Pratiquer une activité sportive est un facteur d’intégration sociale et un atout santé. Qui s’en prive se tire une balle dans le pied. C’est du moins comme ça qu’on nous présente souvent les choses: plutôt que de déprimer et d’avoir mal partout, il faudrait se bouger.
Mais, à la vérité, l’accès au sport ne va pas de soi. L’activité physique est socialement distribuée et les personnes les plus favorisées sont aussi celles qui bougent le plus «pour le plaisir». Quand on s’épuise tout le jour dans la manutention ou le secteur du nettoyage, non, on n’a pas toujours envie d’aller courir le soir (lire «Sport sur ordonnance: un dispositif efficace mais qui patine»).
Aujourd’hui, en Wallonie et à Bruxelles, même apprendre à nager est un privilège. Les bassins se meurent et quoique cette compétence soit au programme scolaire jusqu’en 3e secondaire, seuls les enfants dont les parents peuvent payer les cours sont assurés de pouvoir se dépatouiller s’ils tombent un jour à l’eau (lire «Les piscines boivent la tasse»).
Bien sûr, le sport est parfois aussi une bouée de sauvetage. Qui permet de s’extraire de son milieu, de ses problèmes familiaux, de ses déterminismes. Le lieu où l’on peut combattre, apprendre à maîtriser sa force, se dépasser et, pourquoi pas, espérer des lendemains qui chantent (lire «Taper du poing pour trouver sa place»).
Pourtant, des exigences de performance à l’humiliation en règle, il n’y a parfois qu’un pas. Selon une étude menée en 2021 par l’Université d’Anvers, 67% des enfants sportifs ont subi des violences psychologiques et 25% des violences sexuelles. Alter Échos est revenu sur ce sujet avec Pierre-Yves Jeholet (MR), ministre des Sports de la Fédération Wallonie-Bruxelles (lire «Violences sur les jeunes dans le sport: En tant que ministre des Sports, je le dis ‘Faites-le savoir!’»).
Il y a des passions sportives qui vous tombent dessus. Quand c’est le foot et que vous êtes une fille, il faut batailler ferme. Contre les préjugés des parents, des pairs et d’un milieu qui demeure parfois misogyne. Certes, aujourd’hui, l’engouement pour le foot féminin se confirme et des progrès sont réalisés. Mais le football est encore loin d’avoir réalisé son coming-out féministe (lire «Le foot, un monde de femmes?»).
Le sport, c’est parfois aussi l’étrange expérience de l’exercice à la chaîne, façon Basic-Fit. Chacun dans sa bulle, à faire du muscle, pour mieux plaire, se défendre et garder le contrôle. «Vivre, Aimer, Bouger!», encourage l’empire du fitness. Mais vivre comment? Aimer qui? Bouger pour aller où? Telles sont les questions planquées dans le vestiaire (lire «Haltères Échos»).
Dossier illustré par Julien Kremer.