Cela fait trois ans que Gaëlle Mejias est arrivée à l’Habitation jemeppienne comme assistante sociale. Engagée à plein temps sur fonds propres, pour remplacer l’assistante sociale qui partait à la retraite, Gaëlle a investi cette fonction de manière très active et couvert les différents axes prévus dans l’appel à projets lancé par le ministre wallon du Logement, Jean-Marc Nollet (Ecolo), pour la mise en œuvre d’un accompagnement social dans les SLSP. Un appel à projets dans lequel l’Habitation jemeppienne s’est insérée en 2013, Gaëlle Mejias rejoignant ainsi le pool des référents sociaux.
Concrètement, la toute jeune assistante sociale a, depuis son engagement en 2010, travaillé à l’accueil des nouveaux locataires, mais aussi à la mise en place d’un accompagnement et d’un suivi social de l’ensemble des habitants de l’Habitation jemeppienne qui se monte à 1380 logements, tous situés à proximité des bureaux de la société de logement. Elle a également travaillé à l’organisation d’actions communautaires visant à assurer une cohésion sociale plus forte au sein des différents blocs d’habitations.
Un dispositif d’accueil encadrant
Pour le volet « Accueil des nouveaux locataires », Gaëlle Mejias explique : « J’ai mis sur pied un dispositif qui me semble assez soutenant à l’occasion de l’arrivée de nouveaux venus. La première visite lors de l’entrée dans le logement avec les nouveaux locataires me permet de nouer le contact, de leur expliquer qu’ils peuvent m’appeler quand ils ont un problème et que je suis là pour les aider. Je suis souvent confrontée à des jeunes dont c’est le premier logement et qui ne savent pas comment s’y prendre. Par exemple, avec la libéralisation du marché de l’énergie, le choix de son fournisseur est beaucoup plus complexe qu’avant. Je les aide à bien comprendre les mécanismes. »
La référente sociale de l’Habitation jemeppienne a également mis sur pied une réunion d’information le mois qui suit l’arrivée de nouveaux locataires, lors de laquelle elle aborde toute une série de questions relatives à la pédagogie de l’habiter : « On parle des économies d’énergie, de l’entretien du logement, de l’obligation de prendre une assurance-incendie, du changement d’adresse qui doit être effectué rapidement. Je leur parle aussi de la nécessité d’honorer ses factures de loyer en temps et en heure. A cet égard, je travaille en collaboration étroite avec la juriste de la société de logement social : c’est elle qui gère le contentieux, mon rôle est de bien expliquer les conséquences d’un défaut de paiement et les différentes étapes qui vont se succéder s’ils ne paient pas : courrier d’avocat, mise en demeure, et finalement expulsion si aucun arrangement n’a pu être dégagé. J’attire aussi leur attention sur le fait que je peux les orienter vers la cellule énergie du CPAS ou encore vers un service de médiation de dettes si la situation est plus grave. »
Ce deuxième contact, Gaëlle Mejias le reconnaît, n’est pas toujours concluant car les locataires ne se déplacent pas forcément à cette réunion, « ce qui est dommage car cela permet de faire connaissance avec leur environnement, leurs voisins eux aussi arrivés il y a peu, et de partager les expériences de chacun en matière de logement : c’est toujours intéressant de pouvoir se confronter aux avis des uns et des autres et cela crée du lien, une certaine forme d’entraide qui pourra se prolonger dans la vie de tous les jours. Cela étant, lors de la réunion du mois passé, ils étaient quatre couples à s’être déplacés et la réunion a été très dynamique. »
Dernier maillon de ce dispositif d’accueil et de suivi des locataires : une visite de bienvenue, trois mois après l’arrivée. Gaëlle Mejias leur propose une date et se rend dans les logements pour compléter ce dispositif d’accueil : « Si la date ne convient pas, on trouve un autre moment, mais les locataires sont vraiment preneurs de cette rencontre. De mon côté cela me permet de voir s’ils sont bien installés, si le logement est bien entretenu, de recadrer certaines choses si je vois qu’il y a certaines situations à améliorer. » Au-delà de ces trois rendez-vous, l’assistante sociale reste à la disposition des locataires. Elle peut également être interpellée par les agents du service technique s’ils constatent des dégâts particuliers, par les aides familiales ou l’assistante sociale du CPAS qui suivent certains habitants et qui peuvent attirer son attention lorsqu’un locataire semble avoir besoin d’aide.
Des activités pour créer de la cohésion sociale
Depuis 2010, dans la droite ligne de la philosophie propre au travail de référent social, Gaëlle Mejias a mis sur pied un projet qui s’intitule « Mon logement j’y participe », auquel collaborent le comité consultatif des locataires et des propriétaires (CCLP) de l’Habitation jemeppienne, l’assistante sociale de la Régie de quartier et l’assistante sociale du Plan de cohésion sociale de Seraing, dont dépend Jemeppe-sur-Meuse. « Il s’agit d’un projet sur le long terme qui se développe quartier par quartier, à raison d’un à deux ans de travail pour créer une dynamique entre les habitants. On débute par un travail de porte-à-porte auprès des locataires. On leur soumet un questionnaire sur l’ambiance au sein de leur immeuble, leurs envies, leurs attentes en termes d’animation. Cela permet de prendre le pouls du quartier et ensuite de proposer de mettre sur pied certaines activités, comme un concours de balcons fleuris, une fête des voisins, l’organisation de rencontres par les locataires déjà installés à l’attention des nouveaux venus. Cela permet parfois de désamorcer des conflits de voisinage, de parler des difficultés relatives au vivre ensemble, comme le bruit, la propreté… mais surtout de créer un climat chaleureux et d’entente entre tous les habitants. » Le premier programme qui a été mené en 2011 et 2012 a été très concluant et elle entame cette initiative sur un nouveau quartier depuis le début de cette année.
La jeune fille fourmille d’idées, comme le fait d’impliquer davantage les concierges, qui sont ses yeux et ses oreilles sur le terrain. Son enthousiasme est palpable et le choix de travailler dans le secteur du logement n’a pas été un hasard puisqu’elle avait effectué ses stages dans ce domaine. Le fait d’avoir carte blanche de la part de la direction pour envisager de nouvelles actions, dans le respect des compétences et des interventions de chacun de services de la SLSP est également une source de satisfaction. Pour enrichir sa pratique, Gaëlle a également participé à une réunion avec tous les référents sociaux actifs sur la province de Liège : une première réunion a eu lieu en avril dernier, une seconde est prévue en juillet. Ces plates-formes sont organisées à l’initiative de la SWL (voir pages 10 et 11) « Lors de la rencontre d’avril, nous étions une douzaine de référents sociaux présents et nous avons partagé nos expériences respectives, présenté nos projets et échangé sur les points positifs et les aspects plus difficiles de ce travail de terrain. Il y a vraiment des approches assez diverses avec des mises en œuvre spécifiques en fonction des besoins, mais qui restent bien sûr dans la philosophie de cet accompagnement social pour les locataires. »
Depuis deux ans en Wallonie, les 68 sociétés de logement de service public (SLSP) se dotent l’une après l’autre d’un référent social, en quelque sorte un coordinateur social de la gestion locative. Dans ce numéro spécial Alter Échos dresse le portrait de ce dispositif qui se construit pas à pas, et continuera à mûrir.