Syndicats, mutuelles, associations, collectifs. Depuis plus d’un siècle, ces structures que l’on appelle parfois «corps intermédiaires», font partie du paysage en Belgique. Elles sont même pour certains les garantes de la vivacité de notre démocratie, qui ne se limite pas à de simples élections. Forces de proposition, de participation, relais de la parole des citoyens, elles entendent aussi souvent jouer un rôle de contre- pouvoir, de garde-fou.
Pourtant, depuis des années, on les dit en perte de vitesse. Dépassées par la révolution digitale. Doublées par toutes sortes de nouveaux collectifs, fruits justement de cette révolution digitale. Incapables de s’adapter à cette nouvelle société où tout est éclaté, atomisé, individualisé et d’y porter un combat collectif. Voire affaiblies, parfois, par un pouvoir politique qui n’entend pas toujours, ou plus toujours, partager son pouvoir de décision.
Prenez les syndicats. Naguère fers de lance de la contestation sociale, ils connaissent aujourd’hui des fortunes diverses en Europe. Auraient-ils perdu de leur pouvoir ? Nous faisons le point, chiffres et graphiques à l’appui, dans six pays membre de l’Union européenne.
Pourtant, l’heure n’est pas à la résignation. Les mutuelles, après avoir été durement critiquées par Maggie De Block en 2014, entendent ne plus être assimilées à de simples guichets de remboursement. Et affirmer leur rôle de proximité, de combat, de rempart contre la marchandisation de la santé.
S’affirmer… C’est ce que les associations tentent de faire, dans leur relation au pouvoir politique. Ce n’est rien de dire que ces deux bords-là ont une drôle de relation. Pour la raconter et en prendre le pouls, Alter Échos est allé parler à des élus et des responsables associatifs qui se sont livrés plutôt librement.
Restent les citoyens. Comment les associer aux prises de décision? Comment impliquer les corps intermédiaires dans ce renouveau démocratique? Nous vous proposons d’y répondre via une interview croisée de Magali Plovie, présidente du parlement bruxellois francophone, et Arianne Estenne, présidente du Mouvement ouvrier chrétien. Nous avons également rencontré Fabrice Olivet, de Asud (Auto-support des usagers de drogues, France), et Émilie Hermant (du collectif français Dingdingdong – Institut de coproduction de savoir sur la maladie de Huntington). Ils nous livrent le récit de ces collectifs créés pour fabriquer de la solidarité, faire basculer les regards et les pratiques, et reprendre du pouvoir.
Bienvenue dans le monde des intermittents du pouvoir.