C’est en 1994 que quelques directeurs d’institutions spécialisées telles que la Bastide, l’IMP St-François de Bouge, le Chantoir ont voulu créer un lieu extra murospour personnes handicapées, partant du principe que celles-ci étaient trop confinées à l’intérieur des institutions. C’est ainsi qu’est née Handicap etParticipation1 installée sur le site d’un ancien abattoir derrière la gare de Namur, « qui voulait à la fois rencontrer un besoin d’utilité publique et procurer uneoccupation intelligente aux personnes handicapées », nous explique Marc Detraux, éducateur gradué et ébéniste.
ý’est le service environnement de la Ville de Namur qui a procuré l’utilité sociale de départ. Après la reprise par Fost+ de la collecte des bouteilles enplastique, Handicap et Participation décide de récupérer le contenu des containers des objets encombrants en bois pour les transformer en toutes sortes d’objets (nichoirs,mangeoires, puzzles, abécédaires). « L’association se situe dans un entre deux : ni une entreprise adaptée qui est un service marchand qui cherche la rentabilité, ni uncentre de jour qui fait purement de l’occupationnel. Il y a un vide énorme entre les deux. Nous voulons être un projet d’économie solidaire situé entre l’activitépublique et privée », affirme Marc Detraux.
La « clientèle » de l’association se situe dans le secteur non marchand : écoles et secteur associatif. La Ville de Namur est également cliente puisqu’elle verse à l’asbl14.873 euros (600.000 FB) par année pour services rendus, tels que la fabrication de matériel ludique pour des fêtes d’enfants ou le décor d’un immense jeu de l’oieà l’occasion de la présidence de l’Europe par la Belgique.
Philippe Brasseur, éducateur et artiste-peintre, exprime ainsi son point de vue: « Nous sommes tous handicapés. Nous pouvons avoir un handicap social, financier ou autre.L’individualité des personnes handicapées est la plupart du temps niée. Depuis leur plus tendre enfance, elles sont mises en institutions. Elles ont appris à donner lesréponses que l’on attend d’elles et ne connaissent pas leurs propres compétences. Ici, elles les découvrent petit à petit. » Marc Detraux renchérit : « Les projetsassociatifs pour personnes handicapées sont une très petite minorité. Il y a un besoin non rencontré, une troisième voie à ouvrir et un décretà concevoir. Nous tenons à respecter la personne handicapée dans le cadre d’un projet intégré. C’est un projet d’entreprise à part entière et dequalité. Mais en même temps, nous ne voulons pas tomber dans une activité entrepreneuriale trop forte tout en refusant le misérabilisme ».
Créer un lien entre écoliers et personnes handicapées
L’association a répondu à un appel à projets lancé par le cabinet du ministre des Affaires sociales et de la Santé de la Région wallonne et qui a pourobjectif d’activer le lien social. Un budget de 23.549 euros (950.000 FB) leur a été accordé. La personne handicapée aura l’occasion de montrer ses compétencesauprès du milieu scolaire, et en particulier celui de l’enseignement fondamental. Un espace sera aménagé sur place où les enfants, les enseignants et les personneshandicapées pourront réaliser ensemble les projets qu’ils auront imaginés. Dans un deuxième temps, les personnes déficientes auront l’occasion de se déplacerà l’intérieur même de l’école pour voir comment celle-ci utilise leurs réalisations et se rendre compte de visu de leur utilité sociale. « Chaque acteur sedéplace donc sur le terrain de l’autre, ce qui serait une première pour les handicapés car beaucoup d’entre eux n’ont jamais mis les pieds dans une école‘normale’ ».
Un temps de réflexion avec les enfants sera prévu pour qu’ils puissent mettre des mots sur la façon dont ils auront vécu leurs différences. Des dossierspédagogiques seront élaborés, l’un concernant la fabrication des objets en bois, l’autre destiné à faciliter la réflexion avec les enfants.
Le seul « handicap » : les moyens limités en personnel. Une personne a été engagée dans le cadre d’un contrat à durée déterminée pour formaliserce projet, et son contrat touche à sa fin.
1 Handicap et Participation, siège d’exploitation et administratif : rue Piret Pauchet, 73 à 5000 Namur – tél./fax. : 081 22 18 94.
Archives
"Handicap et participation, un projet d'économie solidaire à destination des écoles et du secteur ass"
chantal
10-09-2001
Alter Échos n° 104
chantal
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