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Regard critique · Justice sociale

Santé

Handicap sur deux roues

L’asbl Almagic loue des vélos adaptés aux personnes souffrant d’un handicap.

15-05-2011 Alter Échos n° 315

L’asbl Almagic loue des vélos adaptés aux personnes souffrant d’un handicap. Pour que les loisirs soient accessibles à tous.

Avec le retour des beaux jours, les deux roues sont de sortie. Mais pour les personnes à mobilité réduite, profiter du simple plaisir d’une balade à vélos’avère complexe et cher. Pour l’achat d’une bicyclette adaptée, il faut compter entre 1 500 et 4 000 euros en fonction du type de handicap. Somme pour laquelle lepatient peut rarement bénéficier d’une intervention de sa mutuelle. Voilà qui pèse sur un budget, quand on sait que les personnes à mobilité réduitedoivent déjà affronter une série de coûts supplémentaires par rapport aux citoyens lambda.

« Tout coûte plus cher pour les personnes à mobilité réduite, déplore Frédéric Liégeois, fondateur d’Almagic1.S’habiller, se rendre au travail prend trois fois plus de temps. Et on sait que le temps, c’est de l’argent. Leur logement doit être adapté. Ces personnes tombent aussi plusfréquemment malades. L’Etat couvre les frais liés à la douleur, mais pas ceux qui concernent le bien-être. »

Kinésithérapeute à Woluwe-Saint-Pierre, Frédérique Liégeois crée l’asbl Almagic en 2004. Trois syllabes qui évoquent les noms d’Albert,Marion et Gilbert, des patients qui l’ont inspiré pour la création de ce projet original. Pour 15 euros par jour, l’équivalent de ce qu’un usager valide payerait pour unelocation chez Provelo, les personnes à mobilité réduite peuvent louer une bicyclette appropriée. Au départ, le kiné n’a que deux vélos en stock.Aujourd’hui, il met à disposition une bonne vingtaine de véhicules. « En créant Almagic, l’objectif était de rassembler des vélos adaptés auxformes de handicap les plus variées, des plus légères aux plus lourdes. On a par exemple des vélos semi-couchés pour les problèmes de dos, des tandemsà trois roues pour des personnes qui ont des troubles de l’équilibre et de la concentration, des handbikes qui permettent aux paraplégiques de pédaler avec les mains», explique Frédérique Liégeois qui, pour financer cette activité, s’appuie uniquement sur des donateurs privés (des paroisses, un carrossier, une entreprisede télécom, Cap 48…).

Loisirs mobiles

A l’origine, Almagic collaborait surtout avec des associations qui s’occupaient des personnes à mobilité réduite. Faute de moyens pour développer la communication,c’était la cible la plus facile à atteindre. Aujourd’hui, l’asbl commence à acquérir une petite notoriété. Depuis que quelques articles ont paru dans lapresse, les particuliers sont de plus en plus nombreux à s’adresser directement à elle.

« Le problème, constate Frédérique Liégeois, c’est que beaucoup de particuliers n’ont pas de voiture pour venir prendre le vélo. » Almagicdéplace déjà sa remorque lors d’événements ponctuels du type journée sans voiture ou fête de l’environnement. Mais à l’avenir,Frédérique Liégeois aimerait aller davantage à la rencontre de ses usagers en mettant en place un partenariat avec les communes. Jamais à court d’idées, lekiné vient aussi d’introduire un dossier auprès de la Fondation Roi Baudouin pour acquérir un camion qui puisse à la fois servir de transport pour les vélos, delogement pour son conducteur et de mur d’escalade pliable adaptable à différents handicaps.

Un nageur amputé qui traverse la Manche, des sportifs en chaise roulante battant des records aux jeux paralympiques, les exemples de personnes en situation de handicap qui accomplissent desexploits ne manquent pas. Les médias et les sponsors sont friands de ces success-stories. « Pour le loisir moyen, ça intéresse directement moins de monde, regretteFrédérique Liégeois. On ne peut pas dire que rien ne soit fait : on construit des infrastructures, on adapte des salles nuance-t-il. Mais il y a un manque de synergie. Au lieud’acquérir du matériel coûteux qu’elles n’utilisent qu’une fois par semaine, les associations pourraient se le prêter… Par ailleurs, les personnes en situation de handicapn’ont pas l’occasion de tester un sport avant d’acheter le matériel. Il faut directement s’équiper et cela revient cher ».

Mais pourquoi se limiter aux loisirs ? a-t-on envie de demander à ce loueur de vélos peu ordinaire. « Je suis kiné, je n’ai que deux mains, deux pieds, et unetête qui chauffe. Le vélo comme loisir, c’est la première étape. La suivante pourrait être de l’utiliser comme outil de mobilité mais il ne faut toutefois pasperdre de vue certaines limites. Les personnes à mobilité réduite, par exemple, tombent plus vite malades. Dès qu’il fait froid, elles ont tendance à rester chezelles ».

1. Almagic :
– adresse : avenue des Mimosas, 7 à 1150 Bruxelles
– tél. : 0499 22 68 68
– courriel : news@almagic.org
– site : www.almagic.org

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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