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Emploi/formation

Formation en alternance: une histoire de titres et d’homologation

Après l’institution de l’Offa et du contrat unique, on pensait que la formation en alternance avait mis les gros dossiers derrière elle. C’était compter sans deux autres problèmes: l’équivalence des titres obtenus auprès d’opérateurs différents et l’homologation de ceux décernés par l’Ifapme et le Sfpme…

Electricien, un des métiers branchés aux formations en alternance.

Après l’institution de l’Office francophone de la formation en alternance (Offa) et du contrat unique, on pensait que la formation en alternance avait mis les gros dossiers derrière elle. C’était compter sans deux autres problèmes: l’homologation des titres décernés par l’Ifapme et le Sfpme ainsi que leur équivalence par rapport à ceux décernés par les Cefa.

Plus que quelques petits coups de reins pour la formation en alternance? À bien y regarder, ce sont deux bonnes grosses ruades dont l’ensemble des différents niveaux de pouvoir concernés auront besoin avant d’atteindre l’«excellence» prônée par tous. Pour rappel, la formation en alternance est caractérisée par un morcellement impressionnant. Plusieurs opérateurs sont actifs. Tous relèvent de niveaux de pouvoir différents. Les centres d’enseignement et de formation (Cefa) dépendent de la Communauté française. L’Institut wallon de formation en alternance et des indépendants et PME (Ifapme), de la Région wallonne. Et le Service formation PME (SPME) de la Cocof.

Ce morcellement avait mené à des situations parfois absurdes. Les conditions d’apprentissage n’étaient pas les mêmes partout. Rétribution de l’apprenant, nombre de jours passés en entreprise constituaient autant de «détails» qui pouvaient varier d’un opérateur à l’autre. Deux chantiers ont été menés afin de résoudre ces problèmes. La création de l’Office francophone de la formation en alternance (Offa) tout d’abord. Mis en place fin 2015 – son contrat de gestion serait en cours de rédaction –, celui-ci est censé venir instaurer un peu de cohérence entre les différents opérateurs. Pour ce faire, une plate-forme de l’alternance gérée par l’Offa verra le jour. Son rôle sera notamment de mettre en relation l’offre et la demande de formation. Et de centraliser les agréments des entreprises censées accueillir les apprenants. Le deuxième chantier concernait la création d’un contrat unique – commun à tous les opérateurs – pour les apprenants. En place depuis le 1er septembre 2015, il est supposé uniformiser les droits et obligations de ces derniers.

Concernant l’équivalence, les titres délivrés par l’Ifapme et le Sfpme n’ouvrent toujours pas les mêmes effets de droit que le certificat de qualification des Cefa.

Malgré cela, deux cailloux sont encore coincés dans les rouages du grand rassemblement de la formation en alternance: l’homologation des titres décernés par l’Ifapme et le Sfpme ainsi que leur équivalence par rapport à ceux décernés par les Cefa. Concernant l’équivalence, les titres délivrés par l’Ifapme et le Sfpme n’ouvrent toujours pas les mêmes effets de droit que le certificat de qualification des Cefa. Un projet d’arrêté a bien été mis sur la table afin «que tous les jeunes sortis de l’alternance puissent bénéficier du CE6P1», d’après le cabinet d’Éliane Tillieux (PS), la ministre wallonne de la Formation. Mais pour Didier Gosuin (FDF), ministre Cocof de la Formation, «cela renâcle un peu du côté de la Communauté française».

Des milliers de jeunes ayant obtenu des titres Ifapme/Sfpme en 2014, 2015 et 2016 attendent toujours que leur titre soit homologué.

Décerner le CE6P aux élèves de l’Ifapme ou du Sfpme leur permettrait notamment de disposer de passerelles vers la 7e professionnelle. Mais cela amputerait aussi la Communauté française d’une de ses prérogatives. Du côté du cabinet de Marie-Martine Schyns (CDH), on admet que le dossier n’est pas évident, même si on déclare «le porter». «Il faut faire en sorte que tout le monde comprenne qu’il n’y a pas de position concurrentielle entre les opérateurs», enchaîne le cabinet. Avant de préciser que le projet d’arrêté est pour l’instant soumis à la négociation avec les réseaux et les syndicats.

Deuxième problème: celui de l’homologation. La commission d’homologation des titres Ifapme/Sfpme, dépendant de la Communauté française, a été dissoute. Détail cocasse: au cabinet de Madame Schyns, on déclare ne plus très bien savoir pourquoi. Ce qui ne change rien au problème: des milliers de jeunes ayant obtenu des titres Ifapme/Sfpme en 2014, 2015 et 2016 attendent toujours que leur titre soit homologué. «8.100 titres ont été délivrés par l’Ifapme depuis la dissolution de la commission», illustre-t-on du côté de Madame Tillieux. À la Cocof, on parle de 876 titres en 2014 et 875 en 2015. Le cabinet Schyns le promet: la commission va être reconstituée et le retard devrait être comblé pour juin 2017…

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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