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Il faut former les bénévoles de l'aide alimentaire

Piloté par la Fédération des centres de service social (FCSS), le groupe de concertation sur l’aide alimentaire entend donner de la visibilité à un secteuraussi important qu’oublié.

03-09-2010 Alter Échos n° 300

Piloté par la Fédération des centres de service social (FCSS)1, la Concertation sur l’aide alimentaire entend donner de la visibilité à unsecteur aussi important qu’oublié. Premiers gros chantiers de la FCSS : former les bénévoles et mettre les épiceries sociales en réseau.

Ils sont de plus en plus nombreux à recourir à l’aide alimentaire pour boucler les fins de mois. Au public coutumier de ces services, viennent s’ajouter les travailleurspauvres et les petits pensionnés. Pour répondre à cette demande croissante, les associations doivent bricoler sans presque aucun subside. « À la Concertation, nousréfléchissons à la façon d’améliorer l’aide alimentaire, explique Céline Nieuwenhuys, chercheuse à la FCSS. À côté decette réflexion pratique, nous menons un débat politique. Car il y a un paradoxe à vouloir améliorer l’aide alimentaire. D’une certaine façon,c’est cautionner une réalité inacceptable, dans laquelle l’État ne remplit pas son rôle. Dans un pays comme le nôtre, l’aide alimentaire ne devraitpas exister. »

Si le colis alimentaire sert parfois de prétexte pour amorcer un suivi en profondeur avec des travailleurs sociaux professionnels, le secteur est dominé par des associationscaritatives fonctionnant grâce aux bénévoles (plus de 70 % des travailleurs du secteur). En collaboration avec Télé-service, la Concertation aide alimentairevient de lancer un premier cycle de formations gratuites sur l’accueil et l’écoute à leur intention.

Auteure d’une recherche sur l’état de l’aide alimentaire en Région bruxelloise2, Céline Nieuwenhuys a été interpellée par lemanque de professionnalisme : « Au début, j’ai été choquée par les comportements de certains bénévoles. Mais à la réflexion, c’esttrès compréhensible. Ils sont confrontés aux plus précarisés, sans la moindre formation, et doivent gérer des situations impossibles, comme devoir faire letri entre des demandeurs. »

Une prochaine formation vise à faire comprendre les mécanismes qui mènent à la pauvreté. « Il y a une obsession du pauvre profiteur, note la sociologue.Les bénévoles pensent qu’ils vont aider des ventres affamés. Mais à Bruxelles, personne ne meurt vraiment de faim. L’aide alimentaire permet d’économiser pourpouvoir payer d’autres factures, son loyer. Certains bénévoles s’imaginent qu’il existerait des « vrais pauvres », vieux et maigres, cachés. »

Épiceries sociales en réseau

Distribution de colis, restaurants sociaux, jardins et épiceries solidaires, l’aide alimentaire emprunte des circuits divers. Les épiceries sociales constituent une alternativeintéressante à la distribution de colis, souvent ressentie comme humiliante. Comme dans n’importe quel magasin, le client choisit ses produits, mais il les paie nettement moinscher. En parallèle, des projets d’insertion sont proposés pour sortir de l’assistanat.

Sans accès aux vivres des banques alimentaires, dont les produits ne peuvent être commercialisés, ces épiceries ont du mal à subsister. Pour remplir leurs rayons,elles n’ont d’autre choix que de faire leurs courses aux supermarchés. Pas besoin d’être mathématicien pour comprendre que ce modèle n’est paséconomiquement viable ! « À moins d’être généreusement subsidiées, ou de pouvoir s’appuyer sur une activité d’économie sociale enparallèle, c’est mission impossible. Seules cinq épiceries sociales subsistent à Bruxelles : les Capucines, l’Entraide de Saint-Gilles, les Petits riens et Amphora, la croixrouge de Forest », déplore Céline Nieuwenhuys.

S’unir au sein d’un système d’achat groupé pourrait être une solution. S’inspirant de la France, la FCSS et le Crédal étudient la mise enplace un réseau d’épiceries sociales en Belgique francophone. Au-delà de l’approvisionnement, l’objectif est aussi d’échanger des bonnes pratiqueset d’avoir plus de poids politique.

Les différentes associations qui distribuent des colis alimentaires peuvent s’approvisionner auprès des banques alimentaires du pays, mais aussi parl’intermédiaire du Birb, l’organisme parastatal chargé d’écouler les surplus agricoles de l’Union européenne. Des denrées souvent intéressantes,mais pour lesquelles il faut remplir des exigences administratives jugées trop strictes par les associations de terrain. Bonne nouvelle, le Birb3 annonce qu’il a assoupli certainesdispositions en concertation avec les fédérations de CPAS, des banques alimentaires et autres institutions agréées, pour mieux s’adapter à la réalitéde la pauvreté.

1. Fédération des centres de service social :
– adresse : rue Gheude, 49 à 1070 Bruxelles
– tél. : 02 223 37 74
– courriel : info@fcss.be
– site : www.fcss.be
 2. L’aide alimentaire au cœur des inégalités, Hugues-Olivier Hubert, Céline Nieuwenhuys, 180 pages, 17 €, février 2010
3. Cette nouvelle circulaire est en ligne sur le site du Birb : www.birb.be

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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