L’annonce de la suppression début décembre de subsides de la Région wallonne à une série d’associations oeuvrant pour l’intégration despersonnes étrangères a provoqué un tollé général dont nous nous sommes fait l’écho dans l’Alter Echos n°199. Ce 10 janvier, laministre wallonne de l’Action sociale, Christiane Vienne (PS)1, était interpellée sur le sujet et a apporté quelques précisions concernant lesmodalités futures de financement pour les associations du secteur.
Interrogée en Commission de l’Action sociale ce 10 janvier2 par Monika Dethier-Neumann (Ecolo), Véronique Cornet (MR) et Anne-Marie Corbisier-Hagon (CDH), ChristianeVienne a confirmé sa décision de sabrer dans les subsides aux associations en charge de l’intégration des personnes étrangères : « Je confirme donc lesdécisions prises en novembre dernier à propos de l’appel à projets 2005 relatif à l’intégration des personnes étrangères oud’origine étrangère, publié en mai dans le Moniteur belge. Je confirme également les diminutions, voire suppressions, ponctuelles de certaines subventionsfacultatives dans ce contexte. Ces décisions sont définitives pour 2005 et mes services ont été chargés de notifier aux intéressés les choix quej’ai finalement opérés seule évidemment, mais sur base des évaluations qui m’ont été transmises. Par ailleurs, je tiens à vous rappelerqu’en ce domaine, les perspectives budgétaires 2006 ont retrouvé leur niveau initial de 2005 et me permettront donc de soutenir, toujours de manière facultative, desprojets et actions développés dans le domaine de l’intégration sociale des personnes issues de l’immigration. »
Transfert vers la Communauté française
« À cet effet, je compte, après une consultation du secteur qui est, par ailleurs, déjà entamée, publier dans les meilleurs délais, un nouvel appelà projets pour 2006. Rien n’est donc encore décidé et j’envisage, le cas échéant et pour certains projets, un subventionnement pluriannuel limitéà trois ans, comme m’y autorise le décret du 4 juillet 1996. »
Toutefois, la portée de cet appel à projets sera définie de manière plus précise et recentrée sur les compétences relevant de la Régionwallonne. Ce qui relève de la culture, de l’enseignement, de l’éducation permanente devra être subsidié par la Communauté française. « Dans cecontexte, le soutien des actions liées à l’alphabétisation, à l’apprentissage du français langue étrangère, voire aux écoles dedevoirs, fera très prochainement l’objet d’une concertation avec les départements relevant de ma collègue, la ministre Arena. En effet, elle entend, de soncôté, développer des initiatives spécifiques à ce sujet notamment à travers le FIPI et le Plan Stratégique ‘ inclusion sociale ‘. »« Et au besoin, conclut la ministre, cette problématique, qui a déjà été évoquée dans le cadre de la Conférence interministérielle‘alphabétisation’, pourra faire l’objet d’une note d’orientation pour un prochain Gouvernement conjoint Communauté française-Région wallonne,en vue de définir et de mieux préciser les engagements de chaque entité fédérée.
Le prochain appel à projets : précisions
Pour l’avenir, la ministre a apporté quelques précisions pour le prochain appel à projets qu’elle recentrera sur quatre axes d’action : les primo-arrivants,la diversité culturelle, la politique d’égalité des chances et le problème des illégaux. Et de préciser : « C’est ensemble, avec lesacteurs de terrain, que nous allons définir en ce début d’année les modalités de
l’appel à projets pour 2006. Les projets pourront être rentrés jusqu’en juin et les associations recevront une réponse dans des délais raisonnables. Ils’agit tout simplement d’une logique d’appels à projets et il a toujours été procédé ainsi. Le secteur a besoin d’une colonnevertébrale, de logique et de cohérence. »
Pour Véronique Cornet (députée MR), la ministre a agi dans la précipitation et l’improvisation. « Christiane Vienne a décidé sur un coup detête de sabrer dans les subventions de très nombreuses associations sans concertation avec celles-ci et les autres acteurs de terrain. Quant à 2006, si la ligne budgétaireglobale est effectivement retournée à la normale, rien n’assure que les moyens seront affectés aux associations. Après avoir pratiqué la politique du faitaccompli, la ministre annonce désormais qu’elle s’engage dans un processus de concertation. Celui-ci aurait dû avoir lieu avant de prendre des décisions fermes. Demême, si effectivement, certains projets relèvent plus des compétences communautaires, il aurait été logique de tenter d’obtenir un accord avec laCommunauté française afin de maintenir les financements existants. On peut parler d’un véritable fiasco ! »
Côté Ecolo3, même virulence à l’encontre de la ministre : « Pour toute justification,explique Monika Dethier-Neumann, députéewallonne Ecolo, Christiane Vienne affirme ne pas avoir à subsidier des projets ne proposant rien de spécifique aux primo-arrivants. Elle a même poursuivi oralement par ces mots :‘Je refuse de subsidier des personnes qui mangent des frites-mayonnaise depuis des années ! ‘. Chacun appréciera l’abyssale profondeur d’un argument quin’a d’égal que l’inanité du positionnement de la Ministre, lequel consiste à envoyer les associations mendier aux portes de la Communautéfrançaise – entité la plus riche du Pays – des subsides que jamais les précédents exécutifs wallon et communautaire ne leur avaient refusés. Ilest vrai que, de ce temps là, on savait ce que travailler en bonne intelligence voulait dire. » Ambiance.
Un recommandé en signe de protestation ?
Anne-Marie Corbisier–Hagon, députée wallonne CDH s’étonne quant à elle des propos de la ministre concernant le travail avec les primo-arrivants : «Vous nous avez fait une remarque sur les primo-arrivants et vous nous dites qu’il n’yapas de projet les concernant. Or, des associations y travaillent. En effet, elles travaillent aveceux, même si le terme primo arrivant n’est pas repris comme tel. Il faut donc analyser correctement ce fait. Enfin, le problème des subsides 2005 se répercutera sur lesannées à venir car, puisque les associations auront été durement touchées en 2005, elles seront sur le flanc pour 2006 et 2007. »
Enfin, les trois députées proposent aux associations de faire entendre leur voix : « Madame Vienne estime que l’opposition pratique l’alarmisme, dès lorsqu’elle n’a reçu qu’une seule lettre de réclamation d’une association de terrain. Puisqu’à défaut d’entendre les cris de terrain, laMinistre sait lire… nous conseillons à toutes les associations menacées de mettre la clé sous le paillasson ou de licencier des collaborateurs d’envoyer unrecommandé à la Ministre ! ». L’avenir dira si les associations auront donné suite à l’appel.
1. Cabinet Vienne, rue des Brigades d’Irlande, 4 à 5100 Jambes – tél. : 081 32 34 11 – fax : 081 32 34 29 – courriel : christiane.vienne@gov.wallonie.be – http://vienne.wallonie.be
2. Le compte-rendu est téléchargeable ici.
3. Communiqué du 10 janvier consultable sur www.ecolo.be