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Regard critique · Justice sociale

Intégra Plus : une logique de changement pour l'insertion

Active au nord Luxembourg et dans certaines des communes des provinces voisines, l’association Intégra Plus est composée principalement des CPAS des communes de Durbuy, Hotton, LaRoche, Rendeux et Erezée

19-06-2010 Alter Échos n° 297

Présente dans le nord de la province du Luxembourg et dans certaines des communes des provinces voisines, l’association Intégra Plus1 est composée principalementdes CPAS des communes de Durbuy, Hotton, La Roche, Rendeux et Erezée. Active notamment dans l’insertion sociale et professionnelle, cette structure « transcommunale » tente dedécloisonner le secteur par une approche résolument transversale et intégrée de son travail et des bénéficiaires.

Née officiellement en 2002 en tant qu’« association chapitre XII » (qui permet à un CPAS de former une association avec un ou plusieurs autres centres publics d’actionsociale pour réaliser une des tâches confiées aux centres par la loi organique des CPAS), Intégra Plus trouve néanmoins ses origines dans les années nonanteavec, en guise d’illustration, la mise en place d’une convention entre les CPAS de Durbuy et Hotton sur l’axe insertion socioprofessionnelle. « Cette ouverture progressive du CPAS deDurbuy vers d’autres partenaires est partie du constat que la réponse aux besoins en accompagnement ISP que nous rencontrions ne pouvait pas se faire uniquement au niveau d’une coordinationlocale », précise Christiane Rulot, coordinatrice d’Intégra Plus, « détachée » par le CPAS de Durbuy.

S’étant donc étendue de plus en plus au fil des années, la structure ainsi constituée commence son travail en endossant un rôle d’observatoire de la situationsocio-économique de sa zone, chaque CPAS étant invité à dresser une « photo » de son public. Outre le fait de « lancer » et d’entretenir lepartenariat, cette initiative a également eu le mérite de permettre un « profilage » un peu plus fin du public, des « membres » d’Intégra Plus. «Nous nous sommes rendu compte que ce qui entravait le parcours d’insertion du public, pouvait recouvrir un grand nombre de choses, lance Daniel Wathelet, chargé de l’« accompagnementméthodologique » à Intégra Plus. Nous parlons ici de mobilité, de logement, de manque de confiance en soi… L’observatoire a permis de mettre ces problèmesen lumière et d’arriver à la conclusion qu’il y avait des actions à mettre en place, ensemble, afin d’y répondre. C’est quelque chose de très important parce quel’observation n’est pas quelque chose que les pouvoirs publics encouragent vraiment. On nous incite plutôt à passer à l’action directement… »

Tout ceci en gardant en tête que les CPAS continuent également à travailler de leur côté, avec leur public, les bénéficiaires du revenud’intégration sociale. « Nous travaillons en plus des CPAS, notre action vient en fait compléter et appuyer ce qu’ils font individuellement, précise Christiane Rulot. Dansce contexte, le public que nous avons été amenés à prendre en charge s’est révélé bien plus diversifié que le seul public de typeCPAS/insertion. Il peut s’agir de demandeurs d’emplois, de travailleurs en situation précaire ou sans statut. »

Des actions pour plus de transversalité

À parler de prise en charge, des ateliers sont vite mis en place après la phase d’observation afin d’identifier les initiatives à développer pour répondre auxproblèmes constatés. Ainsi, une action centrée sur la mobilité et l’obtention du permis de conduire est organisée. De même, des actions dédiéesau logement ou à la confiance en soi se mettent également en place. « Concernant le logement, il est clair que si on n’aide pas les gens qui viennent nous voir à trouver unlogement et à les y stabiliser, ils auront des difficultés à décrocher un emploi, continue Christiane Rulot. De même, pour la confiance en soi, il est vite apparuque beaucoup de personnes ayant des difficultés à s’insérer ou à trouver un emploi étaient dans cette situation parce qu’ils manquaient de confiance en eux.L’action mise en place a ainsi permis de s’attaquer à cette situation tout en finissant par impliquer d’autres problématiques liées, comme celle de l’obtention de stages, lesuivi de formations, etc. »

