Tel était le thème d’un colloque1 organisé ce 9 novembre à Bruxelles par les représentations des Comités suédois de Norrboten etVästerbotten, régions les plus septentrionales du pays – tellement au Nord qu’elles n’apparaissent pas sur les cartes météo téléviséesselon les organisateurs – et bénéficiaires de subventions dans le cadre du programme Objectif 1 à l’instar de la province du Hainaut. L’objectif poursuiviétait de présenter la manière dont le principe du gender mainstreaming se trouvait mis en œuvre dans les diverses dimensions des programmes ainsi financés par lesfonds européens.
Le gender mainstreaming
Pour rappel, le gender mainstreaming est un moyen – et non un objectif en soi, comme l’ont rappelé les participant-es – de renforcer l’égalité entrefemmes et hommes dans les politiques publiques. Il s’agit d’intégrer systématiquement besoins de et impacts différenciés sur les femmes et les hommes dans tousles domaines de l’action politique, plutôt que de les cloisonner dans le seul champ de l’égalité des chances. Ceci implique que l’ensemble des ministèreset pouvoirs publics mettent sur pied des processus décisionnels qui incorporent cette dimension dans leurs différents projets. Le gender mainstreaming est une politique mise enœuvre depuis 1994 par le gouvernement suédois, en vue de réaliser les cinq objectifs d’égalité définis par la loi2.
Des plans d’égalité dans l’entreprise
Parmi les différentes initiatives abordées au colloque, on pourra retenir JA3, un projet dont le but est d’assister les entreprises d’au moins dixsalarié-e-s à la mise en place de plans d’égalité entre hommes et femmes sur le lieu de travail. Concrètement, le projet consiste en des formationsdispensées à des représentant-e-s d’entreprises participantes, une assistance in situ des entreprises par des consultant-e-s spécialisé-e-s, la mise sur piedde réseau permettant l’échange d’expérience et l’évaluation régulière des mesures. Ces plans doivent couvrir au minimum les domaines del’environnement de travail, de la « parentalité », du harcèlement sexuel, de la formation, du recrutement et de l’égalité salariale.
Concevoir des politiques
Une représentante du gouvernement suédois a également présenté la méthode – sous la forme d’une grille – à partir de laquelle setrouve prise en compte la perspective de genre dans les projets entrepris par les pouvoirs publics. Celle-ci aborde la répartition des hommes et des femmes dans les instancesdécisionnelles des projets, les données contextuelles fondant les mesures dans le cadre du projet (et en particulier la présentation de statistiques différenciant toutesles problématiques selon le sexe), les objectifs (tiennent-ils compte des besoins différenciés des uns et des autres, inspirent-ils l’implication d’hommes et defemmes, répartissent-ils de manière égales les ressources entre hommes et femmes ?), la dissémination des résultats et les résultats attendus.
Toppnamn.nu
Toppnamn.nu5 est le nom et l’adresse internet d’une banque de données créée en vue de stimuler l’égalité des chances entre hommes etfemmes dans les conseils d’administration et les positions les plus élevées des entreprises. C’est précisément à ces endroits que – même enSuède – l’accès demeure le plus difficile aux femmes, très largement minoritaires pour ces fonctions. L’idée derrière toppnamn.nu est simple. Ils’agit de prévenir l’objection souvent entendue « qu’il n’existe pas de femmes qualifiées pour la fonction ». Dès lors, la banque dedonnées offre aux employeurs potentiels les CV complets de femmes à forte qualification, et à celles qui s’inscrivent, des offres de formation pour compléter leurparcours. Après 18 mois d’existence, le projet regroupait 700 CV, et avait offert des formations à 240 personnes pour un nombre de visiteurs mensuels d’environ 1.400.
Et les hommes ?
Dans un autre genre, le projet « NORMal, or ? »6 s’est adressé avant tout aux adolescents dans les écoles et mouvements de jeunesse (âgésentre 13 et 14 ans) et a visé à les sensibiliser à la part socialement construite de leur identité masculine. En pratique, il s’agissait de questionner lesréflexes et attitudes violentes, homophobes ou sexistes chez les jeunes en en démontant les mécanismes quotidiens (par exemple à travers l’utilisation de lamétaphore des photos encadrée pour désigner les identités sexuelles figées, et en démontrant la possibilité de « sortir du cadre »). Vu lesuccès rencontré par l’expérience, un manuel pédagogique, en cours de traduction anglaise a été publié.
Ces différents projets présentés schématiquement démontrent s’il le fallait encore l’avance de la Suède en matière de politiquesd’égalité entre hommes et femmes. A cet égard, il serait intéressant de comparer ces initiatives avec celles entreprises au niveau de l’Objectif1 pour laprovince du Hainaut. Le principe du gender mainstreaming y figure désormais. Reste à voir la manière dont il s’incarne dans les différents projets retenus. A suivredans un prochain Alter Echos
1. Fiche de présentation et programme du colloque : http://www.northsweden.org/NewsE.asp?ID=4794&Old=False
2. Loi 1993/94 : 147 sur la politique d’égalité de genre qui définit entre autres les objectifs suivants : une distribution égale du pouvoir entre hommes etfemmes, les mêmes chances pour les femmes et les hommes d’atteindre l’indépendance économique, les mêmes conditions et possibilités dans le domaine del’accès à l’emploi, des conditions de travail et de la création d’entreprise, les mêmes accès à la formation et àl’enseignement et possibilités de développer ses potentialités, l’égalité des responsabilités vis-à-vis du foyer et des enfants, laprotection vis-à-vis de la violence conjugale.
3. Site internet (en suédois) http://www.norrbotten.se/JA-projektet/ –
contact Doris Thorn
lund – tél. : + 46 920 96 233 – courriel : doris.thornlund@bd.lst.se
4. En vertu de la « règle 40/60 » : au minimum 40 et au maximum 60 % de chaque sexe représenté.
5. http://www.toppnamn.ru – contact : Britt-Inger Norberg – tél. : +46 90 10 71 67 – courriel : britt-inger.norberg@ac.lst.se
6. Site internet (en anglais et en suédois) : http://www.sensus.se/normal –
courriel : christian.fridh@rkuf.se