Un fonds commun de placement constitué d’actions d’entreprises respectant les interdits de la charia, à destination d’un public musulman. Cela existait àl’étranger mais pas chez nous. Le bancassureur Fortis l’a fait. Et ailleurs à l’étranger, on voit déjà plus loin…
Les musulmans ne peuvent en principe pas payer ni percevoir d’intérêts. Rien ne les empêche par contre de placer leur argent en actions, mais là, encore faut-iléviter les entreprises actives dans des activités qui seraient contraires aux valeurs de l’islam. Fortis a lancé en janvier la première sicav belge halal,c’est-à-dire respectant les interdits de la charia, la loi islamique. Baptisé « Fortis B Fix 2008 Islamic Index 1 », c’est un fonds plutôt peurisqué, dont la mise de départ est garantie et dont la rentabilité est liée à l’indice halal « Dow Jones Islamic Market Titans 100 ».
Cet indice est contrôlé par la DJIM Sharia Supervisory Board et est composé d’une centaine de multinationales qui certifient qu’elles ne sont pas actives dans ladistribution d’alcool, de tabac, de viande de porc, le commerce des armes, l’industrie du sexe ni… le crédit. La porte-parole de Fortis, Hilde Junius, confirme que ce fonds aété créé pour répondre à une demande persistante de la clientèle et précise, si c’était nécessaire, que n’importe quipeut y souscrire, comme pour n’importe quel autre produit financier. Il n’a toutefois pas été proposé dans toutes les agences du groupe, mais dans 80 succursales sur1 200, essentiellement à Bruxelles, Anvers et Gand (la période de souscription de ce premier fonds a en fait été clôturée au 31 janvier).
Un produit appelé à se développer
Sans avoir de chiffres précis, du fait de la législation sur la protection de la vie privée, Fortis estime à 70 000 le nombre de musulmans au sein de saclientèle. En tant qu’opérateur international, Fortis est aussi leader du marché des produits halal en Malaisie, via une joint venture avec Maybank, la plusgrande banque de Malaisie.
En réalité, le bancassureur n’a fait que suivre un mouvement qui s’amorce un peu partout ailleurs. Ainsi, BNP Paribas, la Deutsche Bank et Citigroup planchentégalement sur le sujet. Aux Pays-Bas, existe même une banque spécialisée dans les placements halal, la banque Bilaa-Riba (littéralement : « sansintérêts »). Toujours chez nos voisins du Nord, Rabobank et ABN Amro (cette dernière ayant acquis en 2007 la banque pakistanaise Prime Bank) préparent toutes deux desproduits financiers pour musulmans. Rabobank veut même aller plus loin et proposer des produits hypothécaires halal. Ce projet a le soutien de la municipalitéd’Amsterdam.
« Selon l’enquête de la Rabobank, sur le million de musulmans vivant aux Pays-Bas, 200 000 sont intéressés par les produits financiers halal. Si cetteproportion vaut pour Amsterdam également, 2,4 % de la population sont concernés », a déclaré le Collège de la ville. Et le ministre néerlandais desFinances, Wouter Bos (PvdA), compte bien encourager la création de ce type de produits.
En Belgique, les autres grands opérateurs n’ont pas pour l’instant de produits halal à proposer. ING étudie la possibilité de mettre sur pied unportefeuille d’actions halal mais propose actuellement aux musulmans un fonds composé d’actions d’entreprises menant une politique de développement durable.Chez Dexia et KBC, c’est cette dernière option qui est privilégiée. KBC affirme être leader dans plusieurs pays dans ce domaine, avec soixante-cinq formules de fondsdifférentes, dont la première a été introduite dès 1992. Mais pas de projet de fonds halal pour l’instant.
D’après De Morgen et De Standaard