Le ministre flamand de la Famille, Jo Vandeurzen (CD&V), va consacrer encore cette année sept millions d’euros à la création de nouvelles places d’accueil à l’enfance. Mais les conditions de cet élargissement de l’offre inquiètent toute une partie du secteur.
C’est à l’occasion du salon de l’accueil à l’enfance à Anvers (la « Vakbeurs Kinderopvang »), fin septembre, que Jo Vandeurzen a annoncé la création de 1 051 places nouvelles d’ici à la fin de l’année 2012. 235 seront créées dans le secteur subventionné existant. Pour les 816 qui restent, il s’agira de places créées dans des structures indépendantes mais bénéficiant du système IKG (« Inkomensgerelateerde kinderopvang ») ou accueil sur la base des revenus. Un appel à projets avait été lancé en mars dernier et Kind en Gezin a été impliqué dans le processus d’attribution des places. De bonnes nouvelles pour les parents, mais les acteurs indépendants du secteur (fédérés au sein de l’organisation Unieko) ne sont pas contents.
Dany Depreitere, président d’Unieko, souligne qu’il y a toujours eu plus de demandes que d’offres par rapport au système IKG, le gouvernement flamand n’ayant jamais eu la possibilité financière de satisfaire tous les demandeurs. Or, souligne Unieko, le secteur des indépendants est de plus envahi par des acteurs « autres » qui créent des structures d’accueil : écoles et CPAS notamment. Dany Depreitere craint que ces nouvelles structures ne finissent par chasser les crèches indépendantes et expérimentées du marché.
La mini-crèche Kwebbeltje de Borsbeek est un exemple. Elle peut accueillir 14 enfants maximum. Avant, toutes les places vacantes étaient facilement remplies vu la longueur des listes d’attente. Mais ce n’est plus le cas. « Après avoir passé presque 14 ans à travailler dur pour offrir un service de qualité à un prix correct, nous devons constater que nous devons nous battre contre de plus en plus de concurrents subventionnés. C’est normal que les jeunes parents veuillent tous aller vers ce genre de structures bon marché. C’est probablement logique mais cette logique-là risque de nous être fatale », constate Peter De Keuckelaere, le responsable. Sa crèche ne fait pas partie du système IKG : « Au début, je ne voulais pas parce que j’estimais que les montants d’aide n’étaient pas assez élevés par enfant. Et maintenant qu’ils les augmentent, nous ne pouvons plus y avoir accès. » Dans une autre crèche à Mortsel, c’est pire. Là, ce sont trente places qui sont inoccupées et le spectre de la faillite qui se profile. Ils avaient bien tenté d’obtenir une partie des nouvelles places IKG créées, mais selon l’administration flamande, il y avait une erreur dans leur dossier de candidature. Dans les rangs de l’opposition, la députée flamande Vera Vanderborght (Open VLD) s’étonne, pour sa part, de ce que l’on donne de l’argent pour créer de nouvelles structures « sans s’assurer au préalable de ce que tous les acteurs existants puissent bien rester à bord ».
Pas place pour tous
Le ministre Jo Vandeurzen insiste sur le fait que priorité a bien été donnée aux structures pré-existantes. En fait, l’ordre des priorités est le suivant : d’abord les structures indépendantes qui n’avaient pas encore de places IKG, ensuite celles qui voulaient s’agrandir et enfin les structures créées de toutes pièces. 46 % des places nouvelles seront ainsi créées dans des initiatives existantes. Mais il ajoute que seules les zones de soins qui avaient été indiquées comme celles où la pénurie de places IKG était la plus grande sont rentrées en ligne de compte. Ceux qui se trouvaient juste à la limite ou en-dehors de ces zones n’ont pas pu le faire. Jo Vandeurzen reconnaît également que beaucoup de nouvelles places ont été octroyées à des CPAS ou à des asbl qui ne ressortent pas réellement de l’initiative purement privée. Et la prochaine vague d’aide ne devrait concerner que le secteur public : « Notre priorité reste l’accueil à l’enfance avec une fonction sociale », a-t-il conclu. Le nouveau décret sur l’accueil à l’enfance, voté en mars dernier, a notamment pour but de réduire graduellement le fossé entre le secteur subventionné et le secteur indépendant.
D’après De Morgen et De Standaard