À l’origine, une école catholique de Bastogne avait souhaité se doter d’un atelier de couture (sous la forme d’une asbl), afin de répondre auxdemandes des entreprises de la région qui recherchaient des femmes qualifiées en ce domaine. Cette demande n’existe plus. Aussi, l’OISP1 s’est diversifiée enoffrant notamment deux préformations de six mois chacune. La première, en artisanat et décoration, s’adresse en priorité à un public trèsfragilisé, sans préexistence obligatoire d’un projet professionnel, et sans que le stage aboutisse nécessairement à une définition en ce sens. « Les stagiairesviennent surtout via des relais sociaux, qui leur proposent de prendre du temps pour eux, explique Anne Marlier, la directrice. Il s’agit plutôt de remettre la personne aux commandes desa vie, qu’elle reprenne confiance en elle « . D’où l’importance d’offrir la possibilité de réaliser quelque chose de beau, mais tout de suite, sur lequelpuisse se greffer une prise de parole. Ainsi, l’atelier ne propose pas la réalisation de vêtements, mais plutôt de travaux d’aiguille, qui permettent au stagiaired’accéder à un résultat immédiat.
Ce n’est qu’une fois retrouvée cette confiance en ses possibilités, que peut prendre place une interrogation sur le projet du stagiaire, dans un total respect de son choix.Cette prudence implique un encadrement important : « Nous ne sommes pas un centre de thérapie, explique A. Marlier. Aussi travaillons-nous avec des relais : centre de guidance, planningfamilial, avec lesquels nous effectuons un travail en parallèle. Nous, nous creusons davantage l’idée de projet professionnel avec le stagiaire ». Nous, c’est-à-direles dix-sept membres du personnel, pour l’essentiel des formateurs spécialisés dans le domaine qu’ils enseignent, tout en ayant fortement développé le voletpédagogique, la directrice étant elle-même assistante sociale de formation.
Une seconde préformation de remise à niveau est offerte aux stagiaires. Il s’agit là de développer de façon plus précise le projet professionnel dustagiaire, tout en tentant de développer son esprit critique, au travers des matières telles que le français, les maths, mais aussi les cours d’actualité, decommunication, d’initiation à l’informatique et de méthodes.
Une formation en bureautique et en vente vient compléter l’offre de l’OISP La Trève. La formation en bureautique (avec test préalable) récolte un beausuccès et s’inscrit notamment en termes de remise à niveau dans les filières qualifiantes d’aides aux personnes, via les formations de Vie Féminine/Promotionsociale d’auxiliaires polyvalentes. En projet également, une collaboration avec les Agences locales pour l’emploi, afin que « les chômeurs voient autre chose que cequ’ils font. L’initiation est de vingt heures. C’est donc un essai sans risques, estime A. Marlier, avec la possibilité d’un changement du stagiaire face àl’ordinateur ».
La formation en vente, elle, est remise en question. Les OISP et les EFT se situent en case deux du parcours d’insertion selon la réforme de la ministre Arena2. Or, ce secteur vente vise(et y arrive régulièrement) à mettre des stagiaires sur le marché du travail. « Désormais, nous sommes évalués sur le nombre d’entrées enformation qualifiante. Je ne suis pas d’accord : quand je forme des gens prêts à l’emploi, ils ne sont pas repris dans ces chiffres », explique la directrice.
Les formations accueillant à 95% un public féminin « sans doute parce que la formation couture initiale s’adressait aux femmes », l’OISP a souhaité se doter d’uneEFT orientée notamment autour de la rénovation du bâtiment, une filière davantage recherchée par les hommes. Le stage d’aménagement des espaces vertss’adresse aux ouvriers communaux, l’entreprise se voit ainsi confier la valorisation de leurs carrières : « Une ouverture sur les communes », se réjouit A. Marlier. Un stagede petite restauration complète l’offre de l’EFT.
Cette année, l’OISP La Trève a collaboré à un partenariat avec le CPAS, Lire et Écrire et le Centre culturel pour répondre à la demandeémise par des personnes étrangères de pouvoir pratiquer le français de façon intensive.
Une réunion d’information au CPAS rassembla trente personnes (« dont une seule Belge » se rappelle A. Marlier), très motivées, toutes fortement scolarisées, etpossédant des statuts sociaux très divers.
Chaque partenaire puisa dans ses propres ressources pour mettre au point une formation comprenant l’apprentissage du français, la bureautique, la vie pratique et la vie culturelle, dansles locaux du centre culturel. « Une expérience très gratifiante pour tous les formateurs, affirme A. Marlier, mais que nous ne pourrons pas reconduire. Nous ne pourrons pas puiser uneseconde fois dans nos propres ressources, et les pouvoirs publics refusent une aide à l’intégration à des personnes en partance… parfois depuis deux ans. Aussidevrons-nous nous adresser exclusivement à des publics moins scolarisés ».
1 Habilux – La Trève – rue de la Californie, 16 à 6600 Bastogne tél. : 061 21 53 56 fax : 061 21 75 64, contact : Anne-Marlier, directrice.
2 Niveau 1 : Lire et Écrire; niveau 2 : EFT-OISP (formations non qualifiantes); niveau 3 : FOREM, Promotion sociale (formations qualifiantes).
Archives
"Habilux-La Trève à Bastogne : quelles filières pour quels stagiaires ?"
janaki
27-07-2001
Alter Échos n° 102
janaki
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