Imaginez-vous aller à l’école avec un poids sur les épaules ? Celui du harcèlement, la peur d’être jugé.e, moqué.e ou discriminé.e… Imaginez-vous également se lever le matin en étant obligé d’aller à l’école, et en arrivant à l’école, vous n’avez pas de professeur.e.s et vous êtes envoyé à l’étude. Pire encore, vous avez huit heures de biologie alors que vous, vous aimeriez être coiffeuse, styliste, plombier…ou quelque chose qui vous passionne, mais vous êtes incapable de vous orienter vers ces chemins que vous aimeriez tant… Est-ce comme ça que vous voyez l’école ? Nous, non !
Le harcèlement est devenu banalisé dans notre société. Vous avez déjà certainement entendu ces phrases : ce ne sont que des gosses, ils ne font ça que pour s’amuser…mais voir un.e de ses camarades se faire insulter ou tabasser pour son poids, sa couleur de peau ou pour son orientation sexuelle…ne sont pas des choses à prendre à la légère. Une personne que je chérie beaucoup s’est faite harceler pendant plus de deux ans. La raison ? Elle était un peu « ronde », en tout cas elle ne rentrait pas dans les normes de la société, et elle était de couleur noire. Cette personne, avant joyeuse, s’est renfermée sur elle-même et ne sourit plus.
Vous avez déjà certainement entendu ces phrases : ce ne sont que des gosses, ils ne font ça que pour s’amuser…mais voir un.e de ses camarades se faire insulter ou tabasser pour son poids, sa couleur de peau ou pour son orientation sexuelle…ne sont pas des choses à prendre à la légère.
Deuxièmement, les professeur.e.s absent.e.s ou la pénurie dans les établissements scolaires, surtout en technique et professionnelle. Cela pose de gros soucis. En effet, premièrement, ils n’apprennent rien et cela leur met des bâtons dans les roues dans leur projet professionnel et apprentissage. De plus, ces étudiants ont des stages ou des qualifications à présenter en fin d’année. Si le professeur principal est absent, cela complique la tâche pour ces jeunes : ce travail, ces derniers doivent le réaliser avec ce professeur principal. Fréquemment absent.e, ce travail n’est pas fait ou mal fait. Encore, si c’est le titulaire de classe qui est fréquemment absent, il est difficile pour cet.cette élève d’avoir une réelle personne de contact pour parler de ses problèmes, tant pédagogiques que privés. Par ailleurs, cela décrédibilise les professeurs eux-mêmes. Il y a des situations où des professeurs sont absents et puis, à un moment dans l’année, le professeur revient ou un remplaçant, et, à ce moment-là, la matière est vue à grande vitesse et on est sur du « marche ou crève ». C’est insupportable !
Vous avez certainement voulu déjà faire autre chose que ce dont vos parents voulaient que vous fassiez ? Moi, oui ! Je voulais faire coiffeuse ou styliste…j’ai déjà voulu m’orienter dans cette option dès l’année passée, j’en ai parlé à ma fille et j’ai eu comme retour un « non » catégorique. Le motif : ce n’est pas un métier « noble » et tu dois rester en général. Le même refrain est à l’œuvre : en général, ça t’ouvre plus de portes – dans l’imaginaire de la population – pour plus tard. Ça bloque donc certaines envies sous la contrainte d’un imaginaire des parents.
En conclusion, nous aimerions que, demain – et pour nous maintenant également -, pour les jeunes qui seront à l’école dans les années qui arrivent que les autorités publiques mettent en place un système où ils formeront les professeurs sur le harcèlement scolaire pour qu’ils.elles puissent intervenir et réagir de manière directe et intelligente. Cette formation les aidera pour avoir une meilleure réaction et aidera également les élèves pour davantage s’ouvrir aux professeur.e.s et de communiquer et moins se renfermer sur eux-mêmes.
