Aujourd’hui, une personne isolée est considérée comme «pauvre» quand elle doit vivre avec moins de 1.095 euros par mois. Selon une étude présentée par l’Institut pour un développement durable et le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, le seuil probable se situerait plutôt à 1.200 euros. L’occasion de plaider pour de nouveaux outils de mesure.
C’est un chiffre que l’on voit abondamment circuler dans la presse et dans les discours politiques: 15,5% de la population belge vit sous le seuil de pauvreté. Ce seuil est fixé à 60% du revenu médian de la population. Soit, une personne isolée est considérée comme «pauvre» quand elle vit avec moins de 1.095 euros par mois. Selon une étude présentée par l’Institut du développement durable et le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, ce chiffre serait sous-estimé. Le seuil de pauvreté se situerait plutôt à 1.200 euros.
Explications? Contrairement à d’autres pays européens où le revenu médian est calculé à partir de base de données administratives, fiscales et sociales, en Belgique, les statistiques annuelles Silc proviennent d’une enquête. Avec toutes les limites que cette méthode peut entraîner en termes d’échantillonnage, de réponses manquantes ou douteuse sur les points délicats… Selon les chercheur de l’IDD, une forte sous-estimation des revenus de la propriété (dividendes, intérêts, loyers) biaiserait ainsi les calculs. «Une meilleure prise en compte de tous les revenus conduirait à une hausse du taux de pauvreté des moins de 65 ans et une baisse du taux de pauvreté des 65 ans et plus. Au total les deux taux de pauvreté s’en trouveraient augmentés.»
Derrière cette affaire de chiffres se cache une question plus existentielle. Que signifie être «pauvre», aujourd’hui, dans notre société de consommation? Le revenu ou l’emploi restent aujourd’hui les références privilégiées pour mesurer ce phénomène multifacettes. Mais, de la même façon qu’il existe aujourd’hui un mouvement qui plaide pour l’usage d’indicateurs alternatifs au PIB pour mesurer la croissance, chercheurs et acteurs de terrain remettent aujourd’hui en cause les outils utilisés pour mesurer la pauvreté.
En présentant cette étude, le RWLP et l’IDD plaident non seulement pour que le taux de pauvreté soit mesuré à partir de données plus fiables, mais aussi, pour que le recours aux indicateurs alternatifs, comme le budget de référence ou le taux de déprivation matérielle, soit davantage encouragés. À cet égard, on se félicitera de constater que c’est ce dernier indicateur qui a été retenu par le gouvernement wallon dans son nouveau plan de lutte contre la pauvreté. Nous y reviendrons prochainement dans Alter Échos.
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Alter Échos du 16 juin 2014 : De nouvelles boussoles pour la Wallonie et pudibonderies économiques