Si comme on a coutume de le dire, l’argent est le nerf de la guerre, chez certains, c’est une guerre contre soi-même que l’argent innerve: les joueurs compulsifs, accros aux jeux d’argent. Leur dépendance active le même circuit neurobiologique que la dépendance à l’alcool, et ses répercussions sont tout aussi dévastatrices. Sur la voie du rétablissement, un même dispositif d’ailleurs: des groupes de parole sur le modèle des Alcooliques anonymes (lire «Joueurs compulsifs, les grands perdants»).
Autre spirale infernale, celle de l’endettement. Interviennent alors les huissiers, qui jouent parfois un drôle de jeu, eux aussi. Des comportements de harcèlement et d’intimidation ainsi que des surfacturations problématiques sont rapportés depuis plusieurs années, qui ont mené à l’adoption de certaines réglementations visant à protéger davantage le consommateur (lire «Les huissiers et le business de la dette: vers un mieux?»).
Le citoyen n’est pas le seul à s’endetter parfois. L’État doit lui aussi de l’argent, notamment sous la forme d’astreintes – des sanctions pécuniaires qui lui sont imposées lorsqu’il ne respecte pas des jugements l’obligeant à se mettre en ordre (dans les dossiers de surpopulation carcérale ou d’accueil des demandeurs d’asile, par exemple). Les montants dus se chiffrent en millions, dont une grande partie reste impayée (lire «Dans les placards du gouvernement, les astreintes»).
Face à l’omniprésence et l’omnipotence de l’argent, certains cherchent d’autres moyens de se procurer biens et services via les monnaies alternatives. Sortir de la «monoculture monétaire», un geste souvent politique, même si entre les monnaies locales et la cryptomonnaie, la dimension éthique varie fortement (lire «Monnaies locales, cryptomonnaies: peut-on échanger autrement?»).
L’argent se transforme; il est aussi de plus en plus virtuel, aux dépens des pièces et des billets, qui n’ont jamais autant déserté nos portefeuilles. Pour les personnes précaires, âgées ou en situation de handicap mental, cette évolution est lourde de conséquences (lire «Des espèces en voie de disparition»).
Dossier illustré par Simon Boillat