D’après le dernier baromètre de Walk Free, une Fondation australienne, il y aurait aujourd’hui «plus d’un demi-million d’esclaves en Europe». Et 1.500 en Belgique. C’est le journal Le Soir qui a communiqué cette information aujourd’hui, sans nous expliquer exactement d’où peut bien provenir ce chiffre. Le Soir ajoute d’ailleurs que ni le Centre interfédéral pour l’égalité des chances ni le service traite des être humains de la police fédérale n’ont pu confirmer ni infirmer cette information. «C’est impossible à dire puisque nous sommes plusieurs institutions à recenser les cas d’esclavage», a expliqué Wim Bontincke, de la police fédérale, au quotidien francophone.
Si l’on se réfère à la note méthodologique du Global Slavery Index 2014 de Walk Free, cette donnée serait issue d’extrapolations élaborées sur base d’une étude de Human Rights Quaterly: «Slavery in Europe, Part 1: Estimating the Dark Figure», publiée en octobre 2013.
En Belgique, le Centre fédéral pour l’analyse des flux migratoires, la protection des droits fondamentaux des étrangers et la lutte contre la traite des être humains compile, dans son rapport annuel «Traite des être humains», toute une série d’informations collectées par la police, les services d’inspection sociale, le Collège des procureurs généraux, l’Office des étrangers, les centres spécialisés dans l’accueil aux victimes et le service de la politique criminelle. Ces données offrent un bon aperçu de l’intervention des acteurs, précise le Centre, mais elles ne sont pas harmonisées entre elles. Elles ne permettent donc pas de dresser le paysage de la traite des être humains en Belgique.
À titre d’exemple, si l’on se réfère aux données collectées par la police, 1.108 infractions de traite des être humains ont été constatées en 2013. Parmi elles, 586 de nature sexuelle et 273 de nature économique. En 2013, l’inspection sociale a quant à elle constaté des infractions de traite des êtres humains à des fins d’exploitation économique concernant 69 travailleurs (12 pro justitia et 17 rapports pénaux ont été rédigés). Les nationalités de ces travailleurs sont les suivantes: Roumanie (27 personnes dans 5 dossiers), Maroc (8 personnes dans 6 dossiers), Tunisie (8 victimes dans 3 dossiers), Hongrie (5 victimes dans 1 dossier), Pakistan (5 victimes dans 2 dossiers). Et les secteurs d’activités où ces infractions ont été constatées sont: la petite industrie alimentaire, l’industrie de transformation de la viande ou du poisson, le commerces de détail, l’horeca, la construction, le travail domestique, le ménage, le transport, le courrier express ou encore le traitement des déchets.
Travail saisonnier: Alter Échos enquête
Parmi les secteurs à risque, le travail saisonnier, qui emploie un personnel peu spécialisé. Dans le sud de l’Europe, les drames du travail saisonnier agricole sont récurrents. En Belgique, 45.000 travailleurs saisonniers sont embauchés chaque année pour cueillir les fruits du Limbourg ou d’ailleurs. D’autres découpent les sapins qui décoreront nos habitations ces prochains jours.
Alter Échos a enquêté et vous propose de plonger dans la réalité de ces travailleurs. On y découvre que des travailleurs saisonniers migrants acceptent d’être payés à des niveaux bien inférieurs au barème légal en vigueur. Si elles semblent plus rares qu’auparavant, une série d’affaires de traite des êtres humains – impliquant souvent des ressortissants indiens, installés de longue date dans les régions fruiticultrices – montrent que l’exploitation n’a pas disparu. Une enquête de Cédric Vallet à lire dans notre prochain numéro.