Début septembre, un jeudi soir, Katie Van Cauwenberge1, coordinatrice de la politique de la Ville de Gand en matière d’asile et de réfugiés, apprendque l’Inspection du logement de l’administration flamande va, le lendemain, déclarer inhabitable et faire fermer un bâtiment de huit appartements dans un quartierimmigré. Elle a 24 heures pour, avec son équipe, trouver des solutions d’urgence pour 38 demandeurs d’asile.
Ce n’est pas un exemple isolé. Entre avril 2002 et 2003, l’inspection flamande du logement s’est penchée sur 57 bâtiments gantois. Elle a ainsiété amenée à dresser des procès verbaux pour 135 unités d’habitation (chambres, studios, appartements, maisons unifamiliales) à haut risque, quece soit d’électrocution, d’explosion, d’incendie, d’empoisonnement au CO, de manque de stabilité. Soit près de 300 habitants concernés.L’ambition des autorités dans ces actions est de lutter contre la dégradation des quartiers et contre les marchands de sommeil. Cela devait immanquablement poser la question del’accueil d’urgence.
Les enfants de marins font place aux demandeurs d’asile sans logis
Au début de l’année, l’administration communale gantoise a décidé de réaffecter à cet accueil d’urgence un vieux couvent, jadisutilisé comme internat pour les enfants de marins. Comme on parle ici surtout de familles avec enfants, on a choisi de rénover sous forme d’appartements spaciaux dotésd’une salle de bain adaptée à un usage familial, mais sans oublier des chambres pour des couples ou des personnes isolées. Avant la mi 2004, cette ICA (Initiative communaled’accueil) sera prête à héberger une cinquantaine de demandeurs d’asil qui résident à Gand en ordre de séjour.
En plus d’offrir un logement, il s’agit aussi d’apporter une assistance en nature : nourriture, vêtements, soins médicaux et conseils juridiques. Le versementd’un revenu d’intégration sociale ou d’une allocation d’aide sociale est suspendu pendant la période d’hébergement : « Ce qui veut direqu’une partie des personnes à reloger refuseront de venir ici, reconnaît Katie Van Cauwenberge, mais pour d’autre cela peut s’avérer un stimulant pour retrouverrapidement un autre logement. »
La longueur maximale du séjour dans ce centre d’accueil d’urgence est de six mois. Pour un relogement plus durable, les demandeurs d’asile peuvent compter sur l’aidede l’équipe de coordination, qui s’efforce de les faire revenir dans le logement qu’ils ont dû quitter. « Il est important pour nous que ces logementsdéclarés inhabitables arrêtent de se dégarder et soient rénovés. Il faut qu’ils reviennent le plus rapidement possible sur le marché et soientutilisés » affirme la coordinatrice.
Mais elle reconnaît que bien souvent, une fois que la mesure d’inhabitabilité est levée, les personnes ne veulent pas retourner dans leur logement parce que la bonneentente avec le propriétaire est brisée. L’équipe essaie donc de travailler beaucoup sur l’amélioration des relations entre belges et demanderus d’asile.six de ses travailleurs sont issus du terrain rompus au travail de proximité et outillés pour prévenir les problèmes de cohabitation.
De fait, l’équiope joue aussi un rôle d’observatoire pour les autorités fédérales et communales, en faisant remonter informations et propositionsétauées par des situations concrètes. En novembre 2002, il résidait à Gand 4 747 demandeurs d’asile. 1 607 bénéficiaient d’une aide duCPAS gantois, 382 étaient pris en charge par un centre d’accueil ouvert, et 2 757 relevaient de CPAS d’autres communes.
ICA : un nouveau dispositif pour les grandes villes
Les nouvelles Initiatives urbaines d’accueil viennent compléter les ILA, les Initiatives locales d’accueil, mises en place par les CPAS et les communes. Il s’agit deservices d’accueil de première ligne des demandeurs d’asile qui viennent d’arriver sur le territoire belge
Et que les institutions fédérales envoient vers les CPAS qui ne prennent pas en charge assez de demandeurs d’asile. Les ICA sont intéressantes pour les CPAS dans lamesure où elles leur permettre de diminuer de 50 % le quota de demandeurs d’asile qui leur est assigné par le plan de répartition. « Notre projet n’est pas prisen compte dans ce cadre car ce n’est pas une initiative du CPAS mais de la Ville, et qu’il ne s’agit pas de gens qui sont seulement domiciliés sur notre territoire, mais quiy résident déjà au moment où nous les accueillons » explique la coordinatrice. Elle insiste sur le fait qu’une telle ICA aux demandeurs d’asile qui seretrouvent privés de logement ou d’hébergement, ce qui revient à de l’accueil de deuxième ligne. Certes l’administration fédérale demandequ’en situation de crise 20 % de la capacité soit libérée pour l’accueil de première ligne.
D’après la loi programme d’août 2002, les coûts de l’hébergement d’urgence peuvent en principe être réclamés auxpropriétaires, mais l’avenir doit encore prouver que ce paragraphe peut être appliqué fermement dans la pratique. C’est donc le fédéral qui financel’IUA, sous la responsabilité de Marie Arena, ministre en charge du portefeuille de l’Intégration sociale. Au niveau gantois même, c’est le bourgmestre, FrankBeke, qui est compétent pour l’accueil des demandeurs d’asile.
1. Coördinator stedelijk asiel- en vluchtelingenbeleid, Sint-Niklaasstraat 27/102 à 9000 Gent, tél. : 09 66 82 24, e-mail : katie.vancauwenberge@gent.be