HandyCity® pour mieux intégrer la personne handicapée

L’intégration de la personne handicapée dans tous les domaines de la vie communale ne demande pas obligatoirement de gros investissements financiers. Le label HandyCity® pousse les communes à multiplier les actions au quotidien.

Label « Qualité de vie, Commune et Handicap », HandyCity®, à l’initiative de l’ASPH (Association socialiste de la personne handicapée)¹, distingue les communes qui s’engagent à suivre au maximum les différents points de la Charte communale d’Intégration de la Personne handicapée. Rose Eboko, chargée de projets à l’ASPH, se réjouit de l’évolution significative du projet : « Le projet a été lancé lors de la législature communale de 2000. Nous avons constaté un engouement immédiat de la part des communes et une nette évolution au cours des années, ce qui nous a convaincus de pérenniser cette action. Quand nous avons lancé la Charte, 164 communes l’ont signée et 29 ont été labellisées en 2006. Quand nous avons relancé l’appel en 2007, 185 communes se sont engagées et 54 communes ont reçu le label en 2012. Cette charte a été élaborée en nous montrant à l’écoute des personnes handicapées et des groupes de parole avec lesquels nous travaillons. Il nous paraissait important de nous investir auprès des communes pour que la personne handicapée, quel que soit son handicap, se sente intégrée. Bien sûr, il existe quantité de communes qui mènent depuis longtemps une bonne politique d’intégration sans pour autant adhérer à la Charte, tout comme certaines communes signent la Charte sans demander à obtenir le label, des choix que nous respectons.
 
Les communes s’investissent selon leurs possibilités, que ce soit l’accessibilité ou l’emploi où, au-delà des quotas à respecter, nous assistons à une belle progression. J’en veux pour exemple Bruxelles-Ville qui a fait des efforts admirables sur ce point. Au cours de la législature, nous établissons sur présentation de dossier, un pré-bilan après trois ans qui juge le travail fourni par la commune dans sa globalité. L’occasion de faire le point, d’évaluer les choses mises en place et de demander aux communes si elles désirent concourir pour l’obtention du label. A la fin des six ans, un questionnaire est envoyé aux communes et nous nous rendons également sur place pour vérifier le travail accompli. Depuis la législature précédente, nous avons décidé d’envoyer également un questionnaire aux citoyens afin d’écouter leur point de vue quant à la personne handicapée. La seule chose à déplorer est parfois le manque de communication. De nombreuses actions positives sont menées sans que la population soit suffisamment au courant.
Les mentalités changent, que ce soit au niveau politique et au niveau citoyen. Il y a aujourd’hui une vraie prise de conscience par rapport au handicap. On a longtemps pensé que la personne handicapée demande à être assistée alors qu’elle ne demande qu’à être la plus autonome possible. »

Respecter les places de parking

La commune de Woluwe-Saint-Pierre a reçu le label en 2012. Benjamin Duplouy, secrétaire administratif au Service social², explique à quel point l’intégration de la personne handicapée est une réalité bien ancrée : « Ce label permet de reconnaître les efforts entrepris par la commune dans ce domaine. L’accessibilité a été une de nos priorités avec pour exemple l’aménagement des voiries, une rampe d’accès à la maison communale, de même pour le théâtre Comédie Claude Volter, l’achat d’un monte-personnes adapté à la piscine afin de faciliter la mise à l’eau, d’un monte-escalier électrique mis à disposition dans l’une des écoles communales à la demande des enseignants afin d’aider un enfant souffrant d’une maladie dégénérative. Désormais, l’enfant peut aussi descendre en récréation avec ses camarades. Nous sommes également très attentifs à sensibiliser le citoyen à respecter les places de parking pour personnes handicapées. Plutôt que de verbaliser, nous informons pour une meilleure prise de conscience, via les gardiens de la paix, mais aussi via des panneaux interpellant “Si tu prends ma place, prends aussi mon handicap !”, visible dans plusieurs communes. L’ensemble de ces achats s’est fait en concertation avec le conseil consultatif de la personne handicapée qui regroupe plusieurs associations au sein de la commune. Ces concertations nous permettent de juger des progrès à faire et de les rapporter au collège communal. Nous sommes en début de mandature et la volonté est là de signer à nouveau la Charte en vue d’obtenir une seconde fois le label en 2018. »

Accessibilité et emploi

Dans la commune de Soumagne, accessibilité, écoute et emploi sont au cœur des préoccupations. Pascale Bertoletti, responsable du service Famille, Santé, Cohésion sociale et Egalité des chances[x]3[/x] : « Avant la Charte, il y avait déjà une volonté d’intégration grâce à nos contacts avec l’AWIPH (Agence wallonne pour l’Intégration des personnes handicapées). Une fois la Charte signée, j’ai consulté tous les services de la commune pour discuter des efforts qui pourraient être entrepris. Les progrès à apporter en matière d’accessibilité ont très vite été une évidence. Adapter les trottoirs, créer des places de parking, faciliter l’accès aux bâtiments, placer des ascenseurs… Plusieurs travaux ont été entrepris. Grâce à mon rôle d’Handicontact (personne de relais), je peux aussi travailler à une meilleure sensibilisation des citoyens. Par exemple, nous avons organisé une journée avec Handisport qui a rencontré beaucoup de succès. Nous avons vraiment l’impression d’avancer, les gens se montrent plus ouverts, plus concernés et parlent plus facilement du handicap. A nous de nous montrer attentifs et disponibles. Nous oeuvrons aussi au cas par cas, répondant aux souhaits de certaines écoles en ne plaçant des rampes d’accès et d’autres facilités qu’à la demande de parents et d’enseignants. Nous essayons de sensibiliser également les commerçants. Nous sommes particulièrement fiers de nous situer au-dessus des quotas en matière d’emploi, par conviction et non pour obtenir les primes. Nous sommes habitués à travailler avec des personnes handicapées et peu importe si, parfois, cela demande un peu plus de temps et d’attention. Le label est un peu la carotte qui fait avancer, mais ce n’est pas le label qui est important, c’est la personne. Désormais, il est normal pour chacun d’entre nous de tout faire pour une meilleure intégration de la personne handicapée et pour l’égalité des chances en général. »