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E valèt, noste èritance da nos, c’èst l’walon !

L’association littéraire wallonne Lès Rèlîs Namurwès1 prépare activement la célébration, en 2009, de son centièmeanniversaire. À cette occasion, elle lance un appel à projets pour faire « spiter » le wallon à l’école, considérant – sur la base dudécret du 12 janvier 2007 – qu’il s’agit d’un patrimoine oral immatériel.

03-11-2008 Alter Échos n° 261

L’association littéraire wallonne Lès Rèlîs Namurwès1 prépare activement la célébration, en 2009, de son centièmeanniversaire. À cette occasion, elle lance un appel à projets pour faire « spiter » le wallon à l’école, considérant – sur la base dudécret du 12 janvier 2007 – qu’il s’agit d’un patrimoine oral immatériel.

Le 12 janvier 2007, la Communauté française promulguait un décret relatif au « renforcement de l’éducation à la citoyenneté responsable». L’article 14.1 prévoit l’organisation « d’une activité interdisciplinaire s’inscrivant dans la perspective d’une éducation pour unecitoyenneté responsable et active » et ce, au moins une fois par cycle, dans l’enseignement fondamental et dans le secondaire. L’article 14.2 précise qu’ils’agit d’une activité « visant à promouvoir la compréhension de l’évolution et du fonctionnement des institutions démocratiques, le travailde mémoire, la responsabilité vis-à-vis des autres, de l’environnement et du patrimoine local ou à un niveau plus global ». À l’occasion de soncentième anniversaire, l’asbl Lès Rèlîs Namurwès a décidé de s’appuyer sur ce décret pour défendre et promouvoir le walloncomme patrimoine oral immatériel. Elle lance, ainsi, un défi, sous la forme d’un appel à projets, visant à multiplier les activités qui font spiter lewallon et ce, en particulier, auprès des enfants et des jeunes qui sont sans doute la dernière génération à pouvoir encore être en contact avec de vraislocuteurs wallons.

Pour appuyer cette initiative, Joseph Dewez, président de l’asbl et professeur de didactique de la religion à l’École normale catholique du Brabant wallon, livreun regard inédit sur le décret en question. Il met ainsi en avant le fait que la notion de « responsabilité par rapport au patrimoine (local ou plus global) » qui yest développée peut être comprise en des sens multiples et complémentaires. À côté du patrimoine naturel de nos régions, de celuiconstitué par les pierres et vestiges archéologiques ou industriels, ou encore du patrimoine lié à des manifestations folkloriques, il y a, en effet, un autre patrimoineoral immatériel dont on parle encore trop peu : celui des « langues régionales endogènes », dont font partie les différents parlers wallons.

Wallon, devoir de mémoire et langue d’inculturation

S’intéressant au travail de mémoire, le président des Rèlîs Namurwès souligne que le wallon peut contribuer à une découverte de ladimension historique de l’existence, sous différents aspects : mémoire des métiers et techniques d’autrefois ; toponymie et anciens noms de rue ou de quartiers.Mémoire d’une dépossession culturelle aussi, lorsque beaucoup de familles paysannes et ouvrières ont vécu le « choc culturel » de l’entréedu français à l’école comme une interdiction de leur langue maternelle, lié à un mépris profond pour leur culture, au profit d’une langue quiapparaissait comme la langue indispensable à l’ascension sociale.

L’appel à projets lancé par l’asbl pourrait également donner des occasions de démontrer le rôle d’inculturation joué par le wallon, pourun autre regard sur l’immigration. Il fut un temps, en effet, où dans la mine, dans les usines, sur les chantiers, tous les ouvriers, wallons et étrangers, parlaient wallon.

Enfin, Joseph Dewez voit aussi en cette langue une belle opportunité de rencontre intergénérationnelle – qui peut s’inscrire aussi dans cette responsabilitévis-à-vis des autres dont parle encore le décret – en donnant l’occasion aux enfants de rencontrer leurs grands-parents ou arrière-grands-parents, ou certainsvoisins… autour de leur connaissance du wallon. Une riche occasion serait ainsi donnée aux enfants de découvrir que le wallon est surtout une manière de vivre, de sentir,de dire les choses avec des mots de la terre et du quotidien, avec plus d’images que de mots savants. Avec ce rien d’humour qui permet de tenir bon dans les difficultés, ce rien dedistance amusée qui permet de ne pas se prendre au sérieux et qui éclate dans les mille et un spots èt ratoûrnures (expressions et proverbes).

Les enseignants et les animateurs intéressés par des pistes concrètes d’exploitation pédagogique du wallon au sein de leur classe ou groupement peuvent obtenir lepetit catalogue auprès de l’asbl Lès Rèlîs Namurwès, il est adapté à différentes tranches d’âges.

1. Asbl Lès Rélîs Namurwès, cercle royal littéraire dialectal :
– adresse : bd Baron Huart, 6 à 5000 Namur
– tél. : 081 73 59 03
– site : http://relis-namurwes.be

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