Inge Vervotte (CD&V), la ministre flamande de l’Aide sociale, a l’intention de créer 3.000 places supplémentaires pour l’accueil de la petite enfance au coursdes deux prochaines années : 1.000 en 2006, le solde en 2007. Le gouvernement flamand a prévu pour ce faire une enveloppe budgétaire de 6,6 millions d’euros. La ministrecompte également instaurer, à titre expérimental, un système de guichet unique pour les parents, des structures qui pourraient proposer à ceux-ci différentessolutions de prise en charge de leurs enfants. Le secteur applaudit cette mesure… mais pas toutes les solutions alternatives qui sont envisagées.
La Flandre, contrairement aux Régions wallonne et bruxelloise, est plutôt bien lotie en termes d’accueil de la petite enfance : 346 places pour 1.000 enfants de moins de 3 ans,selon la ministre, alors que la norme européenne est de 333. Au total, la région compte 94.694 places. En début de législature, le gouvernement actuel en avait promis5.000 nouvelles. C’était déjà moins ambitieux que les 1.500 places nouvelles par an réalisées par l’équipe précédente. Les 3.000nouvelles places constituent le premier pas du gouvernement Leterme vers la réalisation de son objectif.
La répartition de ces places, entre crèches, accueillants d’enfant, ou encore accueil dans le cadre scolaire, n’est pas encore déterminée. Mais une choseest sûre : la priorité sera donnée aux grandes villes, là où les besoins sont les plus criants. Une carte des « zones blanches » de Flandre doit servirde référence, et il sera également tenu compte de la rapidité avec laquelle les structures peuvent être mises sur pied. La ministre a aussi proposé la mise enœuvre d’un système de guichets uniques, « Centra voor Kinderopvang » (CVK), qui centraliseraient toute l’offre d’une commune ou d’un groupement decommunes donné en matière d’accueil. Dans un premier stade, la mesure serait appliquée dans plusieurs communes pilotes, à titre expérimental.L’idée s’inscrit dans une volonté plus générale du gouvernement flamand de faire en sorte que l’ensemble de la politique sociale soit coordonnéeau niveau des communes.
Controverses sur les titres-services et les mini-crèches
Jan Peeters, qui dirige la coordination de l’aide à la petite enfance à Gand, approuve la création de ces guichets uniques. Pour lui, de tels centres pourront rendre lesecteur plus transparent. Actuellement, il n’est pas rare que des parents ou même de futurs parents s’inscrivent à trois endroits différents, voire plus, par peur desfiles d’attente. Mais selon une étude préalable réalisée par Kind en Gezin, équivalent flamand de l’ONE, s’il ne devrait pas êtrecompliqué de mettre sur pied une telle structure, l’organiser au quotidien devrait être une autre paire de manches. Car des institutions, aujourd’hui très autonomes ettrès différentes dans leurs approches, ou même leurs fondements idéologiques, devraient désormais collaborer : indépendants et secteur du non-marchand,communes et asbl. L’arrivée éventuelle du système des titres-services dans le secteur (voulue par les libéraux mais jugée aujourd’hui tropcoûteuse par les socialistes) pourrait de surcroît envenimer les relations entre les uns et les autres. Quant aux mini-crèches, encouragées par la ministre (leur dotationannuelle par enfant passe de 400 à 500 euros), elles sont aussi fort contestées, jugées peu viables et plutôt destinées aux plus favorisés.
Le Vlaams Welzijnsverbond, organe des employeurs du secteur approuve, lui aussi, par la voix de son directeur Frank Cuyt, l’initiative, mais, dans le même temps souligne que la chargede travail, déjà limite, des acteurs du secteur, risque encore d’augmenter. Cette charge est liée au nouveau statut des familles d’accueil, statut qui lesprotège davantage qu’auparavant, mais leur impose également des charges administratives supplémentaires. Ce constat est confirmé par une étude du HogerInstituut voor Arbeid de la KUL (Hiva), étude commandée par Kind en Gezin.
Quant aux 3.000 places supplémentaires promises, Frank Cuyt est encore plus sceptique. Selon lui, l’accueil à l’enfance dépend avant tout d’un grand nombred’initiatives privées. Et trouver des personnes prêtes à faire ce type de travail et des lieux adéquats pour l’exercer est de plus en plus difficile.