«Véritable ralentisseur de carrière et accumulateur de dépenses, la maternité a un coût bien réel pour les femmes et leur indépendance économique», soulignait en juin dernier une note de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes en France. Avant d’interroger: «Pour les femmes, quel est le coût d’être mère?» À l’évidence, la facture est salée. A fortiori pour les femmes qui connaissent déjà une ou plusieurs formes de précarité. Départ du géniteur à l’annonce de la grossesse, davantage de difficultés à trouver un logement pour les femmes en situation irrégulière, risque accru de perdre son emploi… Les facteurs de risques sont nombreux («Le suivi pré- et postnatal est un formidable outil de réduction des inégalités»).
Mais les liens entre maternité et précarité sont pluriels et complexes. Ainsi, «les grossesses adolescentes surviennent plus souvent dans les régions marquées par la précarité et l’isolement social», remarque-t-on dans le Hainaut, où les naissances chez les moins de 18 ans sont plus de deux fois plus nombreuses (1,2 %) que dans le reste de la Belgique (0,5 %) («Des cocons pour les mamans» ). Un choix délibéré de maternité, qui s’explique souvent par un désir de «revanche sur la vie»: «En devenant mères, ces adolescentes gagnent l’attention de la société et accèdent à certains droits» («Très jeunes mamans»).
Avant, pendant et après la grossesse, ce dossier met l’accent sur les nombreuses initiatives qui existent pour aider les plus fragiles à assumer le coût de la maternité. Il peut s’agir, comme le propose BBBru à Molenbeek et Anderlecht, d’assurer des suivis de grossesse pour les mères en situation de précarité via une «approche qui se concentre sur le groupe au lieu de se limiter au rendez-vous individuel, et ce tout en prenant en compte les problèmes psychosociaux des patientes» («Maternité, partage de savoirs et sororité»).
Ou encore, comme s’y efforce l’asbl Aquarelle au sein de l’hôpital Saint-Pierre, de rappeler à ces femmes, qui ont souvent eu «des parcours de vie difficiles, dans lesquels elles ont eu peu l’occasion de faire des choix», qu’elles ont voix au chapitre quant à leur grossesse et accouchement («Choix de l’accouchement: celles pour qui la question ne se pose pas»). Mais aussi, face à l’urgence, d’offrir refuge et soutien aux mamans sans abri et à leur bébé ( «Maman et bébé sans domicile fixe»).
Un enjeu reste crucial après l’accouchement: l’accès aux crèches. «Lieu de socialisation pour les enfants, la crèche l’est aussi pour leurs parents. L’avantage est démesurément plus grand aussi pour les enfants qui sont dans une situation de grande précarité et/ou qui ne parlent pas le français ou le néerlandais à la maison par exemple.» («Crèches: un secteur à réinvestir»). Or, si leur rôle est essentiel dans la réduction des inégalités, leur nombre reste largement insuffisant au regard de la demande.
Ce dossier disponible gratuitement a été réalisé avec le soutien financier d’Equal.Brussels (https://equal.brussels)