Le dernier midi d’Habitat et participation1 avant les vacances d’été a drainé une trentaine de personnes. Au menu : l’habitat kangourou, une alternativeà la maison de repos pour personnes âgées.
« L’habitat kangourou est une formule qui permet à une personne âgée et à un jeune couple (ou une famille) de partager le même toit tout enévoluant dans des espaces de vie indépendants », expliquent les organisateurs. Un concept qui a malgré tout du mal à s’imposer chez nous. » D’oùcette conférence.
Pourquoi le choix du terme kangourou ? « Parce qu’il fait référence à la poche du kangourou qui offre une protection, explique Laurence Braet d’Habitat et Participation.Le plus souvent, il s’agit d’une maison de type unifamiliale où le rez-de-chaussée de plain-pied est occupé par une personne âgée et l’étage par une famille.» Chacun vit de manière indépendante, mais les deux ménages pratiquent un échange de services.
Un toit, deux vies
Trois expériences ont été présentées pour l’occasion, mais c’est surtout celle de l’asbl Un toit, deux âges, qui promeut la colocationintergénérationnelle avec des étudiants, qui a focalisé l’attention des participants. « De plus en plus de personnes âgées se sentent isolées etles étudiants cherchent des kots, explique Claire de Kerautem d’Un toit, deux âges. Pour la personne âgée, c’est l’occasion de parler, d’échanger, de se sentir ensécurité et de pouvoir rester chez soi le plus longtemps possible. Pour l’étudiant, la formule permet d’être au calme, de développer une relation enrichissante, derassurer ses parents… »
Les étudiants prennent tout d’abord contact avec l’asbl. Ensuite, l’asbl les rencontre en vue de vérifier leur sérieux, leurs motivations et leurs disponibilités. Desrencontres similaires sont menées avec des seniors pour s’assurer de la qualité du logement et des meubles mis à disposition. Une convention et une charte sont signées parles parties et l’asbl suit les « binômes » tout au long de l’année. Deux formules sont proposées : celle du logement économique, soit 80 euros/mois pourcouvrir les charges. En échange, l’étudiant offre une présence régulière et prend en charge une série de tâches ménagères, comme faireles courses, les repas. L’autre formule, « logement avec loyer » (300 euros/mois maximum) ne demande aucun engagement de la part de l’étudiant, si ce n’est celle de la courtoisie.Un an après son lancement, la formule a permis de créer 47 binômes en Région bruxelloise et les seniors (âgés en moyenne de 75 à 83 ans) sontprêts à rempiler. Le projet compte s’étendre à Namur. « Il est clair que cela répond à un besoin », commentent les promotrices du projet. Mais n’ya-t-il pas une forme de contrôle de l’aîné sur l’étudiant ? « La convention précise qu’il ne peut y avoir de contrainte. »
Cécile Lecharlier (Écolo), échevine du Logement d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, s’est toutefois inquiétée que le logement de l’étudiant ne soit pasidentifié du point de vue urbanistique. Si l’étudiant s’y domicilie, il fait partie du ménage. Ce qui n’est pas sans conséquence. Abondant dans le même sens, unautre intervenant a pointé une expérience malheureuse à Louvain-la-Neuve où, après s’être disputé avec ses parents, un étudiant s’estdomicilié chez la personne âgée qui lui louait le kot. Du coup, le propriétaire n’a plus perçu qu’une pension réduite de cohabitant. Pire, l’étudiant acontracté des dettes et l’huissier est venu saisir les biens de la personne âgée.
La salle avait commencé à se vider lors de la présentation des deux autres projets. On retiendra toutefois que le projet de développement rural mené par laFondation rurale de Wallonie a donné naissance à vingt-deux logements intégérénationnels sur le site des anciennes carrières d’Opprebais à Incourt.Fruit d’un long processus, ce projet vaut, en tout cas, que l’on revienne dessus dans une prochaine édition.
1. Habitat et Participation :
– adresse : place des Peintres, 1 bte 4 à 1348 Louvain-la-Neuve
– tél. : 010 45 06 04
– courriel : contact@habitat-participation.be
– site : www.habitat-participation.be