Les organismes à finalité sociale (OFS) mettent en œuvre des actions locales dans une perspective de développement durable. Un changement de cap qui doit surmonter certains obstacles. Le processus vers un logement alternatif est lent. Et surtout, la notion d’habitat durable est devenue un lieu commun : chaque acteur l’utilise à son entendement. L’asbl Habitation et Participation propose quelques pistes.
Ce vendredi 8 juin, le forum régional Elis du Fonds du logement wallon (FLW)1 a réuni tous les acteurs associatifs pour discuter développement durable. Les agences immobilières sociales (AIS), les associations de promotion du logement (APL) et les régies des quartiers (RDQ) ont tenu à valoriser leurs expériences. La brève introduction des OFS du Nord Luxembourg donne le ton local de la conférence. Si chacun présente son projet en lice au fonctionnement du FLW, de nouvelles initiatives apparaissent à la demande du public-cible, les ménages à revenus modestes. Le directeur de Clair et Net, Claude Premane, se penche dorénavant sur le « déménagement social ». Il explique : « Depuis peu, l’asbl cherche à aider à l’aménagement et au déménagement des personnes à faible revenu, sans recours au soutien familial. Un accompagnement autour duquel s’organise un réseau de relations ». Autre initiative du Miroir vagabond (APL en milieu rural), qui mise sur la créativité comme facteur d’intégration. Son représentant, Benoit Roels, commente : « On rénove actuellement l’hôtel de la gare à Melreux. Un subside de 200 000 euros nous a été octroyé par le ministère du Développement durable ».
Quant à la représentation des secteurs, les exposés sont plus engagés. Tant pour le porte-parole des APL, Etienne Pourbaix que pour celui des AIS, Robert Noirhomme, les OFS manquent de reconnaissance dans la chaîne de l’habitat durable. Etienne Pourbaix estime être le parent pauvre du logement : « On n’est pas assez reconnu pour nos compétences dans le long terme ». Le président des AIS se veut plus vindicatif, en se référant au rapport annuel de la Région wallonne. Pour lui, il manque cruellement d’interactions entre les différents acteurs. Malgré d’autres problèmes pointés (la concurrence ou la difficulté de créer des AIS), il se réjouit de la concertation au niveau local vers le « durable ». Candice Frère, représentante des RDQ, insiste sur la transversalité des asbl. Elle se montre plus positive : « Les RDQ ont accepté de s’intégrer au Plan Marshall 2.vert. Une démarche importante vers le développement durable ».
Du politiquement correct au « vrai habitat durable »
Utilisée à tort et à travers, la notion de développement durable peut devenir un danger pour la société, selon Pascale Thys pour l’APL Habitat et Participation. Si on est tous d’accord sur le fait de combler nos besoins sans détruire le reste, une confusion sur le « comment » subsiste. « Du développement durable découle un mouvement opportuniste pour les financiers. Le terme est devenu ambigu. Certains vont jusqu’à réaliser du capitalisme vert sous le couvert du développement durable. » Pour elle, le concept s’envisage sous la vision systémique des trois composantes (économie, environnement et social). À l’inverse de la compréhension linéaire habituelle (« forme d’une check-liste »), elle propose un travail schématique intégré. Elle évoque par exemple l’autoconstruction accompagnée : les matériaux durables et locaux sont achetés dans une entreprise à finalité sociale composée d’ouvriers en formation et selon une logique coopérative.
Pascale Thys présente des pistes concrètes, notamment l’intermédiaire entre le locataire et le propriétaire : « Il existe une façon d’être responsable qui n’est ni celle de celui qui loue, ni de celui qui possède. Une nouvelle place existe ». Autre exemple : les subsides. Elle encourage à les penser à long terme : « Un couple met cinq ans pour retomber sur ses pattes après un problème. Où est donc la logique des baux locatifs ? » Elle interpelle également en posant la question des limites : « Les règles en Wallonie permettent-elles vraiment d’appliquer l’habitat durable solidaire ? ». Elle évoque d’autres idées en termes de solidarité et de responsabilité, elles aussi basées sur l’expérience. Face à cette question du « vrai développement durable », les OFS tentent à leur manière l’expérience au quotidien. Meubles recyclés, potager collectif ou formation à l’écométier, les idées vertes se développent, lentement, mais sûrement.
1. FLW :
– adresse : rue de Brabant, 1 à 6000 Charleroi
– tél. : 071 20 77 41
– courriel : OFS@flw.be
– site : http://www.flw.be