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Intégration sociale: le bonheur est dans le pré

Intégrer des personnes fragilisées dans des exploitations agricoles, c’est le projet lancé à Haccourt en province de Liège par l’association Racynes. Vingt personnes seront ainsi immergées dans le quotidien de 13 fermes dès cette année.

Intégrer des personnes fragilisées dans des exploitations agricoles, c’est le projet lancé à Haccourt en province de Liège par l’association Racynes. Vingt personnes seront ainsi immergées dans le quotidien de 13 fermes dès cette année.

Depuis 2005, l’association Racynes, à la fois service d’insertion sociale (SIS) et association de promotion du logement (APL), s’occupe d’une ferme d’animation située en pleine campagne. Sur place, des adultes en rupture sociale, en situation de handicap ou rencontrant des troubles mentaux ou d’assuétudes, participent aux travaux de la ferme et à des ateliers en lien avec le développement durable. Cette année, l’association se lance dans une nouvelle aventure: intégrer ces personnes dans des entreprises agricoles. L’objectif est de proposer à ce public plus fragilisé de s’investir bénévolement dans ces structures tout en bénéficiant d’une attention particulière de la part du producteur, en se confrontant au travail et en acquérant des compétences.

«Le temps hebdomadaire passé dans l’exploitation pourra dépendre de divers facteurs: besoins et disponibilité de l’accueillant, capacités du stagiaire, objectifs fixés pour la personne…», Alexandre Carlier, directeur de l’asbl Racynes

«Depuis de nombreuses années, il nous semble indispensable de trouver une réponse, une occupation ayant un sens pour ce public en grand décrochage, très éloigné du marché du travail, mais qui est suffisamment valide et adapté pour pouvoir trouver sa place dans la société civile, explique Alexandre Carlier, directeur de l’asbl. Intégrer des entreprises agricoles, via ce projet, est une solution qui nous semble parfaitement adaptée à ces personnes courageuses, volontaires, motivées. D’autre part, le partenariat avec le secteur agricole sera riche de rencontres, mais aussi de diversification pour ces exploitants.» En tout, vingt personnes participent au projet mené par Racynes. La plupart assistent déjà d’ailleurs aux activités d’insertion sociale de l’asbl. Quant à l’accompagnement, il est assuré par un travailleur social spécifiquement engagé pour ce projet. «Lorsque nous évaluerons, avec la personne et ses accompagnateurs sociaux, que celle-ci est prête à intégrer une exploitation agricole, quelques heures par semaine, nous organiserons les rencontres avec l’accueillant. Le temps hebdomadaire passé dans l’exploitation pourra dépendre de divers facteurs: besoins et disponibilité de l’accueillant, capacités du stagiaire, objectifs fixés pour la personne…», ajoute Alexandre Carlier.

Treize entreprises et sept initiatives

Treize exploitations agricoles de la région liégeoise se sont engagées à accueillir ce public fragilisé parmi lesquelles Cynorhodon, un centre d’insertion socioprofessionnelle situé à Haccourt également dont l’objectif est de proposer une formation en maraîchage biologique et en élevage pour des personnes cherchant à se réinsérer sur le marché du travail. «Les personnes prendront part aux formations ou assumeront des petites tâches spécifiques dans la gestion du site de Cynorhodon, poursuit Alexandre Carlier. Dans l’ensemble, ce sont des fermes qui ont la même ouverture que nous, tournées vers le développement durable. On a favorisé les partenariats au niveau local, avec des structures avec lesquelles nous travaillons déjà.» Les treize entreprises reçoivent, de leur côté, des frais de défraiement comme pour un tutorat: 40 euros pour une journée d’accueil. «Cela leur permet de consacrer du temps pour les personnes qui font du bénévolat chez elles», ajoute-t-il.

L’asbl Racynes fait partie des sept initiatives sélectionnées en décembre dernier par les ministres de l’Agriculture, René Collin, et de l’Action sociale, Maxime Prévot, qui visent l’intégration sociale en milieu rural dans le sud du pays. Pour lancer son projet, elle a reçu un cofinancement Wallonie-Feader de 516.572 euros.

Pierre Jassogne

Pierre Jassogne

Journaliste

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