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Regard critique · Justice sociale

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Formation pour adultes : Comment s’adapter aux nouveaux publics ?

Ce 27 août, le CUNIC (Centre universitaire de Charleroi)1 clôturait sa 9e Université d’été des formateurs d’adultes. Durant lamatinée, les orateurs ont démontré à quel point était difficile la « prise en compte des caractéristiques du public en formation et du climatd’apprentissage ». Coup d’oeil sur des enjeux similaires à ceux rencontrés dans l’enseignement. Les publics et enjeux ont changé, et l’employabilité a supplanté lapromotion sociale.

14-09-2004 Alter Échos n° 170

Ce 27 août, le CUNIC (Centre universitaire de Charleroi)1 clôturait sa 9e Université d’été des formateurs d’adultes. Durant lamatinée, les orateurs ont démontré à quel point était difficile la « prise en compte des caractéristiques du public en formation et du climatd’apprentissage ». Coup d’oeil sur des enjeux similaires à ceux rencontrés dans l’enseignement. Les publics et enjeux ont changé, et l’employabilité a supplanté lapromotion sociale.

Nouveaux publics et employabilité

En ouverture, Mejed Hamzaoui, chargé de cours à l’Institut du travail de l’ULB, a brossé un tableau du profil et de la catégorisation des chômeurs enformation continue.  » Avant, rappelle-t-il, elle s’inscrivait dans une structure professionnelle et une volonté de promotion sociale. Le modèle a été remis en causepar la montée du chômage, la précarité et la crise économique.  » Les publics ont aussi changé : on est passé de l’ouvrier industriel à unpublic hétérogène, surtout composé d’ayant droits. Parallèlement, s’est opéré un glissement d’une logique de droit à laformation à une logique de devoir de gérer sa formation tout au long de la vie. Cette dernière est cadrée par trois pistes européennes : la référenceaux besoins de l’économique devient de plus en plus importante ; puis suit l’employabilité ; et , enfin, vient la valorisation de l’individu autonome et responsable desa propre compétence.

L’intervenant est revenu plusieurs fois sur cette  » volonté d’employabilité « , qui force l’apprenant à s’inscrire dans une logique « d’inséré permanent « , avec le risque de se décourager et de s’enfoncer dans le chômage.  » Or, l’insertion-employabilité ne dépasse pas lemaximum de 1/3, dit-il. Et encore, il est difficile de savoir si l’insertion est précaire ou durable, de connaître le statut de l’inséré et la qualité del’emploi.  » Et de souligner que  » faute d’emplois pour beaucoup, on insère les gens dans des formations. « 

Temps, rapports et motivation

La gestion de la temporalité dans la formation constituait l’exposé de Jean Foucart, chargé de cours à la Haute école de Charleroi Europe. Enrésumé, les apprenants pourraient se diviser en deux grandes catégories. Les premiers auraient un rapport rationnel ou intentionnel (obtenir un emploi) à leur formation.Plus qualifiés, ils ont une conception opératoire du temps (action privilégiée), qui correspond à la vision des institutions. Les seconds, moins qualifiés,ont un rapport occupationnel (passe-temps), imaginaire (formation assimilée au travail) ou disciplinaire (contraint) à la formation. Leur rapport au temps est existentiel (vécude la personne), or cette approche est rejetée par le discours dominant.

Pascal Laruelle, formatrice au CIFFUL (Centre interdisciplinaire de formation de formateurs) de l’ULg, elle, a pointé les obstacles – variables suivant le contexte – dans lesrelations apprenants-formateurs : les apprenants captifs de leurs institutions (formation imposée) ; l’effet miroir des apprenants – ils cherchent les failles du formateur – ; ou encorela capacité du formateur à incarner sa formation ( » Pratique-t-il ce qu’il enseigne ? « ).

Pour sa part, Monique Jehin, de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’ULg, s’est penchée sur la motivation des élèvesdans l’enseignement, dont les résultats sont extrapolables aux adultes. La démotivation des élèves est surtout la conséquence d’une successiond’échecs. Côté motivation, l’intervenante épingle les attentes positives de l’enseignant ou les enseignants qui  » prennent le temps « . Quant aumécanisme de la motivation, elle cite Viau (1997) :  » La motivation est un concept dynamique qui a ses origines dans la perception qu’un sujet a de lui-même et de son environnementet qui l’incite à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer dans son accomplissement d’atteindre un but. « 

Former ? Pour que faire ?

Présentes dans la salle, plusieurs formatrices ou représentantes d’institutions sont intervenues lors des débats. Certaines ont évoqué le manqued’autonomie des stagiaires en formation individualisée. D’autres se sont interrogées sur l’utilité d’encore former des stagiaires ou surl’orientation à prendre : la (re)construction de la personne ou son employabilité ?

1. Centre universitaire de Charleroi – CUNIC, av. Général Michel 1B à 6000 Charleroi – tél. : 071 65 48 30 – fax : 071 32 86 76 – courriel :cunic@cunic.be

Baudouin Massart

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