À Flémalle, la Maison des Hommes1 (société immobilière de service public) a entrepris la rénovation des 362 logements de la cité des Trixhes. Leshabitations, construites sur deux phases, en 1979 et 1982, souffrent d’un vice de construction : « Ce sont des bouteilles thermos, résume le pýésident Raymond Flagothier. Ily a de gros problèmes d’humidité qui sont apparus directement après la construction. Ces logements sont des véritables catastrophes point de vue viabilité ».Une dizaine d’appartements n’ont jamais été habités et, aujourd’hui, près du tiers des logements sont inoccupés. Le programme deréhabilitation, en 5 phases, vise à redonner vie et gaieté aux cinq quartiers de la cité (Voisinages Allard, Bayard, Guichard, Renaut et Richard). Le coût totals’élève à 520 millions, sur fonds propres de la société.
15 ans de procès
Raymond Flagothier explique que « tous les châssis extérieurs sont affleurants dans les façades, ce qui facilite les entrées d’eau ». Il ajoute que « les isolationsthermiques provoquent rapidement de la condensation et favorisent l’apparition de moisissures sur les murs ». Dès 1982, la Maison des Hommes a intenté un procès devant letribunal de Liège aux firmes et bureaux d’études (aujourd’hui faillis) responsables du chantier : le procès a duré… 15 ans et la société delogement a finalement été déboutée en 1997 sans dédommagement, malgré tous les recours en appel utilisés. Étonnant ? « Le tribunal adésigné et suivi les conclusions d’un expert, explique le directeur, Roland Welliquet. Pourtant, l’université de Liège a constaté les vices deconstructions pour le programme actuel de réhabilitation ». Le directeur précise que « les locataires ne sont pas restés dans les habitations humides : ils ont étérelogés ailleurs ». La Maison des Hommes estime la perte financière à 500 millions (1,5 à 2,5 millions pour rénover chaque logement – selon leur état dedélabrement), sans tenir compte de la perte du revenu locatif (5.500 francs par mois en moyenne).
Sur la base des solutions techniques proposées par l’Université de Liège, la réhabilitation a débuté en 1997, avec la rénovation lourde de 37logements inoccupés : déshabillage des habitations jusqu’à l’ossature, nouvelles toitures et revêtements de façades, châssis extérieurs,menuiseries intérieures, sanitaires, électricité, chauffage et carrelage. Le chantier sera terminé au début 2002. En 1999, la société a aussiremplacé 119 chauffages électriques par des chauffages au gaz et en 2000, elle a rénové 64 toitures (44 supplémentaires seront également remplacées).Le coût des travaux s’élève à 375 millions sur fonds propres. « Les locataires sont satisfaits, note Roland Welliquet. Certains étaient d’abordréticents pour les travaux de remplacement du chauffage, mais aujourd’hui, ils se réjouissent de la diminution de consommation d’énergie et du confort de la chaleurau gaz ».
Partenariat communal
Au mois de septembre, la rénovation moyenne de 99 appartements (9 grappes de 11 logements) a commencé pour un prix de 70 millions. Le chantier, de deux ans, compte le remplacement deschâssis extérieurs, le déshabillage puis le revêtement des façades avec isolant et briques de parement, et la rénovation du réseaud’égouttage : « La nouvelle peau extérieure des logements corrigera les ponts thermiques », explique le président. Un partenariat avec la commune de Flémalle viseaussi le rafraîchissement des plantations. Enfin, la Société wallonne du logement a notifié la possibilité d’un crédit de 75 millions pour poursuivre laréhabilitation. L’octroi du crédit est conditionné à une étude sociologique auprès des locataires sur l’organisation de l’espace, lasécurité, la salubrité publique… La Maison des Hommes désire que « la cité des Trixhes retrouve une joie de vivre ». Et d’insister : « Hormis lesbâtiments, la cité, proche du centre culturel, du complexe omnisports et de l’autoroute, est vraiment une réussite : elle compte de nombreux espaces verts,piétonniers et espaces de jeux pour les enfants ». Malgré le fiasco de la construction et les 100 logements inoccupés, Raymond Flagothier assure qu’ »il n’y a pas plusd’insécurité ni de vandalisme que dans les quartiers privés de Flémalle ».
1 Maison des Hommes, Les Marnières, 44 à 4400 Flémalle, tél. : 04 75 65 15.
Archives
"Flémalle : la Maison des hommes déshabille les bouteilles thermos"
Baudouin Massart
22-10-2001
Alter Échos n° 107
Baudouin Massart
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