Pour beaucoup de personnes, l’été constitue une bonne occasion de partir en vacances… ou de se former. Si vous avez envie de doper vos connaissances ou de vous ouvrir de nouveaux horizons professionnels, on ne saurait trop vous conseiller de prendre la direction d’Helsinki. La capitale finlandaise possède en effet une université réputée où un nouveau module estival de formation vient d’être mis en place. Son intitulé : « La musique heavy metal dans l’histoire contemporaine et la société ». Pour 640 euros, vous pourrez ainsi suivre ce cursus du 4 au 20 août. Attention : le cours ne sera pas accessible à tout le monde. Il faut en effet avoir accompli au moins deux années d’études supérieures et être à l’aise en anglais.
Question contenu, « le cours se penche sur le développement du style populaire de musique appelé heavy metal », peut-on lire sur le site de l’université. Avant d’apprendre qu’une attention particulière sera donnée à la Finlande, une terre particulièrement fertile dans ce domaine. Metal symphonique, speed metal mélodique (ou power metal), death metal mélodique, black metal, metal gothique voire carrément viking metal et nuclear metal y sont ainsi très répandus. Quoique… « Il y a eu un « golden age » dans les années 2000, quand les groupes finlandais ont connu leurs beaux jours (je pense notamment à Stratovarius, Nightwish, Sentenced et Lordi qui a gagné l’Eurovision). Mais les gens ne se rendent pas compte que la Finlande n’est plus la Mecque du metal, si elle l’a jamais été. Si vous jetez un oeil à Helsinki et au reste des villes finlandaises, vous réaliserez que le metal constitue une minorité musicale, comme dans le reste de l’Europe et aux États-Unis. Je pense que de nos jours, le metal est assez important en Amérique du sud, en Allemagne et dans les anciens pays de l’URSS, ou qui étaient sous son influence », explique Paolo Ribaldini, en charge des cours.
Ce post-gradué italien en philosophie et en musique est arrivé en Finlande en 2012 afin de débuter un doctorat. Et c’est lui qui a mis sur la table l’idée de lancer cette « Summer School » dédiée au metal, une première en Finlande. D’après notre homme, les débuts ont été difficiles, les inscriptions rares. En cause, notamment, le prix à payer. 640 euros, voilà qui représente pas mal de pintes de bière en concert. « J’ai reçu beaucoup de mails d’étudiants qui voulaient participer, mais qui ne le pouvaient pas suite au prix demandé. C’est vraiment dommage, je pense qu’un prix plus bas aurait amené plus d’étudiants au cours, et donc plus d’argent et de visibilité pour l’université », déplore Paolo.
Il n’empêche, l’information est devenu virale depuis quelques temps. En quête de visibilité, les organisateurs des Summer Schools de l’Université d’Helsinki ont eu la bonne idée de mettre l’information en ligne sur Blabbermouth, un site spécialisé dans le « rock dur ». Depuis, c’est apparemment la folie. « La semaine dernière lors d’une after party au festival de Tuska, un type m’a interpellé au milieu de la rue pour me demander si j’étais « le type qui donne des cours de heavy metal » », lâche Paolo. Cette nouvelle notoriété a aussi son revers de la médaille. Les insultes et les moqueries fuseraient également comme un solo en mode « tapping ». Ce qui ne semble pas trop trop intimider notre homme, par ailleurs pas toujours complètement fan de métal mais plutôt de groupes « historiques » du genre comme Deep Purple ou Black Sabbath. Paolo n’est donc pas devenu paranoid, même s’il se lâche tout de même sur ses détracteurs. « Vous pouvez aimer ou pas le metal, et les goûts ça ne se discute pas. Mais refuser au metal sa dignité en tant que genre musical relève de l’ignorance et de la désinformation. Je me souviens avoir été à une conférence en 2013. Je ne dirai pas où, quand et qui était la personne que je vais citer. Mais il y avait ce professeur, un prof d’université en philosophie de la musique, pas juste un mec trouvé dans la rue, qui se marrait juste à la pensée de considérer le heavy metal comme de la musique. Honnêtement, je ne pense pas que ces personnes apportent quoi que ce soit de bon à la culture et au monde académique. Si nous voulons vivre en 1759, c’est ok, embarquons tous pour le nouveau monde et faisons la guerre de sept ans, abandonnons les ordinateurs, les voitures, le vaccin contre la variole et légalisons à nouveau l’esclavage. Moi, je préfère vivre en 2015 », lâche-t-il. Avant de contre-attaquer. « Je pense que le heavy metal est un genre musical important, une sub-culture importante. Tout le monde connaît au moins les mélodies de Deep Purple, tout le monde sait que Black Sabbath est d’une certaine manière associé au satanisme, que les membres de Guns’n Roses buvaient beaucoup, tout le monde a écouté Bon Jovi, et le « Stairway to heaven » de Led Zeppelin est connu dans le monde entier. » Pas convaincus ou totalement lâchés ? Nous vous conseillons, pour vous y retrouver, de consulter cette carte délirante du metal, publiée il y a quelques années. Entre le funeral Doom, le neue deutsche härte et le deathgrind, vous allez vous amuser. Pour les autres, sortez vos cartes de banque, préparez vos valises et prenez la « Highway to Hell… sinki »: une quinzaine de personnes sont déjà inscrites à la Summer School. Sur une trentaine de places disponibles…
Aller plus loin
Un mercredi sur deux, place aux chroniques Social Décalé et Europe.
Relire:
Faites la pauvreté pas la guerre, la chronique Social Décalé de Julien Winkel
Aide au développement, des engagements sans circonstance, la chronique Europe, par Cédric Vallet