier que pour une partie de leur population,l’addition risque de poser un problème », souligne Pat Kussé qui va même plus loin : « Certaines écoles utilisent les frais comme mécanisme d’exclusion.Les frais scolaires élevés sont un moyen de maintenir à l’écart certaines populations moins favorisées. »
Même son de cloche auprès de l’Asbl SOS Schulden op School (« SOS Endettement à l’école »), qui milite pour davantage d’attention aux plusdéfavorisés au sein de l’école. Pour son coordinateur Roger D’Hondt, « Dans certaines écoles, les frais font partie intégrante d’une stratégied’exclusion à l’égard des moins favorisés ».
D’après De Morgen et De Standaard