On le voit, l’approche proposée par Intégra Plus se veut « transversale » en ce qu’elle propose à ses bénéficiaires toute une série d’«options » recouvrant divers domaines. « La logique actuelle en ISP est effectivement souvent de cloisonner les gens et les missions, acquiesce Daniel Wathelet. Nous tentons de notrecôté de franchir les frontières, de les abolir. » Un constat avec lequel Christiane Rulot semble d’accord : « Il y a effectivement autant de portes d’entréeà Intégra Plus que d’actions mises en place. Après un premier bilan individuel réalisé en entretien, les bénéficiaires peuvent s’arrêterlà ou bien passer à une ou plusieurs actions qui, elles, sont collectives, avant de revenir, pourquoi pas, à un bilan individuel. Nous essayons d’être souples, de nousadapter afin de permettre aux gens qui viennent nous trouver de faire le point et d’opérer un changement dans leur situation. » 350 personnes par an s’adresseraient ainsi àIntégra Plus, pour un parcours allant d’un jour à trois ans en général, afin de bénéficier de services qui comptent, entre autres, des actionsd’accompagnement à la création d’activités économiques, des actions d’accroche pour publics un peu plus fragilisés ou encore un module « bien-être».

Une tentative d’ouverture

Cette volonté de transversalité, de « franchir les frontières », on la retrouve aussi dans les partenariats que développe Intégra Plus. Àl’heure actuelle, la structure, véritable animatrice d’un réseau de partenaires, compte en effet une cinquantaine de compagnons de route l’aidant dans ses tâches, dans les rangsdesquels on identifie notamment les CPAS des communes de Somme-Leuze, Manhay et Marche-en-Famenne. L’EFT Le Trusquin, la Régie de quartier de Marche-en-Famenne, l’asbl Clair et Net, le Forem,l’Enseignement de promotion sociale, la coopérative d’activité Challenge, la couveuse d’entreprise Créa Job, un planning familial, ou encore le Miroir vagabond sontégalement de la partie. « Nous ne nous situons pas dans un contexte d’ISP “classique”. Nous essayons de nous ouvrir un maximum. Notre but, pendant et après le passagedes bénéficiaires à Intégra Plus, est de les orienter au mieux. Il faut donc savoir qui fait quoi… Nous sommes en veille permanente », sourit Christiane Rulot.

Des partenariats à tout-va

Dans ce contexte, lorsqu’Intégra Plus met en place un partenariat – notamment des projets financés par le Fonds social européen (FSE) –, le but del’opération n’est pas, selon nos interlocuteurs, de s’autofinancer. La structure se situerait plutôt dans une logique de mise en place de « portefeuilles de projets »où tout le monde aura à y gagner. « Cette volonté de franchisseme
nt des frontières n’est pas évidente à mettre en place au début, il y aquelquefois des résistances, note Daniel Wathelet. On touche ici à des logiques de changement, ce qui est la nature même du projet d’Intégra Plus. On parle de mise enconfiance des bénéficiaires, mais le même type de travail est nécessaire avec les partenaires, qui doivent pouvoir aussi identifier les bénéfices d’untravail en partenariat… »

En tant qu’animateur d’un réseau de partenaires, Intégra Plus participe actuellement au projet FSE La Marguerite, centré sur l’employabilité en province de Luxembourget qui concerne les opérateurs ISP et les acteurs d’animation économique ; le but étant de renforcer les capacités et les compétences de ces acteurs face auxproblèmes qu’ils rencontrent à ce niveau. Un projet au sein duquel Intégra Plus s’est vu confier la tâche de mettre en place des ateliers de prospective à propos del’employabilité.

« Le travail à effectuer a été déterminé par rapport aux attentes des opérateurs détaille Daniel Wathelet. Et les ateliers surl’employabilité en font partie. Dès qu’une question concerne plusieurs partenaires, c’est une occasion pour nous de faire travailler les différents acteurs ensemble. Il s’agitd’un véritable travail de co-production de réflexions opérationnelles. La question pour les opérateurs est : comment moi et ma structure pouvons-nous évoluer,anticiper des changements de contexte, de l’évolution de nos publics et de l’adaptation de nos missions ? »

Un miroir, en quelque sorte, de ce qui se fait en individuel ou en collectif avec les bénéficiaires. Une opportunité, aussi, pour les opérateurs. « Ils sontvraiment demandeurs d’endroits où s’exprimer, où voir comment il est possible de travailler ensemble », conclut Christiane Rulot.

1. Intégra Plus :
– adresse : Grand-Rue, 44 à 6940 Barvaux
– tél. : 086 21 06 02
– courriel : coordination@integraplus.be
– site : www.integraplus.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste (emploi et formation)

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