Six projets de relogement des sans-abri, avec accompagnement et évaluation, ont été initiés dans les cinq plus grandes villes du pays. Les premiers locataires ont emménagé le 1er septembre.
Abris de nuits, maisons d’accueil, logements accompagnés… différentes structures existent pour aider les sans-abri. Mais le système actuel repose sur un modèle « en escalier », au sein duquel le sans-abri doit passer par toute une série de logements intermédiaires avant de pouvoir accéder au logement autonome. Pour beaucoup, cette étape ultime demeure inaccessible. Avec Housing First, on renverse la logique : l’idée est de régler d’abord la question du logement avant de s’attaquer à d’autres problématiques. En Belgique, six projets de relogement portés par des acteurs publics et privés ont été lancés à Anvers, Bruxelles (deux implantations), Liège, Charleroi et Gand.
Le fait que le projet soit fédéral mérite d’être souligné, les trois Régions ayant répondu au programme. Coralie Buxant, coordinatrice de Housing First Belgium, se félicite d’une telle collaboration. Certains projets bénéficiaient déjà d’une convention avec des sociétés de logements sociaux, ce qui implique des démarches plus rapides comme à Gand ou à Schaerbeek. Les autres doivent compter sur les logements du secteur privé, avec toute la difficulté de trouver des propriétaires enclins à louer à des personnes venant de la rue. « Il existe à Charleroi, et bientôt à Liège, une fonction de capteur logement, financée par le ministre Nollet et reconduite pour une durée d’un an (d’août 2013 à juillet 2014), afin de trouver, en priorité, du logement pour le projet Housing First. Il existe aussi depuis peu une note du gouvernement wallon permettant une dérogation à l’attribution de logements sociaux dans le cadre de Housing First. » De quoi attribuer dix logements sociaux à Liège et huit à Charleroi à des personnes d’ores et déjà sélectionnées.
Se projeter autrement
Depuis le 1er septembre, des personnes sans-abri ont emménagé dans chaque ville. Au 18 décembre, 30 personnes étaient en logement et 33 personnes se situent en « file active », ce qui signifie que le travail préparatoire à leur dossier a été fait. « Les équipes d’accompagnement aident les personnes. Elles les motivent, les aident à trouver le logement, lors de l’état des lieux, à trouver du mobilier… Mais elles ont également la responsabilité de sélectionner les candidats en s’assurant qu’ils sont en règle quant à leur revenu d’intégration sociale. » La première condition étant d’être en ordre de séjour en Belgique.
Les besoins d’accompagnement des personnes logées depuis quatre mois se traduisent surtout en matière de santé mentale et/ou d’assuétudes. Les études menées en Europe et aux USA par rapport à Housing First démontrent que dans de tels projets la personne se stabilise plus facilement et peut se projeter dans le futur, ce que la rue rend impossible.
Le projet reçoit un subside de la Loterie nationale de 860 000 euros par an, via le soutien de la secrétaire d’État Maggie De Block. Cette somme finance les six implantations, l’équipe d’évaluation et la coordination du projet et équivaut à 2,5 employés temps-plein par équipe. Un cofinancement peut s’élaborer en demandant l’aide des ministres régionaux.
Officiellement été lancé le 1er août 2013, le projet se prolongera jusqu’au 31 juillet 2015. « Housing First Belgium est une expérimentation. Si les personnes se maintiennent en logement et ont une évolution positive, nous pourrons le présenter aux ministres compétents, régionaux et fédéraux, comme une bonne piste pour aider les sans-abri. Le projet belge est suivi par ImPRovE, un mouvement européen de recherche en innovation sociale. »
Alter Échos n° 347 du 18.10.2012 : Housing First : une clef contre le sans-abrisme
Alter Échos n° 360 du 21.05.2013 : Un premier Housing First à Schaerbeek