À moins d’avoir passé ces vingt dernières années dans une grotte, personne ne peut dire aujourd’hui qu’il/elle n’est pas au courant des menaces écologiques qui planent au-dessus de notre bonne vieille planète. Changement climatique, déforestation, effondrement de la biodiversité, acidification des océans, la coupe est pleine et les effets de l’anthropocène1 sur la terre sont chaque jour de plus en plus évidents.
Face à ces événements, les militants environnementaux ont multiplié les manifestations, les actions de sensibilisation. Mais alors que l’horloge tourne et que rien ne semble vraiment bouger, certains s’interrogent. Faudrait-il passer à quelque chose d’autre, quelque chose de plus tranché, de plus radical comme la désobéissance civile? (Lire «La désobéissance civile: arme à double tranchant du combat climatique»)
Ce pas, d’autres l’ont déjà franchi. Existant depuis les années 60, l’antispécisme2 n’a fait son nid que bien plus tard en Belgique. Pour autant, ses tenants se sont faits aujourd’hui les spécialistes d’actions spectaculaires, comme la libération d’animaux dans des élevages ou la réalisation de vidéos sensationnelles prises en caméra cachée dans différents abattoirs du pays. Mais tous les moyens sont-ils bons? (Lire «Anrispécisme: les vrais ‘guerriers’ de la cause?»).
Cette question rappelle en tous cas que l’écologie est porteuse d’enjeux politiques, bien sûr, mais aussi de polarité et de conflit. C’est ce que nous rappellent Paul Magnette, président du parti socialiste, et François Gemenne, politologue, membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Dans une interview croisée, ils abordent ces questions, tout en soulignant qu’à l’heure actuelle, ce sont les plus précaires qui sont doublement touchés: plus vulnérables aux impacts du changement climatique, ils sont aussi beaucoup plus affectés par les politiques de lutte contre celui-ci. Un point dont on ferait bien de se souvenir si on ne veut pas que la population ne finisse par dire «non». À Schaerbeek, c’est ce qui se passe aujourd’hui avec l’implémentation locale du plan de mobilité bruxellois «Good Move» (Lire «‘Good Move’: Schaerbeek, une commune sous tension».