Pour les professeur.e.s absent.e.s, l’école, en concertation avec l’administration, devrait prévoir des professeur.e.s quand les professeurs titulaires ne sont pas présents ; une sorte de « réserve » dans laquelle l’école irait piocher pour reprendre la classe lors de la maladie prolongée d’un.e professeur.e. Pour ce qui est du changement d’option, il devrait y avoir une présentation du CPMS, en début d’année sur la présentation de toutes les options et la possibilité de changer d’option et à quel stade de l’année ou du cursus scolaire. Par ailleurs, une collaboration AMO/école pourrait être intéressante pour réfléchir tous ensemble sur le choix d’étude et des possibilités. Encore, le Conseil de classe pourrait, en concertation avec le.la jeune, réfléchir sur les choix d’option, surtout en fin d’année avant la décision du Conseil de classe. La décision prise par le jeune serait définitive, bien que les parents s’y opposent.
Créons un service de CPMS pour chaque école…
L’école est un établissement qui a été créé pour accompagner et éduquer les individus. Lorsqu’un individu nait, il suit un ou plusieurs stades d’apprentissages durant sa vie : il va commencer par la crèche, puis il va aller à la maternelle et se former au fur et à mesure pour aller en primaire. Il va passer ensuite par le secondaire et, enfin, s’il le veut, l’université. C’est un accompagnement au cours de sa vie qui va, peut-être, lui apporter quelque chose. Pour d’autres, malheureusement, chaque stade est compliqué et ils n’arriveront pas jusqu’à l’université ou encore, pire, à terminer leurs études. Pourquoi ? Selon nous, il y a eu un problème dans leur processus d’accompagnement qui leur a fait arrêter ou, pire, détester l’école. Le constat que nous faisons est que l’école ne nous apprend pas à être adulte. Nous n’apprenons pas les « trucs » basiques de la vie de tous les jours (gestion d’un budget, inscription à la mutuelle, comprendre un contrat, voter, vivre en société…). L’école ne nous apprend rien de cela ! Il y a un réel manquement de l’école.
Pour nous, plusieurs choses amènent à cela : premièrement, les élèves ne savent pas les droits qu’ils peuvent exercer car ils n’ont pas été assez informés. Nous pourrons faire en sorte que toutes les écoles instaurent une personne qui s’y connait dans leurs droits pour informer les élèves des droits qu’ils peuvent exercer. Par exemples, engager plus de travailleurs sociaux, éducateurs, juristes…
Deuxièmement, prendre les élèves en difficulté en charge en proposant de faire des remédiations, des réunions et en prenant rendez-vous avec le CPMS avec les élèves en difficulté pour les sortir de cette spirale ou tout ne va pas. Ce sont toutes des petites choses dont les élèves ont besoin dans leur processus scolaire, mais dont ils n’ont pas forcément connaissance ou ils ont peur de l’exprimer ou ne savent pas l’exprimer. Une personne, un.e professionnel.le doit les prendre en charge et les accompagner. L’éducation, c’est un accompagnement et il se doit de mettre des services, des personnes pour les accompagner. Notre idée, pour que tous les élèves soient au courant, est de mettre dans le journal de classe une page reprenant toutes les coordonnées des différents intervenants qui peuvent aider ces élèves, ou une affiche placardée dans toutes les classes, laquelle sera présentée par le titulaire de classe ou le CPMS durant l’année.
Troisièmement, il faut une revalorisation des filières techniques et professionnelles car la société a donné un aspect négatif à ces options. Ainsi, les parents – et les élèves surtout – pensent que choisir de telles options c’est mauvais, alors que tout naturellement les jeunes ayant choisis cette option ont une intelligence plus manuelle et sont considérés dans la société comme des métiers de bas étages, alors que les diplômes acquis dans ces options sont des métiers de première ligne et importants dans la société (constructeur, plombier, électricien…). Il faut les mettre plus en valeur.
En conclusion, nous demandons de créer un service de CPMS pour chaque école avec un renforcement des différents profils tels que psychologue, assistants sociaux, juristes…et non un CPMS pour plusieurs écoles. Pour les élèves en difficulté, faire des réunions parents-élèves-professeurs en leur montrant la plus-value d’options à finalité techniques et professionnelles et que les diplômes à la fin d’une 6ème sont équivalents à ceux obtenus en général.
Les jeunes d’interpell’action,
Mariama, Tahir, Aleks, Houda, Kadiatou et Aicha
Interpell’action est un projet qui a pour double objectif de mettre en évidence les constats de terrain et de réfléchir avec les publics concernés à des propositions d’améliorations concrètes de leurs situations de vie.