Alors que le Black Friday est tout juste derrière nous et que les fêtes de fin d’année approchent, les entrepôts de livraison, bureaux de poste et points de relais sont en plein coup de feu. Depuis quelques années, les piles de colis s’amoncellent dans des lieux parfois insolites: salle de sport, magasin de lingerie, garage… Malgré la charge de travail et les maigres recettes que représente ce business du colis, ils sont nombreux à y trouver un intérêt, comme une façon de s’adapter à la virtualisation croissante du commerce (lire Service ou servitude? Les commerces de quartier face au boom des relais colis).
Pratique encore marginale il y a dix ans, l’achat de produits en ligne fait désormais partie de nos habitudes. Plus de sept Belges sur dix ont effectué des achats en ligne en 2023. Parmi les adeptes, un peu plus d’urbains que de ruraux, un peu plus de jeunes que de seniors, un peu plus de diplômés du supérieur que du secondaire… Mais pour autant, «on ne peut pas dire qu’il y ait un paramètre qui sorte du lot» (lire Anatomie d’un e-consommateur à la belge).
Dans ce secteur en pleine mutation, en proie aux sirènes du libéralisme et de la concurrence, un acteur résiste: Bpost. Chez le leader de la livraison de colis, les syndicats veillent au grain pour défendre l’emploi, face à des concurrents privés (DPD, DHL, UPS, PostNL…) qui «recourent quasiment systématiquement à la sous-traitance, à des livreurs indépendants qui ne savent souvent pas se défendre et qui travaillent dans des conditions sociales excessivement compliquées» (lire Bpost, un leader sous pression).
Soumis à des conditions de travail précaires et à une cadence infernale, ces livreurs encaissent aussi le stress et parfois la colère de ceux qu’ils gênent avec leur camionnette, souvent garée en double file le temps de la décharger, aux quatre coins de la ville. De plus en plus nombreuses, ces camionnettes génèrent pollution et congestion pour les villes, qui cherchent des solutions (lire La livraison de colis, enjeu politique en devenir).
La quête vers des livraisons plus vertes commence aussi à occuper le champ de la recherche et les entreprises (lire Le mieux est de se faire livrer en point relais et d’aller chercher son colis à pied, à vélo ou en transports). Mais in fine, c’est à nous, consommateurs, qu’il revient d’interroger notre rapport à la consommation. Il n’y aura qu’à pousser la porte d’un point relais, ces prochains jours, pour s’en convaincre…
Dossier illustré par Jérôme Delhez